Monaco-Matin

Du sursis pour avoir utilisé la carte bancaire d’autrui

Le 15 février, avec le sans contact d’une carte bancaire ne lui appartenan­t pas, un Niçois avait dépensé pour plus de 1 700 dans des magasins à Monaco. Ses explicatio­ns n’ont pas convaincu les juges.

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Àla barre du tribunal correction­nel, le jeune colosse n’en mène pas large face aux trois magistrats. Ce Niçois de 20 ans, ancien espoir judoka et désormais veilleur de nuit dans un hôtel azuréen, écoute le président Florestan Bellinzona retracer la journée du 15 février, au terme de laquelle il a été interpellé par les policiers de la Sûreté publique, les bras chargés de sacs sur le quai de la gare SNCF. Avant cela, grâce au paiement sans contact d’une carte bancaire premium ne lui appartenan­t pas, il avait dépensé pour plus de 1700 dans divers magasins du pays, principale­ment des airpods destinés à la revente. Une fièvre acheteuse stoppée par la vigilance du personnel du magasin Louis Vuitton. « Ils ont prévenu la police d’une tentative de paiement étonnante. Un monsieur, ne faisant pas partie de la clientèle habituelle, a tenté en vain de payer un porte-cartes. Et quand on a lui demandé de taper le code, celui-ci a dit ne pas s’en souvenir puis est parti, explique le président. D’où venait cette carte ?»

« J’aurais dû la ramener à la police ou la jeter »

D’une voix difficilem­ent audible, le prévenu certifie l’avoir trouvé courant janvier à Dubaï, lors d’un bref séjour financé par son père pour s’extirper d’une situation profession­nelle délicate. Des déclaratio­ns qui n’ont pas pu être vérifiées factuellem­ent durant l’enquête. « J’aurais dû ramener la carte bancaire à la police ou la jeter mais je voulais retrouver la personne. Je n’ai pas réussi. Je me rends compte de mon erreur », concède-t-il, penaud. En quelques clics sur les réseaux sociaux, le substitut du procureur Julien Pronier met à mal la prétendue bonne foi du prévenu en retrouvant la trace de la propriétai­re de la carte bancaire, une Pakistanai­se qui

n’avait donc pas encore fait opposition pour bloquer ses comptes. L’un des assesseurs, Thierry Deschanels, nd s’interroge même sur la

provenance de la carte. « Vous ne l’avez pas acheté sur le Dark web ? », questionne-t-il. Le prévenu répond par la négative. « Pourquoi avoir dépensé plus de 1700 », rebondit le président du tribunal. « Je comptais vendre ces produits pour payer mes deux mois de loyer avant de trouver un travail. C’était ma seule voie de secours », bredouille le jeune homme.

« Vous avez choisi la voie de la facilité »

« Je suis choqué que l’on vienne ici en invoquant des difficulté­s personnell­es liées au loyer sans se soucier une seconde que cette carte est la propriété d’autrui, déclare Julien Pronier pour le ministère public. Ce n’est pas à un tiers de payer nos propres dettes alors que d’autres solutions existaient. Au lieu de faire des efforts pour trouver un travail, vous avez choisi la voie de la facilité : prendre à autrui le fruit de son propre travail. » Il requiert 3 mois de prison avec sursis. Le tribunal a suivi ses réquisitio­ns et y a ajouté 1 500 euros d’amende.

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(Illustrati­on Jean-François Ottonello) Grâce au sans contact, le prévenu avait utilisé la carte d’autrui dans divers magasins à Monaco.

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