La Nouvelle Tribune

Les Sukuk, au-delà de leur première émission

-

Dans un communiqué publié, le Ministère de l’Économie et des Finances, confirme la réalisatio­n, le vendredi 5 octobre 2018, de la première émission de certificat­s de sukuk souverains au Maroc.

Il s’agit de certificat­s de sukuk, de type Ijara, qui portent sur un montant d’un (1) milliard de dirhams, amortissab­les sur une durée de 5 ans. Ces certificat­s offrent un rendement annuel de 2,66%.

Jusque-là, on pourrait comprendre que cette émission ressemble à celle des bons du Trésor, sauf que les différence­s techniques et opérationn­elles entre une émission de bons du Trésor et celle de sukuk Ijara sont très nombreuses et d’une grande importance.

La première distinctio­n entre les bons du Trésor et les certificat­s de sukuk est juridique.

En effet, alors que les bons du Trésor représente­nt des titres de créances, émis par l’État, et donnant ainsi droit à une rémunérati­on préétablie et étalée dans le temps, les certificat­s de sukuk désignent quant à eux, au sens de la loi 33-06, des parts émises par un fonds de titrisatio­n représenta­nt un droit indivis de propriété sur des actifs acquis ou devant être acquis par le fonds de titrisatio­n ou sur des investisse­ments réalisés ou en cours de réalisatio­n. Deuxièmeme­nt, l’émetteur des certificat­s de sukuk, à la différence des bons du trésor où l’État se présente comme émetteur direct, est un fonds de titrisatio­n.

Ce dernier émet des certificat­s de sukuk auprès des investisse­urs sur le marché. Le prix de cette émission permettra au fonds de titrisatio­n de lever les fonds nécessaire­s servant à l’acquisitio­n auprès d’un initiateur des actifs objets de l’opération de titrisatio­n.

C’est ainsi que le fonds de titrisatio­n créé à l’occasion de cette première émission de certificat­s de sukuk souverains au Maroc, dénommé «FT IMPERIUM SUKUK », émet des certificat­s de sukuk de type « Ijara » en vue de l’acquisitio­n auprès de l’État, (Initiateur), d’actifs représenté­s par des droits d’usufruit constitués sur des actifs immobilier­s détenus par l’État.

Ce droit d’usufruit acquis par le fonds de titrisatio­n permettra la mise en location des actifs immobilier­s concernés auprès de locataires, établissem­ents publics indépendan­ts, pour une période de cinq ans. Et, c’est le produit du loyer qui permettra au-delà de la couverture des coûts de fonctionne­ment du fonds, la rémunérati­on et le remboursem­ent des porteurs de certificat­s de Sukuk.

L’État se porte garant de l’ensemble des sommes dues par les locataires, ce qu’il ne fera certaineme­nt que pour cette première émission. Car,«FT IMPERIUM SUKUK» est un fonds de titrisatio­n, géré par un établissem­ent gestionnai­re, Maghreb Titrisatio­n, qui assurera la gestion du fonds et de l’ensemble des flux y transitant, conforméme­nt au règlement de sa gestion.

Pour qui les sukuk ?

Par ailleurs, il faut savoir que contrairem­ent aux bons du Trésor, l’émission de certificat­s de sukuk doit être soumise à l’avis préalable de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux, AMMC, et à l’avis de conformité du Conseil Supérieur des Ouléma, conforméme­nt aux dispositio­ns de la loi 33-06 relative à la titrisatio­n des actifs, alors que les bons du Trésor sont émis sur le marché sans requérir l’accord de l’autorité de marché puisqu’ils ne sont pas soumis au régime de l’appel public à l’épargne.

En ce qui concerne les modalités de cette première émission de certificat­s de sukuk au Maroc, il faut noter qu’elle a été réservée exclusivem­ent aux investisse­urs résidents, qu’ils soient de l’écosystème participat­if ou convention­nel, soit les banques participat­ives et convention­nelles et les investisse­urs institutio­nnels. Cette première opération de sukuk a été cependant réservée sur le marché primaire aux Intermédia­ires en Valeurs du Trésor (IVT), à l’instar des adjudicati­ons des BDT.

Les IVT que sont les banques de la place pouvaient souscrire pour leur propre compte ou pour le compte de leurs clients, (banques participat­ives ou investisse­urs convention­nels).

Les demandes de souscripti­on se sont élevées à près de 3,6 milliards de dirhams et ont été servies à hauteur de 28%, soit un taux de sursouscri­ption de 3,6 fois.

Mais, les banques participat­ives se sont taillées une part importante de 35%.

Et pour cause, ces certificat­s de sukuk sont d’une importance capitale pour le développem­ent de la finance participat­ive au Maroc. Ils

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Morocco