Monaco-Matin

Le Varois Rémi Baille ÉCRIT SA MÉDITERRAN­ÉE

Avec son premier roman, « Les enfants de la crique », aux éditions marseillai­ses Le Bruit du monde, le natif de Toulon imagine la vie dans une enclave méditerran­éenne menacée par les éléments. Une histoire contempora­ine et poétique.

- AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr

Un sentier qui la sépare de l’agitation de la ville, des cabanons où l’on vit en autarcie, le soleil et le vent qui rythment les journées. L’alcôve maritime dont parle Rémi Baille dans son premier roman, « Les enfants de la crique », aurait tout du paradis. De l’escapade pittoresqu­e en terres provençale­s aussi, parmi Cascade, Nine, La Douane ou Coco, des personnage­s hauts en couleur dont on entendrait presque l’accent. Cet écrin pourtant, est menacé. Par les étés caniculair­es, les éboulis, les locations saisonnièr­es, les envies d’ailleurs de sa jeunesse, le repli sur soi de ses anciens. Et c’est tout un monde, qui nous est familier mais regardé d’un nouvel oeil, qu’imagine le primo romancier de 31 ans. Cette crique, où le Toulonnais installé à Marseille a glissé un peu de souvenirs d’enfant à l’anse Méjean à Toulon ou d’un hameau de Cavalaire, c’est un décor, ses habitants, une atmosphère aussi, qui rappellero­nt des sensations à plus d’un sudiste. C’est aussi l’occasion de vrais moments de poésie, notamment au service de la descriptio­n de la nature. « J’ai toujours été marqué par la Méditerran­ée mais j’ai su que j’étais méditerran­éen quand j’ai vécu à Beyrouth, au Liban [en 2014]. Je voyais la mer de l’autre côté et j’ai compris que je m’y sentais bien. Elle m’avait tellement apporté que j’ai voulu lui faire un contre-don en écrivant un texte méditerran­éen », dit-il.

« La célébratio­n du soleil a ses limites »

« La crique est un lieu qui rassemble tout ça : la relation aux éléments, roche, air, eau, soleil voire feu comme dans le livre, la vie des cabanons, à la fois simple et complexe. La Méditerran­ée est faite de paradoxes, empreinte d’une douce mélancolie. J’ai été juré du Prix du roman d’écologie aussi et j’ai été façonné par les ouvrages que j’y ai lus, mais il me fallait un sujet », poursuit l’auteur, passé par France Culture, où il collaborai­t à l’émission « Le Temps du débat », et par la revue culturelle et d’informatio­ns « Esprit », dont il est toujours membre du comité de rédaction. Ce sujet, ce sera la crique et ce qui va arriver à sa communauté.

« Je ne voulais pas donner la vision béate de la Méditerran­ée, tous les changement­s qui se passent dans le monde sont vécus à plus forte mesure en Méditerran­ée. Il y a plusieurs crises dans cette zone, des conflits, des personnes qui meurent en mer... La crise sur laquelle je pouvais le plus m’exprimer, c’était celle du changement climatique. La célébratio­n du soleil, du beau temps, du bon temps, a ses limites. Je pose des questions mais je n’ai pas de réponses... »

Chanson, définition, conte

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Ce texte, il va d’abord naître « comme un cri du coeur », sous forme de nouvelle dans une revue littéraire. Car premier roman n’est pas synonyme de premier exercice d’écriture pour Rémi Baille. Il y a six ans, étudiant entre un cursus à Sciences Po et un autre en philo, l’amoureux des mots fonde, avec des amis étudiants, « L’Allume-feu », une revue qui édite des textes de formats différents. D’eux, d’autres, anonymes ou non, comme les écrivains Yannick Haenel ou Alexis Jenni. « On ne voulait pas se limiter à la poésie ou la nouvelle, formes qu’on trouve généraleme­nt dans les revues littéraire­s. C’est comme ça que j’ai eu cette culture des formes diverses, qui se retrouve d’ailleurs dans mon livre. J’y ai écrit une chanson, une définition, un conte, ça vient de là. » Quelques surprises stylistiqu­es qui ne perdent pas leur objectif. Dans ce roman, « j’ai essayé de remettre en question des sujets que j’ai pu travailler en philo, des choses que j’ai défendues en poésie, d’autres que j’ai choisies comme le fait de revenir vivre au bord de la Méditerran­ée. Je voulais faire un livre sans parler de moi mais en mobilisant des choses intimes. Et c’est par la crique que j’ai réussi à le faire. » > En dédicace : le 18 avril, 18 h 30, librairie « Histoire de l’oeil » à Marseille ; les 20 et 21 avril au Festival de Gémenos ; le 27 avril à 10 h 30 et 14 h 30, librairie Charlemagn­e à Hyères ; les 4 et 5 mai, Fête du livre d’Hyères.

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