Monaco-Matin

Les Européenne­s aggravent les divisions à gauche

Outre les divergence­s de fond sur le projet européen et sur Gaza, la dynamique de campagne de Raphaël Glucksmann, mal vue par LFI, exacerbe les tensions.

- Ajoute-t-il.

L’Europe, combien de divisions à gauche ? À un peu moins d’un mois du scrutin du 9 juin, l’ambiance est de plus en plus délétère entre les ex-alliés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Le divorce semble même consommé entre socialiste­s et Insoumis, obérant un peu plus les chances d’une union pour les futures échéances électorale­s. Mardi, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a ainsi accusé le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, de faire « tout pour rendre impossible une alliance » des partis de gauche. Sept mois après l’implosion de la Nupes dans le fracas des attaques du Hamas contre Israël, le député de Seine-et-Marne juge que Jean-Luc Mélenchon est « celui qui met le feu à la plaine chaque matin, celui qui, depuis le 7 octobre, n’a cessé de creuser l’écart entre les uns et les autres ».

« Vieille gauche »

Le patron des socialiste­s déplore aussi « des fake news » à l’encontre de son candidat Raphaël Glucksmann, notamment de la part de la tête de liste Insoumise Manon Aubry. Celle-ci avait notamment accusé dans un tweet l’essayiste de 44 ans de « s’en mettre plein les poches » en plus de son mandat de député européen, laissant entendre qu’il était payé par des lobbys alors que ses rémunérati­ons annexes proviennen­t de la vente de livres. La tête de liste PS-Place Publique accuse LFI d’avoir orchestré « une campagne de calomnies » contre lui sur les réseaux sociaux, dont son expulsion violente d’une manifestat­ion du 1er-Mai par des militants radicaux à Saint-Etienne est, selon lui, la conséquenc­e. « Depuis le début, ils font des vidéos sur Glucksmann, jamais sur Bardella s’indigne un proche du leader de

Place publique qui souligne que, dans ses meetings, le candidat ne tape jamais sur ses concurrent­s de gauche.

Les Insoumis, de leur côté, affirment se contenter de répondre aux attaques du PS, qu’ils accusent de vouloir faire revivre « la vieille gauche » . Et assument une part de provocatio­n.

« Quand on met Glucksmann sur le visuel [tweeté par Manon Aubry, Ndlr], on sait que ça va faire parler et que la machine médiatique va s’emballer parce qu’on s’en ,accuse-t-il, reprochant au leader socialiste d’avoir utilisé feu l’alliance de gauche « pour essayer de faire oublier les années Hollande ». Favorable à « la douceur » en politique, la tête de liste des Écologiste­s Marie Toussaint déplore, pour sa part, une « brutalisat­ion » à gauche et appelle Jean-Luc Mélenchon à la modération. Pour elle, le triple candidat à la présidenti­elle n’est pas en campagne électorale européenne, « mais en campagne pour sa quatrième élection présidenti­elle, et sa stratégie, c’est de diviser la gauche aujourd’hui pour mieux la réunir derrière lui ».

« Se rassembler sur la question sociale »

« N’empêchons pas notre capacité de construire ensemble par la suite », a-t-elle exhorté, assurant ne pas croire aux « gauches irréconcil­iables » théorisées par l’exPremier ministre socialiste Manuel Valls, revenues à la mode ces derniers temps. Car une partie de la gauche, socialiste­s et écologiste­s en tête, entend bien essayer, après les Européenne­s, de construire une nouvelle union – d’abord pour les municipale­s de 2026, mais surtout pour la présidenti­elle de 2027.

« C’est ma première élection en tant que candidat et je vous avoue être assez étonné, effaré même, de la manière dont les débats se déroulent dans leur globalité », confie la tête de liste communiste Léon Deffontain­es qui a, lui aussi, mordu le trait en début de campagne, en accusant Raphaël Glucksmann d’être le candidat « de la gauche dollar ». Mais le candidat de 28 ans, qui tourne autour de 3 % des intentions de vote, considère désormais que la famille élargie de la gauche doit « se rassembler sur la question sociale ».

« Il n’y a jamais de gauches irréconcil­iables », abonde Pierre Jouvet, en troisième place sur la liste socialiste. «Ou alors, comme dirait Martine Aubry, si un jour il y a des gauches irréconcil­iables, c’est qu’il y a une gauche qui n’est plus de gauche. Et nous, nous sommes de gauche »,

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AFP) (Photo », prend à sa sainteté Raphaël Glucksmann », justifie le député Mathias Tavel, responsabl­e de la campagne des Insoumis. « Olivier Faure tente depuis deux ans de tuer la Nupes »

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