Quelle question ?
Alors qu’en France (comme un peu partout dans le monde), la natalité est en berne, Emmanuel Marcon annonçait en janvier dernier, la création d’un grand plan fertilité. Et, depuis mercredi, les contours de ce plan se précisent : un « check-up fertilité », autour de l’âge de 20-25 ans, devrait être proposé à tous et remboursé. Avec, à la clé, la possibilité de congeler ses gamètes (en vue d’une PMA ultérieure), puisque, depuis août 2021, cela est permis à toutes les personnes de plus de 29 ans, sans motif particulier. Comment faire face à l’afflux (attendu) de demandes alors que les délais d’attente pour accéder à une PMA sont actuellement de seize à vingt-quatre mois ?
Le chef de l’État a tout prévu : la conservation des ovocytes (jusqu’ici réservée aux établissements hospitaliers) pourra désormais être réalisée dans des centres privés. Mais quelle réflexion éthique autour de ce plan ? Quelle anticipation de l’anxiété générée chez ces jeunes alors que de l’avis même des sociétés savantes, un bilan à la vingtaine n’a pas de sens sur le plan médical ? Quelle responsabilité dans ce qui devrait se produire : la peur de lendemains incertains concernant la parentalité poussera des milliers de jeunes à congeler prudemment leurs gamètes, dans l’attente du bon moment, au niveau personnel, professionnel, du bon partenaire…
À quel moment tous ces critères seront-ils réunis, sachant les aléas de la vie ? Le serontils seulement un jour ? Et si ça n’est pas le cas, avec quel gamète féconder sa semence en dormance ? Foin d’inquiétude, pourrait répondre le Président, les congélateurs en déborderont. L’intelligence artificielle interviendra pour déterminer les meilleures combinaisons… Et la vraie vie, dans tout ça ? Ça n’était pas la question, m’opposera encore Emmanuel Macron.