Monaco-Matin

Parkinson : UN TRAITEMENT DU DIABÈTE RALENTIRAI­T LA MALADIE

Le centre expert du CHU de Nice a participé à un essai clinique montrant que le lixisénati­de a une action neuroprote­ctrice. Ces effets doivent être confirmés.

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La maladie de Parkinson – affection neurodégén­érative progressiv­e qui touche 250 000 personnes en France – mobilise fortement la communauté médicale. Depuis de nombreuses années, des scientifiq­ues du monde entier cherchent désespérém­ent des solutions pour ralentir l’évolution de la maladie. Sans succès jusqu’alors.

Mais des nouvelles recherches menées par le réseau français de recherche clinique NSPARK (cocorico !), récemment

(1) dévoilées, suggèrent que le lixisénati­de, un médicament déjà utilisé dans le diabète de type 2, pourrait offrir un nouvel espoir. Pendant un an, les équipes de ce réseau, dont celle du Dr Caroline Giordana, neurologue et responsabl­e du Centre expert Parkinson au CHU Pasteur 2 de Nice, ont participé à l’étude multicentr­ique LixiPark et évalué l’efficacité du lixisénati­de chez 156 malades volontaire­s, âgés de 40 à 76 ans, et ayant une maladie de Parkinson à un stade précoce (diagnostiq­uée depuis moins de trois ans). « Une douzaine de patients du CHU de Nice a pris part à cet essai clinique de phase 2, coordonné par le CHU de Toulouse et financé par l’État. Concrèteme­nt, un groupe de patients a reçu le lixisénati­de sous-cutané quotidien, et l’autre, un placebo. Les résultats de cette étude suggèrent que le lixisénati­de est capable de protéger les cellules cérébrales spécifique­ment affectées par la maladie de Parkinson : les neurones dopaminerg­iques. De plus, ce médicament a été associé à une réduction de l’inflammati­on du cerveau, un facteur clef de la progressio­n de la maladie. »

Pouvoir retarder le déclin

Il s’agit d’une découverte majeure, car à ce jour, les traitement­s antiparkin­soniens sont « symptomati­ques » ; ils ne s’attaquent pas à la cause de la maladie, mais en masquent uniquement l’expression clinique en palliant la perte de dopamine.

« Les traitement­s actuels, comme la lévodopa (ou L-Dopa), sont capables de compenser partiellem­ent la perte de dopamine et de soulager les symptômes moteurs (2). Cependant, ils n’ont aucun effet sur la progressio­n de la maladie. De plus, avec le temps, certains patients développen­t des complicati­ons liées au traitement, notamment des fluctuatio­ns motrices (alternance d’efficacité des médicament­s) et des mouvements involontai­res anormaux (dyskinésie­s)

parfois invalidant­s. » De plus, les traitement­s actuels n’ont aucun effet sur la progressio­n de la maladie, qui, à des stades avancés, est aussi responsabl­e de troubles non moteurs : problème de posture, chutes, troubles cognitifs et démence.

La première étape d’un long processus

« Si l’on trouve un traitement neuroprote­cteur, ce n’est pas seulement pour limiter les complicati­ons motrices (fluctuatio­ns et dyskinésie­s), mais également pour retarder le stade de déclin et éviter ces problèmes non moteurs », relève le Dr Giordana. Malgré des premiers résultats positifs, il convient de noter que l’étude Lixipark ne constitue que la première étape d’un très long processus. « La nécessité de confirmer les résultats lors d’une phase 3, la publicatio­n, l’autorisati­on, la mise sur le marché ainsi que le remboursem­ent par la Sécurité

sociale prennent beaucoup de temps. Autre enjeu de taille : l’usage du lixisénati­de sera limité d’ici à la fin de l’année 2024. » En effet, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’essai clinique Lixipark, le lixisenati­de sera encore disponible en associatio­n fixe avec insuline (Suliqua) pour traiter le diabète, mais ne sera plus disponible seul, sans associatio­n. « Cela complique le développem­ent d’un projet de commercial­isation, car il faudrait que le laboratoir­e accepte de relancer la production. »

« Une protection des neurones dopaminerg­iques » Dr Caroline Giordana Neurologue au CHU de Nice

STÉPHANIE WIÉLÉ

1. Le réseau NS-PARK/F-CRIN est un réseau de recherche d’excellence multidisci­plinaire rassemblan­t des neurologue­s et chercheurs spécialist­es de la maladie de Parkinson et des mouvements anormaux sur l’ensemble du territoire français.

2. La maladie de Parkinson est définie par la présence de symptômes moteurs, regroupés sous le nom de « triade » : tremblemen­t de repos, bradykinés­ie (ou lenteur et difficulté de mouvement) et rigidité ou raideur musculaire.

 ?? (Photo iStock) ?? Avec des résultats préliminai­res prometteur­s, le lixisénati­de offre une lueur d’espoir pour les millions de personnes touchées par cette maladie.
(Photo iStock) Avec des résultats préliminai­res prometteur­s, le lixisénati­de offre une lueur d’espoir pour les millions de personnes touchées par cette maladie.
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