Monaco-Matin

Festival de Ramatuelle 40 ANS D’ANECDOTES

Lancé en 1985 à l’initiative de Jacqueline Franjou et Jean-Claude Brialy, le Festival de Ramatuelle célèbre sa 40e édition au mois d’août. Avec son lot d’anecdotes.

- FABRICE MICHELIER fmichelier@nicematin.fr

J’ai l’impression que c’était hier. Je suis étonnée que nous soyons toujours là ». Quarante ans après la première édition du Festival de Ramatuelle, Jaqueline Franjou, la fondatrice de l’événement, savoure. « Au départ, on se disait que durer un an, ce serait déjà bien », sourit-elle. Alors élue au conseil municipal, Jacqueline Franjou souhaite organiser un événement culturel sur la commune du golfe. « Gérard Philippe étant enterré à Ramatuelle, je me suis dit qu’on pouvait peut-être parler culture. Je rencontre alors Jean-Claude Brialy. Notre premier contact est d’ailleurs par téléphone, il cherchait une petite maison dans le coin. On finit par se voir à Paris, on déjeune. Et je lui propose de faire un festival. Il me demande : “vous avez un théâtre ? Non, rien. De l’argent ? non. Alors vous êtes folle, mais je vous suis” », rembobine-telle.

« Le théâtre a toujours été là, il fallait le trouver »

Il faut alors partir en quête d’un terrain susceptibl­e d’accueillir un théâtre. Tous les recoins sont explorés jusqu’au coup de coeur. « On écarte les branches d’un figuier, on voit des restanques. On s’est dit que c’était là. On a regardé s’il s’agissait d’un terrain communal et c’était parti. Ils ont fait péter la colline. Juliette Gréco disait : “le théâtre a toujours été là, il fallait juste le trouver” ». Une fois le chantier du théâtre de Verdure lancé, il convient alors d’établir la programmat­ion de la première édition. Pour cela, il faut un financemen­t. Après quelques apports locaux, vient un coup de pouce de Gaston Defferre, alors maire de Marseille et ministre sous le gouverneme­nt Fabius. « Il a appelé tous les ministres de l’époque en disant “il faut faire quelque chose pour Ramatuelle”.

Au final, je me suis retrouvée avec une enveloppe de ce qui représente 40 000 euros aujourd’hui. » Avec JeanClaude Brialy, ils se mettent alors en quête d’artistes qui ont connu ou joué avec Gérard Philippe. Les réponses sont toutes positives et la grille se remplit. « Marie-Paule Belle ouvrait le festival. Mais la dalle n’était pas encore sèche. Le piano était posé sur des briques. Les loges étaient dans des Algeco. Mais cette première fut magnifique, on avait aussi “Gigi”, avec Danielle Darrieux, Marie-Sophie

Pochat et Suzanne Flon.

C’était un événement extraordin­aire. Sur cette première année, il y a aussi eu Juliette Gréco, Francis Perrin… Les 700 places étaient remplies chaque soir. »

Boujenah et la transmissi­on Brialy

Les artistes sont ravis, sous le charme des lieux. Ils se pressent d’année en année pour revenir. La réputation de Ramatuelle prend de l’ampleur. Aujourd’hui encore, Jacqueline Franjou présente cette aventure comme celle d’une grande famille. Cependant, cela aurait pu prendre fin en 2007 avec la disparitio­n de Jean-Claude Brialy, directeur artistique depuis 23 ans. « Je voulais arrêter. Albert [Raphaël, maire de Ramatuelle de 1971 à 2001] n’était plus là, Anne Philippe non plus. J’étais la seule survivante. Mais quelques jours avant sa mort, Jean-Claude était descendu avec la programmat­ion. Je ne pouvais pas arrêter. Puis je tombe sur une photo de lui enlaçant Michel Boujenah. J’y ai vu un moment de transmissi­on. » Jacqueline décroche alors son téléphone et propose la place à celui qui avait obtenu le César de meilleur second rôle en 1986 pour « Trois hommes et un couffin ».

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« J’ai pris la nuit pour réfléchir, je ne me sentais pas légitime de passer après JeanClaude. Je n’ai absolument pas sa classe. J’ai fini par dire oui, on ne peut rien refuser à Jacqueline, mais je pensais ne rester qu’un an… ».

Dix-sept ans après, Michel Boujenah a toujours la casquette de directeur artistique. Et pour rien au monde, il ne la céderait. Il s’est plongé dans l’aventure et regorge aussi d’anecdotes.

Le trac de Michel Bouquet

« Gaston Defferre a appelé tous les ministres en disant “il faut faire quelque chose pour Ramatuelle” »

Comme il y a dix ans pour les trente ans du Festival. « Michel Bouquet devait monter sur scène pour nous souhaiter un bon anniversai­re. Mais il me demande de répéter. On a parlé pendant 2 h 30, j’hallucinai­s. Dans les coulisses, il m’appelle encore et me dit ‘‘j’ai le trac, accompagne­zmoi’’. On parle de Michel Bouquet, un immense acteur ! Il suffisait qu’il monte sur scène même sans rien dire et c’était déjà un cadeau. » Et puis, il y a les découverte­s. En 2017, Julien Doré fait l’ouverture du Festival. En première partie, une inconnue monte sur scène. « Juliette Armanet a complèteme­nt subjugué le public. Ce fut le cas aussi en 2020 avec Abd al Malik pour lequel certains étaient pourtant réticents », s’émerveille Boujenah. Et ce n’est pas près de s’arrêter. Dès le mois d’août prochain, pour cette quarantièm­e, l’émotion sera encore grande. « On fera un lâcher de colombes après le spectacle “Simone Veil, les combats d’une effrontée”, avec Cristiana Reali. Comme on l’avait fait en 1985 en ouverture, quand Simone était là. Cette femme était une amie, j’ai une profonde admiration pour elle », conclut Jacqueline Franjou.

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(Photo doc V.-m.) Jacqueline Franjou et Jean-Claude Brialy
 ?? ?? Michel Boujenah et Jacqueline Franjou.
Michel Boujenah et Jacqueline Franjou.

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