« Trottinette et l’Encornet », la fake news qui devait faire tomber Gaudin et Léotard
Le décès de l’ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, lundi, ranime le souvenir des accusations diffamatoires dont lui et François Léotard avaient fait l’objet après l’assassinat de la députée varoise Yann Piat. À l’époque, il n’y avait pas de réseaux sociaux pour rependre l’une des fake news les plus retentissantes de la fin des années 1990. Il fallait regarder les Guignols de l’Info à la télé ou voir les caricatures à la une de Charlie Hebdo pour se moquer de « Trottinette » et « l’Encornet », les surnoms dont avaient été affublés les anciens ministres François Léotard, mort en 2023, et Jean-Claude Gaudin, hommes forts de la région Provence-AlpesCôte d’Azur.
Eux n’ont pas du tout ri à la lecture du « livre haletant et explosif» , selon la maison d’édition qui l’a fait imprimer, les présentant derrière ces surnoms comme les commanditaires de l’assassinat de Yann Piat (entre autres), en 1994 dans le Var. «Une incroyable théorie d’impudeur et d’indignité », avait dénoncé dans une tribune l’ancien maire de Fréjus, qui était encore ministre de la Défense lorsqu’il s’est rendu aux obsèques de la députée (UDF) du Var à La Londe.
« C’est ahurissant »
Deux journalistes, auteurs de l’ouvrage sous-titré Des assassins au coeur du pouvoir, soutenaient une théorie du complot politicomafieux sur la foi du témoignage d’un fabulateur.
Le brûlot est mort-né en octobre 1997 après que les mis en cause ont saisi leurs avocats. « On m’a rendu justice au tribunal. L’affaire est réglée. C’est ahurissant qu’on puisse écrire de tels mensonges », dira Jean-Claude Gaudin, entendu comme simple témoin par la cour d’assises du Var qui jugeait en 1998 les meurtriers de Yann Piat.
Cité par le journal Le Monde ,le maire emblématique de Marseille avait alors décrit les « rapports cordiaux et amicaux » qu’il avait entretenus avec Yann Piat. Il avait aussi évoqué « le climat assez détestable » qui régnait dans le Var alors que le conseil général était présidé jusqu’en mars 1994 par Maurice Arreckx.
La carrière politique de celui-ci, en revanche, n’avait pas résisté à une opération « mains propres » lancée après l’assassinat commis à Hyères. Un certain Hubert Falco, proche de Jean-Claude Gaudin, lui avait alors succédé à la tête du Département.