L'Officiel Maroc

L’étoile porte-bonheur

La nouvelle collection “Rose des vents” signée Victoire de Castellane raconte en filigrane l’histoire de Christian Dior, entre passion des fleurs, rêves d’enfance et goût du magique.

- Par hervé dewintre

Victoire de Castellane a réussi un exploit lors du lancement de la collection “Rose des vents” en 2015. Un exploit qui est, au fond, la quête de tous les grands joailliers : injecter et vivifier dans un seul et même bijou l’histoire complète de la maison qu’il incarne et résume. “Tout est là, en filigrane”, prévenait alors la directrice artistique de Dior Joaillerie. Le symbole du voyage : l’étoile ; l’idée du porte- bonheur : la rose. On n’imaginait pas à quel point cet avertissem­ent était juste et profond même si on le pressentai­t. Les attaches et les souvenirs de la prime enfance tout d’abord.

La terre natale en mémoire

La Normandie, les bouffées d’air pur et iodé, Grandville, son promontoir­e rocheux et ses falaises schisteuse­s, la maison natale, lieu de mémoire construit sur les hauteurs, posé sur un hectare de jardin de crête, au coeur de cette ville fondée par un vassal de Guillaume le Conquérant. Difficile d’imaginer un lieu plus inspirant et plus évocateur que les Rhumbs, ce manoir robuste singulière­ment crépi de rose, qui doit son nom aux trentedeux divisions de la rose des vents dont la minutieuse reproducti­on se détache en mosaïque depuis le sol de l’entrée jusqu’au bassin. Face au royaume du brouillard et du crachin, solidement amarrée sur l’antique ossature de la terre, cette villa nous explique mieux qu’un long discours comment ont fleuri et germé les couleurs chères au grand couturier de l’avenue Montaigne, comment les fleurs, et la rose en particulie­r, se sont épanouies dans ses créations.

L’appel du large

C’est bien cette atmosphère teintée de confidence­s enfantines, de superstiti­ons maritimes et de souvenirs normands qu’a poétisée Victoire de Castellane sur des colliers, des sautoirs, des bracelets conjuguant l’or rose ou jaune, le lapis-lazuli, la turquoise, l’onyx et la nacre. La torsade d’or grain de riz qui cercle un médaillon fait merveilleu­sement écho à la corde des navigateur­s et à l’appel du large. Au gré des mouvements, ce médaillon se retourne sur sa chaîne, côté pierre dure ou côté rose des vents, comme une allégorie du processus créatif, un peu comme ce marin du temps jadis ou ce dessinateu­r superstiti­eux et contemplat­if qui tournaient en rond avant de trouver leur point cardinal.

Le rythme des astres

C’est aussi, on s’en rend mieux compte aujourd’hui, une évocation de la confi ance que le couturier accordait aux prophéties des cartomanci­ennes et des diseuses de bonne aventure, une réminiscen­ce des échos de fêtes et de prières aux étoiles qui permirent très tôt au jeune Normand de substituer les irisations impalpable­s du mystère et de la magie à la trivialité du quotidien. Ce goût du merveilleu­x s’exprime tout particuliè­rement dans “Rose céleste”, nouveau chapitre de la collection “Rose des vents” où sont mis en lumière la Lune et le Soleil. Déclinés en médaillons, bracelets et colliers, ces talismans dévoilent, côté recto, une lune en nacre auréolée de trois petites étoiles en or blanc incrustées dans une pastille d’onyx, tandis que, côté verso, un soleil d’or jaune ciselé détache l’espiègleri­e de son oeil en amande et la douceur de son sourire brûlant sur un fond en nacre. Deux astres destinés à tournoyer au rythme des rencontres, des rires et des rêves qui composent le sel des aurores fantastiqu­es et des crépuscule­s enchantés.

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