« Ce n’est pas simple de se battre de la sorte »
Yvan Cassar, parrain de la Fondation Flavien qui lutte contre les cancers pédiatriques et ancien directeur musical de Johnny Hallyday, va diriger son 6e concert « Pouce la vie » mardi. Rencontre.
Àl’occasion des 10 ans de la Fondation Flavien, Yvan Cassar, parrain historique de l’association, revient une année de plus en Principauté pour la sixième édition de « Pouce la vie », qui aura lieu mardi 23 avril à 20 h. Pour Monaco-Matin, le pianiste et ancien directeur musical de Johnny Hallyday pendant 20 ans détaille les aspects d’un concert plus exceptionnel que jamais, revient avec émotion sur la genèse de son engagement et se livre quant à ses futurs projets.
En tant que parrain historique de la Fondation Flavien, pouvezvous revenir sur vos liens avec l’association ?
Depuis 2018, je donne des concerts pour la Fondation. Ça va être ma sixième année, ça commence à faire... Tout d’abord, mon lien avec la Fondation commence par mon lien avec la Principauté. J’ai fait pas mal de choses avec l’orchestre de Monaco, et qui dit orchestre de Monaco dit ma rencontre avec Frédéric Vitteaud, qui est le régisseur général de l’orchestre et qui s’occupe historiquement d’organiser « Pouce la vie » avec son groupe Call me Winston. Frédéric m’a parlé du combat de Denis Maccario [le président de la Fondation, NDLR] et je l’ai trouvé remarquable et courageux. Ce n’est jamais simple de se battre de la sorte. Ce qu’a vécu cet homme (*), il l’a transformé en une force positive. C’est admirable. On ne peut pas ne pas être touché par ça. Du coup, je lui ai dit qu’il pouvait compter sur moi, d’abord sur une année, et puis ça a apporté tellement de bonheur... ils ne peuvent plus se débarrasser de moi maintenant [Rires].
C’est donc ému par son récit que vous avez décidé de vous impliquer à votre tour auprès de Denis ?
Évidemment et je trouve que d’accueillir ces gens qui ont cette générosité, qui tournent une histoire difficile en positif, pour tout le monde, ça amène du bien. Évidemment, quand on parle d’enfant, c’est une lapalissade de dire que ce qu’on fait est formidable. Sur le cancer pédiatrique, finalement, on connaît beaucoup de choses, mais ce rapport de la maladie à l’enfance, on ne peut pas l’imaginer. On connaît tous des proches touchés par le cancer, mais chez les plus jeunes, c’est encore plus terrible. A un âge ou ce n’est pas admissible. Ce combat est assez extraordinaire, et j’ai été le premier étonné car avant d’y prendre part, je ne mesurais pas à quel point la Fondation avait besoin de soutien. C’est Denis qui m’a ouvert à son combat et j’ai vraiment eu envie de l’aider.
L’engagement est quelque chose que vous estimez inhérent à la vie d’artiste ?
Oui car on est musicien, on a une chance extraordinaire, celle de vivre hors du monde. Si on peut un peu aider de temps en temps pour une cause juste, ça me semble extrêmement naturel. Tous les jours, on fait notre métier en ayant un bonheur en nous. C’est beaucoup d’exigence mais on a cette opportunité de se produire devant des gens heureux d’être là, pour écouter et regarder. Je suis heureux de me rendre à Monaco pour cette formidable cause, mais aussi pour y faire un beau concert avec des musiciens que j’apprécie, et pour que les gens, qui viennent faire une bonne action aussi, sortent avec des étoiles plein les yeux. Et si ça peut appuyer le combat de Denis, on est d’autant plus heureux. Notre art, on le fait aussi pour ça.
Ressentezvous une énergie particulière à l’approche ou durant les concerts « Pouce la vie » de la Fondation ?
De par ma fonction de parrain historique, j’ai ce plaisir à anticiper les choses, à réunir les gens, à établir un programme, à se demander comment on peut surprendre ceux qui sont déjà venus... Ça fait partie du plaisir de se projeter dans la date et dans le concert. Puis il y aura un petit côté soir de fête le 23 avril, ne nous le cachons pas. La Fondation fête ses 10 ans. C’est un bel âge et un anniversaire c’est toujours spécial, ça pérennise un combat.
L’an dernier, la cinquième édition de « Pouce la vie » s’est déroulée au Théâtre des Variétés, cette année, la sixième édition prendra place à l’Auditorium Rainier-III, pourquoi ce changement ?
Il nous est déjà arrivé de produire ce concert à l’Auditorium. On partage avec le Théâtre des
Variétés. L’Auditorium, c’est une très jolie salle, polyvalente, où on a tous les moyens sur place, c’est très équipé. On peut faire de la musique classique, de la musique plus moderne... il y a une très belle acoustique. Finalement à l’Auditorium, on est un peu à la maison. Même si on était très bien aussi au Théâtre des Variétés, on voulait imposer un cadre d’excellence pour ce concert anniversaire.
