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La magnifique

À 28 ans, l’actrice australien­ne Elizabeth Debicki vient de décrocher le Prix Women in Film Max Mara Face of the Future… De Marvel à Steve McQueen, elle brille par l’éclectisme de ses choix et impression­ne par son assurance de globe-trotteuse cultivée.

- Par mathilde berthier et gabriela cambero

Ce prix que vous décerne Max Mara récompense les femmes qui sont à un tournant de leur carrière. En avez-vous le sentiment ?

Elizabeth Debicki : Quand vous vivez votre vie “de l’intérieur”, vous ne vous rendez pas vraiment compte de ce qui change autour de vous, que les gens vous perçoivent différemme­nt… Pour un acteur, le seul moyen de juger et de valoriser son travail est d’être vu. Quand une pièce, un fi lm commence à bénéficier de davantage d’exposition, alors on se dit qu’on franchit une étape. Je pense au long-métrage que j’ai récemment tourné sous la direction de Steve McQueen, Les Veuves. Les gens autour de moi, en particulie­r les femmes, réagirent avec tant de force… Pour l’anecdote, c’est aussi après ce fi lm que, pour la première fois, les gens m’ont abordée en ville, par exemple au moment de traverser au passage piéton…

J’ai lu que vos parents étaient tous les deux danseurs… En quoi cela a-t-il influencé vos choix de vie ?

J’ai grandi dans une atmosphère ultra- créative. On allait au théâtre, au ballet… Mes parents me stimulaien­t beaucoup artistique­ment. Je leur en suis reconnaiss­ante car cela a contribué à développer ma sensibilit­é esthétique très jeune, découvrant comment on se construit une identité, un projet de vie à travers l’art. En même temps, il y avait une part de moi qui me disait : “Peut- être que tu devrais exercer un métier aux antipodes ? Avocate, ingénieure…” J’avais conscience des difficulté­s de mener à bien une carrière d’artiste car je vivais au contact d’artistes. Bref, j’étais “prévenue” quand, à 17 ans, j’ai choisi d’intégrer une école d’art dramatique.

Vous vivez aux États-Unis, vous avez grandi en Australie… et êtes née à Paris !

Tout à fait, mais j’ai quitté la France pour l’Australie assez rapidement, quand j’avais 5 ans. Ma mère a des racines irlandaise­s, anglaises et ma famille paternelle est polonaise. Avec du recul, je constate à quel point voyager si jeune, changer de pays, forge le caractère. On apprend à assimiler culturelle­ment les choses et on devient extrêmemen­t conscient des règles, du comporteme­nt des gens dans une ville…

Je garde le souvenir, à mon arrivée à Melbourne en Australie, de m’être sentie littéralem­ent déplacée : il m’a fallu apprendre à m’adapter. Au- delà de ça, la manière dont j’ai grandi reste somme toute normale ! Ma mère était professeur­e de danse dans une école, mon père travaillai­t dans un théâtre… Nous vivions en banlieue, j’allais à l’école à vélo et ma meilleure amie faisait un petit détour par chez moi pour venir me chercher.

Vous serez à l’affiche du prochain fi lm de Neil LaBute, The Burnt Orange

Heresy. Un univers bien différent de celui de Marvel et des Gardiens de la

Galaxie, dans lequel vous avez joué en 2017… La clef, pour une comédienne, estelle de se nourrir de différents genres ?

Si vous en avez l’opportunit­é, il faut la saisir. Jouer un personnage dans un monde fantastiqu­e et en “cultiver” la réalité est un challenge bien différent que de jouer un rôle dont l’essence, l’écriture relève du naturalism­e. Du point de vue de l’acteur, le processus de création est le même mais ces différents mondes, ces différents genres l’obligent à s’adapter… J’ai eu beaucoup de chance de tourner mon premier fi lm, Gatsby le Magnifique, sous la direction de Baz Luhrmann. Tant de choses interagiss­aient sur une seule prise… Et pourtant l’énergie qui régnait sur le set était propice à l’épanouisse­ment d’un monde intérieur.

Quel pari faites-vous sur demain ?

Continuer à avancer, comme actrice et comme femme. Voilà mon but.

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