« Garçons manqués » de James
Dans un monde qui demeure très genré et un peu dérangé, Malcolm n’est pas jugé assez masculin pour un garçon, tandis que « Charlie » (oui bon, Charlotte, mais ne le répétez pas !) n’est pour sa part pas assez féminine pour une fille…
Les deux enfants répondent donc allégrement (et sans complexe, ils ont le bon goût d’assumer ça sans sourciller) aux critères abscons (et bien cons, osons-le) du « garçon manqué ».
Or, les aléas de la vie et des familles recomposées les amènent à partager le même toit, tandis que le père de l’une file le parfait amour avec la mère de l’autre. Le cadre est posé. Place alors au talent d’humour absurde, malin et sensible que l’on connaît à James (Amour, passion et CX diesel, Dans mon openspace, La vérité nue…).
L’auteur, résidant à Antibes, tire le meilleur parti d’un choix audacieux et payant : celui des strips à la Peanuts.
En six cases, Charlie et Malcolm font pleuvoir une ironie bienvenue et tendre sur de nombreuses thématiques qui agitent notre société contemporaine : le genre, évidemment, mais aussi la parentalité, l’équilibre entre convictions et compromissions, l’écologie, la guerre, la mondialisation, etc. Le tout à hauteur d’une rafraîchissante candeur enfantine… faussement naïve, et véritablement mordante. Là encore, difficile de ne pas y voir un héritage - heureux, mais pas pesant - des maîtres du genre que sont Charlie Brown, Mafalda ou autre Calvin & Hobbes. Avec délicatesse et clairvoyance, entre ironie grinçante et humour et tendre, James tape donc juste, et l’on espère que cette première oeuvre réussie sur ces garçons manqués en appelle de nombreuses autres !