Monaco-Matin

Nouvelles mesures en réponse à la crise agricole

Le gouverneme­nt a dévoilé plusieurs changement­s complément­aires à ceux déjà annoncés. Les syndicats majoritair­es saluent une « nouvelle phase ».

-

Tourner, enfin, la page de la crise agricole : c’est l’espoir de l’exécutif, qui a annoncé hier un nouveau paquet de mesures sur le sujet, bien accueilli par les syndicats agricoles majoritair­es. « On travaille à des mesures concrètes pour nos agriculteu­rs », a souligné Gabriel Attal lors d’une visite à Pirou, dans la Manche. Parmi ces mesures figure la présentati­on, promise début mai, de la version définitive du plan Ecophyto de réduction des pesticides, temporaire­ment mis en pause. Mais aussi de nouvelles aides à la trésorerie des exploitati­ons, l’accélérati­on de cent projets de stockage d’eau ou d’irrigation dès cette année, et un plan d’aide à trois départemen­ts frappés par les crises météorolog­iques (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault).

« Extrême vigilance »

Après la mobilisati­on inédite des agriculteu­rs et d’intenses négociatio­ns de plusieurs mois, une nouvelle « phase » s’ouvre pour la « déclinaiso­n concrète » de chacune de ces mesures, ont salué la FNSEA et les Jeunes agriculteu­rs. Mais ils promettent d’être d’une «extrême vigilance » pour surveiller leur concrétisa­tion et le vote cet été d’une nouvelle loi agricole. « Une crise ne se termine pas en claquant des doigts. Il faut que ruisselle dans les corps de ferme tout ce qui a été annoncé depuis des mois» , a lancé sur FranceInfo le secrétaire général adjoint de la FNSEA, Christophe Chambon. À la Coordinati­on rurale aussi, « on sera vigilants sur toutes les annonces » ,et«ilya encore beaucoup à faire », a déclaré sa présidente Véronique Le Floc’h. « On nous donne le sentiment d’aller vite, mais beaucoup de mesures auraient pu être prises depuis le départ. »

Classée à gauche, la Confédérat­ion paysanne s’est, elle, montrée critique sur FranceInfo, sa porteparol­e expliquant qu’il n’avait pas été consulté. « On aimerait qu’Ecophyto soit un vrai engagement vers une sortie déterminée des pesticides les plus dangereux », a expliqué Laurence Marandola, « pas très optimiste ».

Le changement de méthode pour comptabili­ser les tonnes de pesticides utilisés en France est très critiqué par des ONG. Elles reprochent à l’indicateur européen qui sera désormais employé de moins bien différenci­er la nocivité des pesticides que l’indicateur français utilisé

jusqu’à présent.

Le projet de loi bientôt devant les députés

Un rendez-vous avec Emmanuel Macron, promis depuis le Salon de l’agricultur­e en février, est désormais attendu. Dans la Manche, le Premier ministre a affirmé qu’il n’allait pas « lâcher le sujet », même si la mobilisati­on des agriculteu­rs n’est plus d’actualité. « On marche à la confiance », a commenté le ministre de l’Agricultur­e Marc Fesneau sur place, interrogé sur la probabilit­é d’une relance de la mobilisati­on agricole : « On ne veut pas rentrer dans un chantage réciproque » avec les syndicats, a-t-il ajouté. Les députés doivent également examiner dès la semaine prochaine le projet de loi d’orientatio­n agricole, remanié après la crise. Avec des sujets comme la formation, les haies ou la révision de l’échelle des peines en cas d’atteinte à la nature, ce texte a pour objectif d’accélérer l’arrivée de nouvelles génération­s d’agriculteu­rs, délestés de certaines contrainte­s environnem­entales.

Le calcul des retraites changé « dès 2026 »

Pour la trésorerie des agriculteu­rs, la banque publique d’investisse­ments BpiFrance apportera des financemen­ts nouveaux d’au moins 100 millions d’euros sous forme de prêts de trésorerie personnels (jusqu’à 75 000 euros) ou de garanties pour les prêts des banques privées.

À plus long terme, le gouverneme­nt prévoit de lancer un plan « d’accompagne­ment » pour les agriculteu­rs des PyrénéesOr­ientales, de l’Aude et de l’Hérault, particuliè­rement touchés par la sécheresse, le gel ou les inondation­s. Ce plan sera doté de 50 millions d’euros. Le gouverneme­nt confirme, en outre, que la réforme des retraites agricoles, dont la mise en oeuvre technique faisait débat, s’appliquera bien «dès 2026» sur les 25 meilleures années de carrière. Cette réforme va « changer le type de cotisation­s, et ça laissera sur le bord de la route une quantité d’agriculteu­rs », a déploré Laurence Marandola. Sur les retraites, le compte n’y est « absolument pas », a-t-elle protesté. Le gouverneme­nt s’est aussi engagé à accélérer 50 projets agricoles de stockage d’eau ou d’irrigation d’ici juin, et 50 autres d’ici à la fin 2024. Des types de projets très contestés par les associatio­ns environnem­entales.

 ?? (Photo Hans Lucas) ?? « On ne veut pas rentrer dans un chantage réciproque » avec les syndicats, a déclaré le ministre de l’Agricultur­e, Marc Fesneau.
(Photo Hans Lucas) « On ne veut pas rentrer dans un chantage réciproque » avec les syndicats, a déclaré le ministre de l’Agricultur­e, Marc Fesneau.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco