Classe verte
Bienvenue à l’ère du “gorpcore”, dérivé du mot anglais “gorp” qui désigne le cocktail de céréales cher aux randonneurs et théorisé par le site The Cut en mai 2017. “J’ai grandi avec cette culture du granola, les vestes Patagonia, les shorts d’escalade… En portant ces vêtements, on s’émancipe des diktats de la mode”, commentait pour The Cut le graphiste touche-à-tout Justin Hunt Sloane. Exemple typique : le rappeur A$AP Rocky en polaire Napapijri dans les rues de New York. Comme pour son aînée normcore, le suffixe de gorpcore signale la volonté de s’affranchir du zapping des tendances, d’affirmer un style résolument neutre. La vague gorpcore s’accompagne aussi d’un désir de retour à la nature, à l’heure où les urbains fuient la ville pour la campagne et où le “glamping” (contraction des mots glamour et camping) prospère du maquis corse aux sommets de la Patagonie. Ciré imperméable, bermuda de rando convertible et sweat kaki…, on frôle le rayon haute montagne de Décathlon – le réchaud Campingaz et la tente “montée en deux secondes” en moins. Lié à l’outdoor, dont il pille le catalogue de marques (The North Face, Columbia, Teva et compagnie), le gorpcore a bien vite été récupéré, pour sa viralité, par la sphère du luxe. Symptôme parmi les symptômes ? Les shorts cyclistes pullulent chez Fendi, Prada, Roberto Cavalli ou encore Chanel et la chaussure de camping à scratchs truste la campagne Gucci croisière 2019. Souvenirs, souvenirs du patriarche en sandales-chaussettes sur un GR des Vosges…