Mirwais : « TAXI-GIRL, C’ÉTAIT LE CHAOS TOTAL »
Dans un livre sur son 1er groupe, Mirwais capture l’essence de l’époque post-punk puis les débuts d’une spirale descendante dont lui seul se relèvera.
En signant « Taxi-Girl 19781981 » sorti le 21 mars (éditions Séguier), Mirwais, par ailleurs grand amoureux de Nice, déballe sur la table les tripes sanguinolentes de son premier groupe, des années de « chaos total », tout en plantant les germes de son futur avec Madonna dont il composera et produira le retour au premier plan en 2000 avec « Music ».
Vous esquissez des épisodes très attendus comme la liaison de Laurent Sinclair et Joëlle Aubron (future Action directe), Daniel Darc qui se tranche les veines sur scène, les ‘‘branchés’’ du Palace, votre tube ‘‘Cherchez le garçon’’, etc. tout en fuyant leur ‘‘exploitation sensationnaliste’’. Était-ce un impératif ?
Oui. L’histoire de Joëlle Aubron avec Laurent fut brève, donc inutile d’en faire des tonnes.
Daniel comme je l’écris ne s’ouvrit pas les veines en première partie des Talking Heads mais trancha à côté, ce qui n’empêche pas que la scène impressionnât et qu’un flot de sang jaillit… Quant à ‘‘Cherchez le garçon’’, Daniel y parlait en fait à mots masqués de son ambivalence sexuelle… C’était clairement une chanson queer !
Daniel avouait volontiers qu’il était ‘‘con’’. Vous le décrivez comme ‘‘sournois’’…
Je ne m’en cache pas, Daniel était un manipulateur qui a su créer autour de lui une bande de personnes qui le vénéraient. Il était aussi mythomane, réinventait sans cesse l’histoire du groupe, l’a quitté à deux reprises et puis est revenu quand ça remarchait… Quand je lis les bios sur lui, on est très très très loin du personnage. Ce qui m’intéresse dans ce genre de ‘‘littérature’’ c’est la densité psychanalytique d’une personne, et Daniel était un sacré client ! (rires)
Le batteur de Taxi-Girl, Pierre Wolfsohn, est celui qui déguste le plus dans le livre. Faut-il voir un règlement de comptes postmortem ?
Je l’ai beaucoup aimé mais il s’est transformé en démon. Il nous a tous initiés à l’héroïne que pour ma part j’ai lâchée très vite… Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi obsédé par la drogue… Elle en a fait un zombie (il est décédé par overdose d’héroïne à 20 ans, Ndlr). Il a quand même tenté de me rouvrir ma cicatrice de l’appendicite !
Tous les membres du ‘‘premier’’ Taxi-Girl sont morts sauf vous. Qu’est devenu Stéphane le
nd bassiste originel viré ?
Il est encore parmi nous. Je dis souvent sous forme de boutade que c’est le seul qui a réellement réussi sa vie puisqu’il est astrophysicien ! Pas de bol qu’il ait été viré si vite car avec lui, nous faisions contrepoids face aux trois autres qui se camaient non-stop. Mais il était tellement pédant et grande gueule ! (rires) Et puis de toute façon il était trop branché King Crimson et rock progressif pour nous ! (re-rires)
L’aventure de votre groupe suivant, Juliette & les Indépendants, sera-t-elle d’un prochain tome ?
J’aimerais car ce serait très intéressant d’en parler, mais rien de sûr car j’ai vécu avec Juliette (Desurmont, Ndlr) et nous avons eu des enfants. Je n’aime pas trop mélanger les choses… Le tome 2 est en cours d’écriture et traitera de la période 1982-1986. Le tome 3 abordera ‘‘la vie d’après’’ avec notamment Madonna. C’est une période très importante dans ma vie et réciproquement puisque je suis celui qui a le plus composé pour elle, dont encore neuf chansons pour son dernier album Madame X. Une fois de plus, ce sera une vision intérieure avec une approche sociologique du show-biz dont j’ai le privilège d’être à la fois l’un des observateurs et des acteurs.