Monaco-Matin

Les atteintes psychologi­ques, un mal sournois

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« Dès le début, il y avait des choses suspectes. Un jour, il a laissé son vélo devant l’entrée de l’immeuble sans l’attacher et il a été volé. Il a rejeté toute la faute sur moi. Globalemen­t, pour lui, tout était toujours de ma faute. »

Il y a une quinzaine d’années, Brigitte emménage à Toulon avec J., militaire à la Marine nationale, qu’elle a rencontré sur un site de rencontres. À 41 ans aujourd’hui, elle se souvient d’un sentiment d’isolement, qui s’est installé au fur et à mesure des mutations et des déplacemen­ts de son mari. « Je ne voyais plus personne parce qu’il ne voulait pas sortir, pas recevoir… Il se fâchait si j’invitais des amis. Il n’aimait pas être dérangé. Il voulait des enfants, sans se déranger. Avoir une femme, sans se déranger. »

Brigitte évoque des « humiliatio­ns ». « C’était des phrases

comme : “tu te fais des idées”, “tu crées des problèmes”, “tu ne vaux rien”... C’était une vie comme ça. »

Pendant la pandémie, sa santé se dégrade et Brigitte obtient le statut d’affection longue durée (ALD). « Il m’a puni de ça, parce que l’assurance sera plus chère si on achète une maison. Je ne rentre plus dans son projet donc il veut divorcer, alors qu’il refusait quand j’étais en bonne santé et que moi je voulais partir ».

« Il m’a dit que l’affaire serait classée »

Le déclic survient lorsque ses enfants commencent à répéter les mêmes phrases humiliante­s que leur père. Brigitte prend rendezvous avec l’Action sociale des armées (Asa) et voit une brochure sur les violences conjugales. Elle se rend sur la plateforme numérique d’accompagne­ment des victimes de la police nationale, où elle raconte tout à un policier par messagerie instantané­e. Son signalemen­t est pris au sérieux et une psychologu­e du commissari­at de Toulon l’appelle puis lui confirme qu’elle peut porter plainte pour violences conjugales.

« À cause de l’emprise qu’il exerçait sur moi, je n’y croyais presque pas. Il avait passé des années à répéter que j’inventais, que j’avais tort, que c’était moi le problème. Quand je l’ai annoncé à J., dans le but de le faire réagir, il s’est moqué de moi en me traitant de folle et m’a dit que l’affaire serait classée. »

En appelant la police pour avoir des renseignem­ents, Brigitte a appris fin avril que sa plainte a été classée sans suite. Elle ne compte pas en déposer une nouvelle, dénonçant un protocole inadapté aux violences psychologi­ques. « Au moins, je sais que je ne dois pas attendre quoi que ce soit de la justice ici. »

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(Photo L. S.) Après sa séparation, Brigitte a un an pour quitter le logement de la Marine.

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