Monaco-Matin

Olivia Ruiz L’INDOMPTABL­E

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D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Olivia Ruiz a toujours eu un penchant à la désobéissa­nce. Et ce n’est pas aujourd’hui, à 44 ans, que son état d’esprit va changer.

« Je suis de celles / qui nagent à contre-courant/ qui refusent le sens du vent / qui refusent d’être la réplique de la réplique de la réplique/ Celle, que personne ne peut attraper ni tenter d’emprisonne­r », clame-telle dans le refrain de « La Réplique », premier single du même nom que son sixième album studio (13 titres chez Glory Box, nouveau label de Wagram où elle a signé après avoir quitté Universal). « Dans ma carrière, je ne me suis jamais laissé imposer beaucoup de choses » ,appuie Olivia Ruiz au téléphone. « Quand je regarde ma discograph­ie, je me dis que je suis allée là où je voulais, à ce momentlà. De nombreuses fois, mes collaborat­eurs ont remis certaines choses en doute. C’était positif quelque part, parce que ça m’a permis de savoir ce dont j’avais envie et de l’affirmer. Heureuseme­nt, sinon un titre comme ‘‘La Femme Chocolat’’ ne serait pas sorti. Même chose pour ‘‘Abuelo’’, sur cet album. »

La force des déracinés

« Abuelo », c’est une piste fleuve de six

De retour avec « La Réplique », elle s’affranchit de tous les formatages et propose un nouvel album où les sonorités électroniq­ues et latines s’invitent. La chanteuse, également devenue romancière à succès, fera une halte par SainteMaxi­me cet été, dans le cadre de sa tournée. Avant un crochet par Marseille, durant l’automne.

minutes, où la chanteuse, co-compositri­ce de son dernier disque, invite son frère, Toan, et son père, Didier Blanc. En famille, elle salue la mémoire de son grand-père maternel. Disparu en 2020, à l’âge de 97 ans, il avait fui son Espagne natale durant la guerre civile.

« J’ai écrit cette chanson pour montrer qu’on peut avoir un joli destin, même quand on démarre en faisant face à de l’hostilité, avec rien dans les mains, rien dans les poches. Il suffit d’une passion, d’un lien social, pour créer une belle histoire. Pour mon grand-père, c’était le rugby, la pétanque, le café familial qu’il tenait. »

Le 16 mai prochain, dans ce départemen­t de l’Aude où elle a passé son enfance, Olivia Ruiz fera partie des relayeurs de la flamme olympique. Si le sport n’est pas forcément son dada, elle, la petite fille d’immigrés, y voit un symbole fort. « À une époque où le Rassemblem­ent national ne cesse de monter dans les sondages, on a envie de rappeler que cette France, elle est constituée de toutes ces personnes qui sont venues l’enrichir », glisse celle qui trouve qu’entendre Aya Nakamura reprendre du Édith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris serait « une bonne idée ».

Langues mêlées et aventures sonores

Sur « La Réplique », il y a des témoignage­s d’amour. Comme sur « Le Sel », pour Nino, son fils de huit ans. Quand le coeur parle, les mots en espagnol et en français se mêlent. « Je n’ai pas vraiment analysé pourquoi j’utilise une langue plutôt qu’une autre nd pour dire certaines choses. J’ai l’impression que c’est la musique qui le demande, ça se fait de manière naturelle. » Pas de ping-pong linguistiq­ue sur « La Pachamama » (la « Terre mère » pour les SudAmérica­ins), le titre entièremen­t en espagnol avec lequel Olivia Ruiz lance ses shows depuis le début de sa tournée (lire ci-contre). La native de Carcassonn­e y adopte un phrasé presque trap, sur un beat rugueux. « Cela collait bien avec ce côté catastroph­ique, il fallait des sonorités qui évoquent autant un tremblemen­t de terre ou une sirène qui annonce un état d’alerte », image-t-elle. Ailleurs, on distingue des sonorités reggaeton, de la cumbia. À force d’écouter de jeunes artistes à la palette hybride comme Noga Erez, Rosalía, Karol G ou Baby Volcano, Olivia Ruiz leur a emboîté le pas avec une envie claire : « Donner envie de rouler des fesses et de balancer le bassin. » JIMMY BOURSICOT

jboursicot@nicematin.fr

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(Photo Charlotte Abramoow)

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