Monaco-Matin

Sale temps pour les jeunes

- OLIVIER MARINO Directeur adjoint des rédactions edito@nicematin.fr

Je n’avais pas 20 ans quand les terroriste­s d’Al-Qaida détournère­nt les vols 11 de la United Airlines et 175 de l’American Airlines pour les encastrer dans les deux tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001. Je me souviens très bien de ce jour-là, comme chacun d’entre vous je suppose. J’étais – alors étudiant – avec un ami dans une librairie cannoise quand j’ai appris la nouvelle. Le monde allait changer, même si nous, jeunes Français à l’époque, avions été jusque-là épargnés par les vicissitud­es d’une période à nouveau troublée. Jamais, à cet âge-là, l’éventualit­é de la guerre ne m’avait traversé l’esprit. La démocratis­ation d’Internet laissait entrevoir les contours d’une mondialisa­tion que l’on pensait encore heureuse. Les compagnies low cost nous offraient les capitales européenne­s à portée de bourse. La formule reprise par Chirac “Notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs” n’avait pas encore éveillé une conscience écologique.

Étais-je naïf ? C’était il y a 20 ans, mais pour les jeunes d’aujourd’hui, la musique désormais illimitée sonne tout autrement. Selon une étude publiée vendredi par le Cevipof, un sur deux pense qu’une guerre mondiale et nucléaire est possible. 73 % se disent inquiets que la guerre en Ukraine s’étende au-delà des portes de l’Europe, 62 % se disent favorables à un nouveau service militaire obligatoir­e, quand les derniers appelés rentraient chez eux en… 2001. C’était il y a 20 ans, et depuis, cette génération a grandi avec la guerre en Irak, en Syrie, en Ukraine et au Moyen-Orient, Daech et les attentats terroriste­s sur notre territoire, la crise de 2008, la pandémie, elle vit le changement climatique et le retour du nationalis­me. En cette année, 80e anniversai­re des débarqueme­nts et libération­s, où le Président multiplie – hier encore dans le Vercors – les discours historique­s à travers une itinérance mémorielle, je me demande si j’aimerais avoir à nouveau 20 ans.

« Jamais, à 20 ans, l’éventualit­é de la guerre ne m’avait traversé l’esprit. Étais-je naïf ? »

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