Un pass’ pour l’Histoire !
Face au Toulousain Théo Ticout, également invaincu chez les pros, le Niçois Rakyb Mohamed Radji veut décrocher une ceinture que seule une poignée d’Azuréens, avant lui, ont déjà portée…
Dans le miroir tendu aux âmes, quand on souhaite en saisir toute la beauté, étrangement, ne se reflète qu’une seule et même image. Ces deux-là se ressemblent tellement, c’est une évidence. Malgré les apparences, leurs différences. Dégagent le même magnétisme, la même énergie cosmique…
Deux hommes aux trajectoires quasi-identiques (1), ayant en commun un solide vécu en équipe de France, mais aussi des choix de carrière et une vision du futur qui s’alignent sur le même horizon. Mais, plus encore, ils partagent cette ambition, puissamment ancrée en leur for intérieur, d’aller au plus vite tutoyer les étoiles... À vrai dire, si le destin n’avait choisi d’en faire des rivaux, c’eut été de diaboliques jumeaux aux yeux du Noble art…
Beaucoup de respect, également, se devine entre Rakyb Mohamed Radji et Théo Ticout, deux jeunes (25 et 23 ans) boxeurs que les bonnes fées, à la naissance, ont doté d’un talent rare. Et qui ont déjà eu, à deux reprises (alors qu’ils militaient chez les amateurs), l’occasion de s’affronter sur un ring. « La première, c’était en championnat de France et j’avais gagné, se souvient le protégé de « Doudou » Joubij, son coach et homme de coin. La seconde, c’était à Villeneuve-Loubet, il y a eu nul, mais franchement, la décision aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre… »
Pas encore de pression
Hier, au Palais de l’Europe de Menton, à l’occasion d’une conférence de presse à laquelle s’est « invité » un ancien crack de la caté (il a notamment participé aux JO d’Athènes et compte 11 victoires en 14 apparitions chez les pros), Redouane Asloum (le frère de Brahim), mais aussi l’icône cathodique de toute une génération biberonnée à coups d’uppercuts devant leurs petits écrans, Jean-Philippe Lustyk (pendant 3 jours, il est à Beausoleil pour animer le Festival du cinéma sportif), les esprits étaient encore légers. Ça badinait plus que ça ne voulait faire trembler les murs, à coups de provocs ou de déclarations trash…
À dix jours d’un combat qui, potentiellement, peut leur ouvrir tous les champs du possible, stress et pression étaient donc restés aux vestiaires. « Ce n’est pas, de toute façon, dans ma nature que d’être tendu, rigole le « Renard » de l’Ariane. Un jour, chez les amateurs, un médecin a même voulu me stopper parce qu’une heure avant de monter sur le ring, ma tension, selon lui, était anormalement basse (rires)…»
Pour autant, le garçon a bien conscience que ce samedi 27 avril, il a rendez-vous avec l’Histoire. Est appelé, longtemps après les Stéphane Canclaux et autres Fabien Guillerme, à en écrire un nouveau chapitre. « Cette ceinture, effectivement,
peut m’ouvrir tellement de portes… »
Alors, malgré une préparation qu’il a fallu adapter, en raison du ramadan, il se dit prêt. Prêt à reprendre toute sa place au coeur de l’arène. Mais veut n’avoir à compter que sur ses forces. « L’idée, ce sera d’imposer ma boxe. Il y aura évidemment un ou deux rounds d’observation, mais après, je compte bien l’emmener visiter une autre planète… »
Seule inconnue, mais qui ne l’empêche pas de dormir : la gestion
- physique - d’un 10 rounds. Sachant que la problématique est la même du côté de son adversaire, pas plus habitué que lui à boxer sur une telle distance. Un Théo Ticout apparu, cependant, tout aussi serein, confiant. « J’ai hâte d’y être. C’est un tremplin idéal. Alors s’il faut que j’aille à la castagne pour décrocher ce titre, j’irai sans problème… » Voilà le combat déjà bien lancé…
PHILIPPE HERBET 1. Rakyb Mohamed Radji etThéoTicout sont tous deux invaincus chez les pros, après 5 combats pour le premier, trois pour le second.