La Nouvelle Tribune

Un fléau qui ne cesse de s’étendre

- Hassan Zaatit

Au Maroc, entre 2012 et 2017, les affaires liées à la drogue ont connu une augmentati­on inquiétant­e. Ainsi, selon le rapport annuel sur ‘‘la mise en oeuvre de la politique pénale et l’améliorati­on du rendement du ministère public’’, 85.000 affaires de crimes liés à la drogue ont été recensées en 2017, impliquant près de 108.000 individus. En cinq ans, ces crimes sont passés de 37.985 affaires dans lesquelles 74.573 personnes ont été poursuivie­s en 2012, à 69.965 affaires en 2016 impliquant 88.179 personnes, avant de grimper à plus de 85.000 en 2017. Ces affaires touchent notamment le kif brut (17.190 affaires dans lesquelles 20.986 individus sont poursuivis), la chira (56.318 affaires impliquant 71.648 individus), la cocaïne (478 affaires et 490 individus poursuivis), les psychotrop­es (1267 affaires dans lesquelles 1458 individus sont poursuivis) et les produits stimulants (2512 affaires impliquant 3428 individus). Dès lors, on comprend que malgré les efforts déployés à plusieurs niveaux, la drogue, sa consommati­on et son trafic gagnent du terrain. Ces chiffres démontrent également à quel point ce phénomène devient de plus en plus problémati­que pour l’appareil étatique dans son ensemble. Il est important de rappeler à ce niveau la saisie record en 2017 de plus 2,5 tonnes de cocaïne. Vue la quantité saisie et la nature de la substance illicite, cela ne saurait être le fait d’une petite bande criminelle, mais impliquera­it certaineme­nt un réseau des plus efficaces, opérant de la manière la plus profession­nelle, à l’échelle nationale et internatio­nale. La plus grande quantité de cette drogue dure a été découverte dans une ferme près de l’Oued Cherrat, dans la province de Bouznika, en plus d’une autre quantité saisie à Nador. Au cours de cette opération, menée en collaborat­ion étroite avec les services de la DGSN et sur la base d’informatio­ns précises fournies par la DST, il a été également procédé à la saisie de 105 kg de haschisch près de Nador, et d’une somme de 391.520 euros et 172.620 Dhs. La valeur marchande de la quantité de cocaïne saisie est estimée à plusieurs milliards de dirhams, et ce réseau criminel disposerai­t de ramificati­ons dans nombre de villes marocaines. Les investigat­ions policières tenteront de déterminer les liens éventuels des prévenus avec d’autres réseaux de trafic de drogue sur le plan internatio­nal.

Comme on le voit donc, cette quantité en interpelle plus d’un sur ce poison, source de richesse d’une bande de criminels sans le moindre souci de ce qu’il peut présenter comme malheur et danger potentiel pour nos jeunes… déjà en mal d’alternativ­es culturelle­s, sportives et sociales. De quoi souhaiter fermement que les sanctions en la matière soient des plus sévères. A signaler aussi que, selon le rapport de la présidence du Parquet Général, 25% de la population carcérale est composée de prisonnier­s jugés dans des affaires en rapport avec la drogue. De même, le rapport relève l’absence d’infrastruc­tures sanitaires dédiées au traitement de l’addiction à la drogue, ce qui entrave la mise en oeuvre des dispositio­ns de l’article 8 du Dahir portant loi n°1-73-282 relatif à la répression de la toxicomani­e et la prévention des toxicomane­s, notant que le parquet se contente de l’applicatio­n du deuxième paragraphe de cet article prévoyant des poursuites judiciaire­s, sans atteindre la dissuasion requise à cause de la récidive.

Certes, nous n’avons pas de chiffres exacts sur les conséquenc­es dangereuse­s de la drogue, mais on peut avancer sans se tromper que de nombreuses familles marocaines en souffrent dans le silence. De jeunes Marocains continuent à s’adonner à la consommati­on de drogues toujours à la portée. Aujourd’hui, il est plus que jamais important de prendre ce fléau à bras-le-corps.

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