Têtes en l’air !
Le kitefoil, l’une des variantes du kitesurf, s’apprête à faire irruption dans le programme olympique, mais pour la communauté des riders, l’essentiel n’est pas forcément là...
UDeux Hyérois ambassadeurs du kite au JO”
n peu comme le skate, qui s’enracine néanmoins dans un contexte plus urbain, il doit son succès initial à une communauté de riders autant accrocs à la glisse et aux sensations qu’elle procure, que « militants » d’une contre-culture sportive, pas mal inspirée du mouvement underground. Du coup, pour la majorité d’entr’eux, conceptualiser la notion de « résultats » ne fait pas forcément écho au plaisir. Ne comptent réellement que « l’émotion libre », et le côté fun du kite. Comme, de surcroît, il n’est nul besoin d’être adhérent à une quelconque structure pour « s’envoyer en l’air », il est bien compliqué de dresser le portrait-robot du kiter. D’autant plus qu’il « n’y a pas d’âge pour se lancer », témoigne Olivier Morin, parmi les pionniers de la discipline et membre (très) actif du plus ancien club azuréen, le Fréjus KS. « Par le passé, on en a même eu chez nous qui avaient dépassé les 80 ans. En fait, à partir du moment où on connaît les risques, qu’on sait piloter une aile et qu’on dispose d’un minimum de tonicité musculaire, il n’y a pas d’obstacle rédhibitoire… »
« Ça reste, toutefois, un sport assez dangereux, tempère-t-il, dans un même souffle. En particulier à l’atterrissage et au décollage. Il suffit d’une rafale de vent mal anticipée, d’une mauvaise manipulation, pour aller droit à l’accident. On a malheureusement déjà connu quelques tragédies mortelles… »
Mêmes ingrédients dans le discours tenu par Michel Agopian, bientôt 70 printemps, et secrétaire fondateur d’un Nice Kite club qui n’a officiellement vu le jour qu’il y a deux ans. « Il n’y a pas de critère particulier pour sombrer dans cette “addiction”. Il faut juste être en bonne santé pour pouvoir profiter un maximum. Mais aussi être passé par une école, avoir pris suffisamment de cours, pour être autonome et avoir les bons reflex… »
Reste que l’histoire du kitesurf, sur la Côte, n’a pas toujours été sans vagues. C’est parfois même dans… les prétoires qu’elle s’est dessinée. « Au début des années 2000, le maire de l’époque envoyait régulièrement
nd la police sur les plages, pour nous interdire de naviguer, se souvient Olivier Morin. On a dû s’organiser, créer une association pour l’attaquer devant le tribunal de grande instance. Et on a gagné ! Ça nous a permis d’obtenir de la légitimité et on dispose, depuis cette date, d’un spot officiel à l’année, à l’embouchure de l’Argens, vers Saint-Aygulf. »
La plage de L’Almanarre, à Hyères, et théâtre à plusieurs reprises de compétitions internationales, est dans le Var, l’autre « Mecque » de la glisse. En revanche, ailleurs, et notamment dans les Alpes-Maritimes, seule une tolérance des autorités permet aux riders d’assouvir leur passion. « Ce qui justifie l’existence même des clubs. Où l’on met l’accent sur la responsabilité. La sécurité - la nôtre comme celle des autres - est un enjeu dont on ne peut faire l’économie » abonde Michel Agopian.
Toujours comme le skate, le kite s’apprête donc à faire son apparition dans le programme olympique (dans sa variante kitefoil). Et doit conséquemment faire face à une évolution radicale. À un changement de paradigme. Au risque d’y perdre son âme ? Pas si sûr, selon Olivier Morin qui y voit davantage « une reconnaissance » .Des jeunes comme le Fréjusien Louis Garrido, dont le rêve, à terme, est d’embrasser une carrière professionnelle, ou encore les deux Hyérois appelés en équipe de France pour disputer les prochains JO, Lauriane Nolot et Axel Mazella, éclairent déjà l’avenir d’une lumière éclatante. Le kite semble bel et bien lancé à la conquête de nouveaux espaces médiatiques. Et l’arrivée - relativement récente - du wingfoil (2), qui en a déjà conquis bon nombre, pourrait bien accélérer encore le mouvement.
1. Notez-le !Les31mai,1er et2juin,lapremièreétapede l’Engie Kite Tour, avec quelques pointures internationales du wingfoil, kitefoil, windsurf, etc., aura lieu à Fréjus.
2. Le wing se distingue du kite par l’absence de lignes (cordes), l’aile étant directement tenue à bout de mains.