Monaco-Matin

« Anthracite » sur Netflix

Nouvelle création de Netflix, cette série de six épisodes, aux influences de « Fargo » et « Twin Peaks », est portée par un casting inattendu autour de Noémie Schmidt, Hatik, Camille Lou, Jean-Marc Barr et Kad Merad. SÉRIE ORIGINALE ET ADDICTIVE

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr « Anthracite », disponible sur Netflix.

Un mois après « Furies », un ovni à la française, Netflix propose une nouvelle série originale tricolore, « Anthracite », avec six épisodes tournés dans le Vercors, qui mélange plusieurs genres : thriller, comédie et « true crime ». Une production innovante portée par un casting hétéroclit­e : Noémie Schmidt, une jeune actrice suisse branchée sur 10 000 volts vue dans « 3615 Monique » ; Hatik que l’on avait découvert tout en intensité dans la série « Validé » ; mais également une habituée des séries à succès de TF1 en la personne de Camille Lou (« Je te promets », « Les Combattant­es », « La Bazar de la charité ») ; ainsi que deux gros CV du cinéma, Kad Merard et Jean-Marc Barr.

Tout ce petit monde a été mis en scène par le réalisateu­r Julius

Berg (« Un homme d’honneur », « Les Rivières pourpres ») sur une idée folle du duo Fanny Robert-Maxime Berthemy. Fanny Robert, originaire du Vercors, a puisé dans ses souvenirs d’enfance, ainsi que de son appétence pour le « true crime » avec son acolyte Maxime Berthemy, pour se lancer dans cette odyssée montagnard­e qui a comme point de départ le suicide collectif d’une secte dans les années 1990.

30 ans plus tard, le meurtre d’une femme, assassinée selon les rituels de l’étrange communauté met à feu et à sang l’équilibre précaire retrouvé par les habitants et les soupçons se dirigent rapidement vers Jaro (Hatik), un jeune délinquant venu à la montagne pour reprendre sa vie en mains. Sur place, Jaro trouve une aide inattendue en la personne d’Ida (Noémie Schmidt), une geek excentriqu­e et ultra-connectée qui est à la recherche de son père disparu…

Périple en altitude

Le début d’un périple en altitude qui va nous emmener dans une mine mais aussi au coeur d’une secte, dans un laboratoir­e mystérieux, un asile et une commune imaginaire, Lévionna. Une série très visuelle qui porte la touche de son réalisateu­r Julius Berg : « On voulait créer une ville décalée, presque une BD, avec une forme de magnétisme. » Originaire de l’Isère, où la série à été tournée, la créatrice Fanny Robert assume d’emblée ses inspiratio­ns : « ‘‘Twin Peaks’’ et ‘‘Fargo’’. J’ai grandi dans ce coin et j’avais été frappée, jeune, par le suicide collectif de la secte du Temple Solaire, cela m’avait marquée et j’avais ça en tête au moment de me lancer dans l’écriture avec Maxime. »

La série aborde d’autres thèmes que le monde des sectes puisqu’il est question de web sleuthing (rassemblem­ent d’enquêteurs amateurs sur le Net autour d’affaires non résolues) tout en s’intéressan­t à la thématique de la famille, les traumatism­es d’enfance, le travail sur la mémoire et le mensonge. «Ilyaunefor­mede questionne­ment sur le déterminis­me familial, poursuit l’autre créateur Maxime Berthemy. Peuton s’émanciper de ce que nos parents nous ont transmis ? » Visuelleme­nt impeccable, la série dénote par sa capacité à coller au réel, à commencer par le personnage de Hatik. « Je ne voulais pas tomber dans le cliché du mec sombre et ténébreux, et la rencontre avec Ida, qui est une boule d’énergie, amène forcément mon personnage à des réactions intenses, émotives, directes. »

Un duo qui fonctionne

Le duo fonctionne d’ailleurs à merveille. Ida, par son côté cartoonesq­ue, farfelu, loufoque mais crédible, est un fil rouge incroyable. La jeune Suisse a rapidement été séduite par le projet : « Explorer l’univers d’un gourou me fascinait, le côté mystique des sectes aussi. »

Même son de cloche chez Hatik qui a trouvé le projet « ambitieux par ce qu’il raconte. Les personnage­s étaient intéressan­ts, bien construits, chacun avec une forme de complexité. Quand on lit le script en une soirée, c’est souvent bon signe... »

Vieux routard du cinéma, JeanMarc Barr n’a pas non plus été insensible au projet, lui qui campe le père d’Ida dans la série, un journalist­e qui a enquêté sur la secte des Écrins de Caleb Johansson (magnétique Stefano Cassetti) au milieu des années 1990. « Netflix permet de rehausser le niveau global des séries, un autre souffle, ce projet ne ressemble à aucun autre et c’est ce qui me plaisait. »

Une ambition assumée par la créatrice Fanny Robert : « On voulait montrer que l’on était capable, en France, de développer une mythologie propre à notre territoire. Il n’y a pas de raison que l’on se borne à faire du réalisme social uniquement. Lévionna est une ville fictive mais ancrée dans la réalité, on voulait créer un univers autour de cette ville et Julius, par son oeil, le permet. »

Un oeil rétro vintage, jusque dans la bande-son. Julius Berg a également pu compter sur Netflix, cette machine qui « permet de pousser les curseurs au maximum» , conclut le réalisateu­r. Propositio­n authentiqu­e, novatrice et assez addictive, « Anthracite » est ce que l’on appelle une vraie belle surprise.

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(Photo Christine Tamalet/Netflix) Noémie Schmidt et Hatik.

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