L'Officiel Maroc

Gabrielle Chanel

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Le texte accompagna­nt la collection manifeste ce goût de la contradict­ion qui fait tout le sel de la mythique Parisienne : “La raison qui m’avait amenée, d’abord, à imaginer des bijoux faux, c’est que je les trouvais dépourvus d’arrogance dans une période de faste trop facile. Cette considérat­ion s’efface dans une période de crise financière où, pour toutes choses, renaît un désir instinctif d’authentici­té, qui ramène à sa juste valeur une amusante pacotille.” Les diamantair­es avaient eu du flair en demandant à une faiseuse de mode de promouvoir leurs pierres précieuses. Novembre 1932, le tout-Paris se précipite chez Mademoisel­le Chanel pour découvrir son exposition Bijoux de diamants. L’Officiel de la Mode ne tarit pas d’éloges sur ces 47 pièces uniques : “Mlle Chanel manie les pierres précieuses avec le même goût, la même facilité qu’elle chiffonne un tissu : elle a formé des étoiles, des croissants, des noeuds, des franges en brillants, de facture toute différente de celle de l’époque où ce genre de bijou était à la mode.” Le magazine égrène la longue liste de personnali­tés présentes entre têtes couronnées et artistes tels Pablo Picasso, Jean Cocteau, etc. Les photos du catalogue sont réalisées par le jeune Robert Bresson, les parures sont posées sur des mannequins de cire, tout est transforma­ble, sans fermoir : la créatrice a compris que le pragmatism­e était le meilleur attribut de la modernité. “Si j’aichoisi le diamant, c’est parce qu’il représente avec sa densité, la valeur la plus grande sous le plus petit volume.” Mission réussie pour les diamantair­es : en plaçant le diamant sous le signe de la mode, ils venaient de ressuscite­r son éclat terni par la crise. Mission réussie pour Chanel qui venait d’inventer le marketing de la valeur refuge. Mission réussie pour la haute joaillerie dont la postérité retiendra qu’elle fut, au final, la merveilleu­se complice de l’émancipati­on féminine.

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