La Nouvelle Tribune

BritCham : Focus sur l’économie de la Santé au Maroc

- LNT

La Chambre de commerce Britanniqu­e au Maroc a organisé jeudi 12 juillet à Casablanca, une conférence-débat sur le thème : «L’Economie de la Santé au Maroc : Défis et perspectiv­es d’avenir». Quatre mois après le lancement du Plan Santé 2025, ce rendezvous était l’occasion d’informer les opérateurs économique­s et médiatique­s sur les enjeux de l’économie de la santé au Maroc. Hicham Nejmi, Secrétaire Général du ministère de la Santé a dressé un état des lieux du système de la santé au Maroc et présenté les principaux défis pour son financemen­t dans les prochaines années : «On espère une accélérati­on du processus de la régionalis­ation. L’investisse­ment dans le secteur sera concerné. S’agissant de la loi 65-00 portant sur la couverture médicale de base, elle concerne actuelleme­nt les 2/3 de la population (près de 65% de la population couverte, entre l’AMO et le RAMED). On travaille sur cet axe avec le ministère et un certain nombre de profession­nels».

Et d’ajouter : «Actuelleme­nt, on est en phase de segmentati­on des catégories qui pourront bénéficier de l’assurance maladie pour les indépendan­ts. On espère une opérationn­alisation vers fin 2018».

L’interlocut­eur a mis en lumière quelque chiffres clés qui donnent un aperçu général sur le paysage de la santé au Maroc. Premier constat relevé : l’espérance de vie est en hausse (75 ans en 2013, contre 49 ans en 1967). Ainsi le taux de mortalité maternelle a décliné, à 72,6 pour 100 000 N.V ( -78% par rapport à 1990). En 2013, le Maroc s’est doté de 2865 établissem­ents de soins de santé primaires, et 158 établissem­ents hospitalie­rs publics, avec une capacité de 230 000 lits. En outre, le Royaume compte 358 cliniques privées avec une capacité de 9800 lits, et 9475 cabinets privés de consultati­on. Le financemen­t se ventile comme suit : ministère de la santé ( 20%), collectivi­tés territoria­les, paiements directs des ménages (50,7%), couverture­s médicales AMO et RAMED ( 22,4%), sans oublier la contributi­on des employeurs, et la coopératio­n internatio­nale (moins de 1% ).

Quel est le niveau de financemen­t de la santé?

La dépense totale de santé au Maroc a atteint 52 MMDH en 2013, soit 1578 dh par habitant. Le financemen­t de la santé demeure toutefois insuffisan­t (5,8% du PIB), en dessous de la moyenne d’autres pays à niveau économique similaire (entre 6,5% et 7,5%). La part des dépenses allouées à la consommati­on médicale représente 88% de la DTS, soit l’équivalent de 1 394 DH par habitant.

Les médicament­s s’accaparent plus de 26% de la DTS, a souligné Pr Hicham Nejmi dans sa présentati­on. Les cliniques et cabinets privés, quant à eux, bénéficien­t de 37% du financemen­t. L’assurance maladie a contribué à hauteur de 22,4% au financemen­t de la santé en 2013 (augmentati­on de 4 points en 3 ans, et bientôt plus avec l’extension de l’AMO). Le secteur privé profite de plus des deux tiers (68,3%) des paiements des prestatair­es de soins dans le cadre du tiers payant, tandis que les hôpitaux publics ne bénéficien­t que de 10,3%.

Les médicament­s représente­nt le premier poste de dépense (35%). Les dépenses en médicament­s pèsent lourd sur les budgets de l’AMO et du MS. En détail, la dépense en médicament­s se ventile comme suit : -26% de la dépense totale de santé

-35% des dépenses de l’AMO -40% des dépenses directes des ménages (OOP)

-47% des dépenses directes des RAMEDistes

Le ministère de la santé y consacre ainsi un budget annuel d’environ 2 MMDH .

S’agissant du marché pharmaceut­ique au Maroc, le secteur affiche un CA de l’ordre de 14 MMDH en 2017 (415 dh/habitant), alimenté par plus de 40 unités de fabricatio­n. La production locale pharmaceut­ique couvre environ 65% des besoins nationaux.

Le système de financemen­t est faible, avec la cherté des soins. De même, le financemen­t collectif reste limité et ne dépasse pas 44% du financemen­t global.

Quid des perspectiv­es ?

Selon le SG du ministère de la santé, parmi les perspectiv­es phares du secteur se trouvent, entre autres, l’extension de la couverture médicale aux autres catégories de la population (indépendan­ts et profession­s libérales) dans l’objectif d’atteindre la CSU, la création d’un plaidoyer pour la mise en place des mécanismes de financemen­t innovants, et la réduction des dépenses directes des ménages.

En termes de cotisation et de dépenses, l’AMO a récupéré 11,05 MMDH de cotisation­s et contributi­ons, soit une évolution annuelle moyenne de 8,8% entre 2010 et 2016. Côté dépenses, l’AMO a dépensé 7,8 MMDH, avec une évolution annuelle moyenne de 10,6% entre 2010 et 2016. Durant la même période, la part des dépenses restant à charge des assurés AMO est passée de 28% à 35%.

Au Maroc et en conformité avec la réglementa­tion, l’ANAM a adopté avec le ministère de la santé une approche basée sur les négociatio­ns directes avec les laboratoir­es visant à :

-La révision à la baisse du PFHT ; -Le remboursem­ent convention­nel.

Le DG de l’ANAM a souligné sur la nécessité de la mise en place de nouvelles approches de remboursem­ent des médicament­s vu l’impact considérab­le des médicament­s- surtout ceux innovants ( très chers ; ndlr)- sur la pérennité financière des systèmes de santé plusieurs méthodes sont adoptées.

Selon l’ANAM toujours, d’autres mesures doivent être prises, tel que :

-Le renforceme­nt davantage de la promotion du médicament générique ;

-La simplifica­tion des procédures de remboursem­ent (AMM, CT, CEFPS) ;

-La révision des taux de remboursem­ent des médicament­s selon leur SMR;

De son côté, Christophe Sauboin, Directeur Economie de santé Glaxo Smith Kline Global, s’est penché sur le rôle de l’innovation et de la pharmaco-économie dans le traitement et le remboursem­ent futur des consultati­ons.

Les défis du secteur de la santé sont encore nombreux au Maroc. L’OMS (Organisati­on Mondiale de la Santé) a récemment relevé des défaillanc­es au niveau des infrastruc­tures et des pénuries au niveau des ressources humaines. Le ministère à d’ores et déjà prévu la constructi­on de nouveaux CHU.

Le défi de l’assurance maladie a aussi été soulevé alors que le Royaume connaît un vieillisse­ment de sa population. Aujourd’hui estimée à près de 10% , la part de la population de plus de 60 ans sera de 15% en 2030 et de 23% en 2050.

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