Monaco-Matin

« Favoriser l’émergence et la créativité locale du cinéma »

- CAMILLE FERET Directrice de la Commission du Film Alpes-Maritimes Côte d’Azur

L’industrie des tournages sur la Côte d’Azur, c’est 350 technicien­s et technicien­nes, 130 comédiens et comédienne­s, plus de 80 prestatair­es de services, 40 sociétés de production. Ce sont les studios mythiques de la Victorine à Nice, les studios de post-production de la Bastide Rouge à Cannes et les décors prêt-à-tourner de Strike Films à Grasse. C’est un fonds de soutien à la production du Départemen­t des Alpes-Maritimes et une aide de la Ville de Nice, mais aussi des écoles, des résidences d’écriture et des associatio­ns qui oeuvrent pour le développem­ent de la filière cinématogr­aphique et audiovisue­lle locale. Ce sont également plus de 62 millions d’euros de retombées économique­s directes chaque année : les dépenses locales engendrées par les production­s qui s’installent le temps d’un tournage sur notre beau territoire. C’est aussi le Festival de Cannes, le plus grand événement culturel au monde, avec cette année trois films en sélection tournés sur la Côte d’Azur par des réalisatri­ces françaises : Coralie Fargeat avec son film de genre, « The Substance » (compétitio­n officielle), le premier long-métrage d’Agathe Riedinger, « Diamant brut » (compétitio­n officielle), et le biopic « Niki », de Céline Sallette (sélection Un certain regard).

Depuis toujours, la Côte d’Azur est connue comme terre d’inspiratio­n, les plus grands ont été éblouis par la beauté de ses décors et de sa lumière. La Côte d’Azur, c’est plus de 100 ans d’oeuvres cinématogr­aphiques de réalisateu­rs et réalisatri­ces du monde entier : Alfred Hitchcock, François Truffaut, Nanni Moretti, Jean-Luc Godard, Georges Lautner, Costa-Gavras, Brian de Palma, Woody Allen, Jacques Audiard, et plus récemment Xavier Giannoli, Bertrand Bonello, Sylvie Verheyde, ou Mélanie Laurent. La Côte d’Azur est reconnue mondialeme­nt comme terre d’accueil des tournages. Accueillir, accompagne­r les production­s venues des quatre coins du monde, nous savons le faire, et ce depuis des décennies, mais où sont les projets venus de chez nous, les auteurs, autrices, les réalisateu­rs et réalisatri­ces ? Ils sont ici et aujourd’hui, c’est la nouvelle génération de talents que nous souhaitons mettre à l’honneur et soutenir. En 2022, le Grassois Nathan Ambrosioni sortait son deuxième long-métrage, « Toni en famille », entièremen­t tourné dans les Alpes-Maritimes, avec au casting Camille Cottin, produit par la réputée société de production Chi Fou Mi, que les 300 427 entrées au box-office ont propulsé leader des nouveautés en salle. L’an dernier, c’était au tour du Niçois Akaki Popkhadze de réaliser son premier long-métrage, « Brûle le sang » avec Nicolas Duvauchell­e et Denis Lavant au casting, grâce à l’accompagne­ment de la société de production cannoise Adastra Films. Un film 100 % azuréen qui, nous l’espérons, ouvrira fièrement la voie de films entièremen­t développés, produits et réalisés localement.

Un véritable enjeu

Pour la Commission du Film Alpes-Maritimes Côte d’Azur, c’est un véritable enjeu que de favoriser l’émergence de la créativité locale, car soutenir ses talents, c’est aussi soutenir toute la chaîne de production. Nous devons miser sur la fertilisat­ion croisée entre les sociétés de production­s, les technicien­s et technicien­nes et les auteurs et autrices. Nous devons nous donner les moyens de soutenir les auteurs et autrices de courtsmétr­ages d’aujourd’hui, qui sont les réalisateu­rs et réalisatri­ces de longs-métrages de demain. Nous sommes certes dotés du plus grand festival du film au monde, mais avant de passer par la case cannoise, les auteurs et autrices foulent les tapis moins rouges mais non moins prometteur­s des festivals de courts-métrages, véritables révélateur­s de talents. Le festival européen du courtmétra­ge de Nice, Un Festival C’est Trop Court !, avec sa catégorie « court d’ici », et plus généraleme­nt toutes les initiative­s de soutien à la création et la diffusion, doivent être au centre de notre attention pour faire connaître et soutenir nos talents locaux. Avec la nouvelle dynamique insufflée aux Studios de la Victorine et le projet visionnair­e de Cannes On Air, la Côte d’Azur comme terre de création est devenue un terreau fertile, un écosystème vertueux qui mérite de devenir un enjeu de la politique cinéma de notre territoire. Seulement alors, nos talents locaux auront toutes les cartes en mains pour créer leurs oeuvres en toute liberté. Il est temps de réveiller la bête créative azuréenne !

> Les propos, remarques et commentair­es exprimés dans les tribunes libres que nous publions n’engagent que leurs auteurs.

Il est temps de réveiller la bête créative azuréenne !”

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