Musicalement, à quoi doit-on s’attendre pour l’évènement de mardi ?
Il y aura Julie Sevilla-Fraysse, qui est une violoncelliste soliste, qui commence à faire une très belle carrière à l’international et qui jouera de la musique classique ou de la musique de film comme celles d’Ennio Morricone. De mon côté, je l’accompagnerai au piano. Il y aura aussi Greg Zlap qui était déjà là en 2021. Il sera avec le groupe Call me Winston pour jouer du blues et du Tarantino, pour les 30 ans de Pulp Fiction. Il fera également son solo mythique de 10 minutes d’harmonica sur Gabrielle de Johnny. On aura également Joël Chausse qui est le trompettiste de la région. Il a joué avec Michel Legrand, Sting... et arrive, d’une manière unique en France, à aller dans les aigus et suraigus dans son jeu de trompette. Et à l’occasion des 20 ans de la disparition de Claude Nougaro, il jouera notamment Armstrong en soliste. On souhaite que tous les solistes soient là avec leurs moments spéciaux, avec ce qu’ils font de mieux, pour proposer une soirée variée. On vient pour passer un moment hors du temps pendant 1 h 30.
Le changement notable de cette édition, c’est finalement la réunion de tous ces artistes ?
Exactement. Je ne pouvais pas mieux dire. On mélange toutes les personnes qui ont été importantes, qui sont concernées par la Fondation. On reste tous ensemble pour porter les gens. Puis les 10 ans nous ont poussés à se dire : « C’est la fête pour l’association, pour nous, pour tout le monde ».
Vous avez évoqué Gabrielle de Johnny qui sera joué à l’harmonica, va-t-on retrouver des compositions de votre récent « Johnny symphonique tour » ?
Non. Gabrielle, c’est la petite exception car le solo est tellement iconique... Ça va être un joli moment et un petit clin d’oeil à Johnny, car il fait partie de ma vie pour toujours. Mais le 23 avril, le spectacle ne tournera pas autour de Johnny.
Comment est née d’ailleurs cette idée du « Johnny symphonique tour » ?
On est bientôt au bout de la tournée. La dernière date sera le 25 avril à la Seine Musicale à Paris. En 2019, des membres d’Universal Music m’ont demandé d’aller au bout du travail que j’avais fait avec lui pendant 20 ans. En 1998, lors de mon premier spectacle avec lui au Stade de France, on a mis six chansons avec orchestre au programme au milieu du spectacle et avec 500 choristes. Ce qui n’avait jamais été fait. On voulait aller au bout de la démarche en retrouvant des voix inédites, en dénichant des petites merveilles, et ça a rencontré un écho dingue. On a vendu 600 000 albums, les fans étaient emballés, ça m’a poussé, j’avais laissé des sons de côté et j’ai décidé de lancer un « Johnny acte II ». Et j’ai décidé de faire une tournée pour fêter tout ça. On a fait 20 concerts à travers la France, avec un orchestre, un choeur... Il a fallu bâtir un spectacle où l’on retrouve la voix de Johnny, les percussions, la guitare, 200 m2 d’écrans où on le voit chanter comme un héros de cinéma pendant deux heures. Cette tournée, on l’a commencée en 2023 à cause du Covid, et on l’a relancée une nouvelle fois en mars de cette année. Cette aventure extraordinaire de 5 ans restera inoubliable, mais elle touche à sa fin, c’est la dernière, je ferme le chapitre.
Après « Pouce la vie » numéro 6 et la dernière représentation du « Johnny symphonique tour », quels seront vos projets ?
Il est temps aussi que je m’occupe un peu de moi. J’ai cette facilité à m’oublier pour tous ces artistes que j’aime tant et avec lesquels j’ai tant de chance de travailler. Je finis un album de piano qui sortira en fin d’année et je pense à d’autres spectacles symphoniques car j’aime ça et le rapport avec le public a été tellement extraordinaire qu’il faut continuer. J’ai pas mal de choses dans ma tête.
“Notre art, on le fait aussi pour ça”
Un moment hors du temps pendant 1 h 30”
* La Fondation Flavien est une association de lutte contre les cancers pédiatriques, créée par Denis Maccario en 2014, après le décès de son fils Flavien d’un cancer métastasé du cerveau à l’âge de 8 ans. ■ Réservations : au +377.92.00.13.70, à l’Atrium du Casino de Monte-Carlo, via www.montecarloticket.com/0526/fChoixSeance.a spx?idstructure=0526&EventId=1231 ou directement sur place. Placement libre.