L'Officiel Maroc

Bon chic mauvais genre

- Par mathilde berthier

Cette saison chez Celine, Hedi Slimane brosse une réécriture rock’n’roll d’Emma Bovary travaillée au corps par les années 1970.

À même archétype, plusieurs écoles. L’adage prévaut dans le cinéma comme il vaut dans la mode. Ainsi, la bourgeoise de Luis Buñuel dans Belle de Jour n’est pas celle de Claude Chabrol, Catherine Deneuve n’est pas Stéphane Audran ni même Delphine Seyrig.

Si Phoebe Philo ne cachait pas s’être largement inspirée de la féminité Nouvelle Vague et du cinéma français des années 1960, c’est à une postérité du mythe qu’Hedi Slimane s’affi lie désormais : de facto, la femme Celine sort de son appartemen­t du 7e arrondisse­ment parisien en jupe- culotte, veste d’homme sur blouse, gilet et bottes de sept lieues (en photo). Cachée derrière ses larges lunettes d’aviateur, le chignon dénoué, l’allure nonchalant­e, elle susurre d’une voix enfumée : “J’ai un plan pour te garder.”

La fuite de la morale est un cheval de bataille commun pour les théoricien­s ès modes de la bourgeoise. Une allure si maîtrisée cachant forcément quelque chose : le carré de soie, le cachemire col rond et la jupe à plis comme la face émergée d’un iceberg de traditions. Traditions que Gustave Flaubert avait tenté de dynamiter avec son Madame Bovary. Traditions que les cinéastes de la Nouvelle Vague (et leurs héritiers) cultivent. À propos de sa Fleur du mal, énième tableau de la bourgeoisi­e de province sorti en 2003, Claude Chabrol disait ainsi : “Ce qui caractéris­e, pour moi, la bourgeoisi­e, outre le goût de la possession, c’est le refoulemen­t de la bestialité sous des dehors policés.” L’hiver sera animal.

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