Le romancier André Theuriet RACONTE NICE À LA BELLE ÉPOQUE
André Theuriet (1833-1907) était un écrivain et académicien français qui passait ses hivers à Nice. Observateur avisé, il a dépeint avec réalisme la vie mondaine et cosmopolite de la ville devenue une station hivernale prisée à la Belle Époque.
Zone de villégiature hivernale durant la Belle Époque, Nice voit arriver tout un aéropage de personnalités du milieu culturel parisien. Ce « Tout-Paris » au soleil reproduit à Nice les habitudes parisiennes lui apportant essor, opulence et joie de vivre. André Theuriet fait partie de ces auteurs qui ont fondé les mythes de la ville dès 1860.
Un érudit aux multiples facettes
Claude-Adhémar Theuriet, dit André Theuriet, est né le 8 octobre 1833 à Marly-le-Roi (les Yvelines). Il suit sa scolarité à Bar-leDuc, puis des études de droit à la Sorbonne à Paris.
Son diplôme en poche, il obtient un premier emploi au ministère des Finances. Et, alors qu’il n’a pas 20 ans, son premier poème de 400 vers sur l’acropole d’Athènes est remarqué par l’Académie française. Lors de sa participation à la guerre de 1870, il rencontre Hélène Narat, veuve du peintre Gabriel Lefebvre, qu’il épouse en 1880.
En 1895, il devient membre de l’Académie française. Dès lors, le couple passe de nombreux mois d’hiver à Nice où, en observateur avisé, André Theuriet décrit la ville et ses résidents, quelquefois sans complaisance.
Il dissèque ceux qu’il nomme « personnalités »
À Nice, André Theuriet se fait connaître par ses ouvrages (lire encadré) et ses articles comme celui du 3 janvier 1895 paru dans « Le Journal » : « À côté du Nice fêtard, mondain et banal, qui ressemble à toutes les villes de plaisir, il y a la vieille cité niçoise avec sa physionomie d’autrefois, ses moeurs originales, sa population grouillante et bariolée, et cette dernière est bien plus amusante, d’un charme autrement savoureux. À chaque tournant, l’oeil est égayé par une surprise. »
Dans ses romans, il dissèque ceux qu’il nomme « personnalités » soit journalistes, académiciens, hommes politiques, députés, ministres et même aristocrates qui gravitent dans les salons et dans les palaces où l’on parle littérature. Theuriet n’échappe pas à la règle et luimême tient salon. Sa vie est peu connue mais, dans un essai, la peintre et universitaire niçoise Martine Arrigo-Schwartz nous le situe : « Il avait une véritable petite cour, rue Blacas, où l’on rencontrait François Coppée et Camille Flammarion, Bashkirtseff et Maupassant ( .... ) De plus, il avait une passion enthousiaste pour le ciel, la mer, les bois, la flore de notre beau pays. On le rencontrait souvent dans la campagne. »
De nombreux prix et distinctions
En 1891, après des récits de voyage et, surtout, des guides touristiques, André Theuriet publie un roman dont l’action se situe à Nice et où il n’épargne personne.
Il apparaît alors comme le pionnier d’un genre qui, dans l’imaginaire littéraire, pose un regard à mi-chemin entre réalisme et idéalisme laissant une part importante dans la description de la ville et de ses habitants. Son livre « Charme dangereux » dans lequel il parle de celles qu’il appelle les « belles mondaines » en est une belle illustration.
Dans un article, la journaliste Léon Sarty (le pseudonyme de Zoé de Sauteyron de Saint-Clément) nous le dépeint « à la barbe pointue et aux yeux vifs, c’est un faune aux traits adoucis rêveurs, au sourire tendre, mélancolique et plein de finesse » et elle continue par «ce peintre de la province venait à Nice tous les hivers et n’ignore rien du cosmopolitisme des stations hivernales, sensible à la frivolité de cette population ‘‘exotique’’ ».
C’est au crépuscule d’une vie bien remplie qu’André Theuriet, malade, s’éteint le 23 avril 1907. Il est inhumé au cimetière de Bourgla-Reine. Outre de nombreux prix et distinctions, il fut nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 1879 et Officier de la Légion d’honneur en 1895. Voilà rétablie la mémoire de cet observateur de la vie niçoise de la Belle Époque !
Son premier poème de 400 vers sur l’acropole d’Athènes est remarqué par l’Académie française
À Nice une voie passante, située entre le quartier de la Libération et l’avenue Auguste Raynaud, est baptisée André Theuriet.