Le règne des troisièmes couteaux

Osons un constat subjectif : à un mois du scrutin, aucun parti ne paraît réellement intéressé par les Européennes. Comme si ces élections n’étaient qu’un test grandeur nature avant le « vrai » rendez-vous de 2027.

Cela se devine aux logorrhées des têtes d’affiche, bien souvent articulées sur les problématiques hexagonales. Cela se confirme en parcourant les embryons de listes, dévoilées au compte-gouttes, que les états-majors semblent avoir eu tant de mal à constituer. Passés les deux ou trois premiers candidats, on cherche en vain les personnalités charismatiques, les tribuns, les grandes voix. La plupart des colistiers émargent au bataillon des soldats inconnus !

Un peu comme dans ces conseils municipaux où une poignée d’édiles débattent durant des heures, pendant que la masse des anonymes mobilisent leur énergie pour ne pas piquer du nez.

Si l’Europe est réellement si importante, si cette élection est le « tournant historique » que l’on nous promet, comment expliquer que les ténors la boudent si ostensiblement ? Est-ce seulement la crainte d’une défaite ? Ou la peur d’écorner son image avant la présidentielle ? Cette frilosité est manifeste dans le camp macroniste. Valérie Hayer doit se sentir bien seule dans l’arène, ignorée par les ministres de Gabriel Attal, à la tête d’une équipe dont elle n’a pas choisi les membres. À droite, le Républicain François-Xavier Bellamy attend encore que les leaders gaullistes sortent du bois. À gauche, Raphaël Glucksmann ne fait même plus semblant d’espérer que les éléphants du PS remuent leur trompe.

Cette campagne ressemble à un film de série B, animé par des acteurs médiocres, qui n’existe que pour faire patienter le public jusqu’à la sortie de la superproduction. En espérant qu’à ce moment-là, il y aura encore des spectateurs dans les salles…

« Comment expliquer que les ténors politiques boudent si ostensiblement les Européennes ? »