Politique de la meringue
Réac ou rêveuse, c’est selon, la mode de l’été met le sportswear au tapis et réhabilite les frous-frous.
Le vêtement n’est pas une science exacte. Alors que le sac le plus googlé de l’année 2018 est une banane – Gucci – et l’accessoire le plus couru, une paire de sneakers montés sur ressorts, 2019 s’annonce prompte à réhabiliter une féminité de conte de fées, biberonnée aux drapés, aux ruchés, aux plissés… Bref, la quadrature du cercle couture, adaptée peu ou prou aux pratiques urbaines.
Fraîchement débarqué chez Celine (sans é), Hedi Slimane s’attelle à ce vestiaire d’apparat citadin dans les mots et dans les actes. La Sorbonnarde, archétype cher à l’ex- directeur artistique de Saint Laurent, a troqué son jogging contre un bibi, une robe-boule et des tiags – dans un monde régit par l’image, on n’irait pas jusqu’à balader sa néo- corbeille sur une valse de Johann Strauss.
Ce sens de la fête, pulsé par des baffles rock-psychédéliques, fait verser toutes les extravagances du côté du cool. Marc Jacobs, Alessandro Michele, Clare Waight Keller ou encore Matty Bovan, petit génie de la mode anglaise : chez beaucoup, l’usage du frou-frou passe par des détournements cocasses et/ou bankable des pratiques de modélisme. Ainsi, pour Virgil Abloh, d’Off-White, la mariée était en T-shirt Néoprène sur jupe à traîne – le jaune fluo en prime. N’allons pas enterrer le sportswear. Saluons plutôt l’ère du syncrétisme.