Au coeur de la tradition
A minima, 1200 spectateurs sont attendus le 11 mai prochain à la salle Leyrit, pour un gala exclusivement dédié à une pratique ancestrale, également connue sous le nom de muay thaï.
Plongée dans un univers aux rebords ourlés de mysticisme. Où un voile de mystère, pour le profane, semble envelopper une discipline née il y a pourtant des siècles de cela. Qui puise ses origines dans des pratiques martiales ancestrales, notamment dans le muay boran (boxe traditionnelle) et le krabi krabong (pratique avec les armes), tous deux issus du kung-fu chinois.
Le muay thaï (ou boxe thaïlandaise), souvent présenté comme « L’art des huit membres », c’est d’abord la tradition. Qu’il prolonge et met en scène, avec ses propres codes visuels et des rituels qui, parfois, renvoient au sacré. Les boxeurs (ou nak muays), avant chaque combat, exprimant tout autant, dans l’exécution du wai khru - ram muay leur respect et leur gratitude envers le khru (enseignant, Maître), que ce besoin presqu’inconscient de confier leur destin à une céleste autorité. Plus qu’un sport, donc, presqu’un mode de vie, une philosophie, dont les grandes lignes se trouvent résumées dans un code d’honneur, s’articulant lui-même autour de cinq piliers : respect, confiance en soi, discipline, humilité et persévérance.
Depuis le début du XXe siècle, l’enseignement du muay thaï a largement dépassé les frontières de l’Asie du SudEst, son berceau originel. Gagné une popularité qui a trouvé écho jusqu’en France, même si l’émergence - plutôt récente - du K1 et plus encore du MMA, l’ont un peu éloigné des projecteurs médiatiques. Au point, du reste, que plus aucun gala exclusivement dédié à la boxe thaï n’a, depuis bien longtemps, été organisé à Nice…
Le Niçois Maxime Ferrer en main-event
C’est donc pour effacer ce qui leur semble être une « anomalie », signifier leur refus de n’avoir qu’un strapontin à occuper dans le monde du pieds-poings, que Camille Aoun et son binôme du Five Stars Boxing, Jonathan Jeannot, ont oeuvré à mettre sur pied une soirée aux effluves déjà envoûtants. Avec la première édition du Nakmuay Grand Prix, programmée le samedi
11 mai à la salle Leyrit. «On va proposer quelque chose de très atypique, promettentils déjà. Ce qui fait la beauté de la boxe thaïlandaise en compétition, c’est d’abord l’ambiance et l’environnement qu’il y a autour. On a donc beaucoup axé sur le côté tradition, la dimension symbolique… »
Danses rituelles et sarama
(3) vont donc rythmer la soirée. En donner la couleur.
Afin de plus encore imprimer les esprits.
Si, au total, onze combats seront à l’affiche, en mainevent (ceinture en jeu), l’expérimenté Maxime Ferrer sera opposé, chez les pros, à l’Italien Oualid Rakii. «Il n’est pas loin de totaliser 50 combats, ce qui est énorme, retrace Camille Aoun. C’est quelqu’un de très gentil, de bienveillant et de respectueux dans la vie, mais sur un ring, c’est un guerrier incroyable. On sait qu’il va tout donner et faire le spectacle. En plus, il a l’expérience nécessaire pour affronter ce genre d’adversaire. »
Le pitch est accrocheur, et la communauté semble déjà mobilisée, à l’approche d’un événement qui devrait attirer près de 1200 fans et curieux. Tous déjà impatients d’assister à cet incroyable retour vers le futur…
PHILIPPE HERBET
1. Les combattants de muay thaï sont traditionnellement équipés d’un mongkon (bandeau qui se porte autour de la tête et qui apporte gloire et protection au guerrier) et de prajeets (portés en ceinture autour des biceps lors des combats pour donner de la force et de la vigueur à son porteur et éloigner le danger).
2. Rituels de danse, où les élèves rendent hommage aux enseignants, et offrent un signe de respect envers Dieu et envers l’homme. Sert aussi d’échauffement, dans sa seconde partie (ram muay).
3. La musique qui accompagne les combats, originaire de la cour royale de Thaïlande.