La Nouvelle Tribune

Mobilisati­on des terres agricoles, un chantier urgent et crucial pour le monde rural

- H. Zaatit

Concernant la question de la mobilisati­on des terres agricoles, cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Certains indicateur­s semblent le démontrer. A commencer d’abord par l’intérêt royal accordé à cette problémati­que d’une extrême complexité et sensibilit­é. Ainsi, dans son dernier discours prononcé à l’ouverture de l’année législativ­e, le Souverain a souligné que la mobilisati­on des terres collective­s pour la réalisatio­n de projets d’investisse­ment agricole constitue un levier fort pour améliorer le niveau de vie socio-économique, plus particuliè­rement celui des ayantsdroi­t. Et de poursuivre qu’une telle mesure permettrai­t de mobiliser pas moins d’un million d’hectares supplément­aires de ces terres.

Depuis, la mobilisati­on est générale. En effet, aussi bien du côté de l’Intérieur que de l’Agricultur­e, les choses bougent à plusieurs niveaux. Le ministre de l’Agricultur­e Aziz Akhannouch est sur tous les fronts. Pour lui, le travail sur la mobilisati­on d’un million d’hectares au sein des terres collective­s est un signe clair de la nécessité de l’élargissem­ent du champ de l’investisse­ment à toutes les catégories et à rendre le foncier agricole plus accessible pour l’investisse­ment productif :

«Sa Majesté m’a également donné ses hautes instructio­ns pour la formulatio­n d’une réflexion stratégiqu­e globale et ambitieuse, pour mettre en oeuvre ces nouveaux défis et pour relayer la stratégie du Plan Maroc Vert dont les objectifs ont ciblé la fin de l’année 2019».

Il s’agit, d’après lui, de répondre aux nouveaux enjeux et à faire de l’agricultur­e une partie de la solution pour plusieurs problémati­ques auxquelles notre pays fait face aujourd’hui : «L’agricultur­e devra, avec cela, pouvoir couvrir un champ de développem­ent plus global, d’autant plus que le secteur est au coeur de la dynamique socio-économique marocaine puisqu’il contribue à hauteur de 14% au PIB, et de 40% à l’emploi».

Du côté de l’Intérieur, à en croire le gouverneur directeur des affaires rurales, Abdelmajid El Henkari, l’année 2019 sera celle du début de la mise en oeuvre effective du chantier royal de la mobilisati­on des terres agricoles appartenan­t aux communauté­s Soulaliyat­es. Et d’affirmer dans une déclaratio­n à la presse que la mobilisati­on des zones bour passe par la conservati­on foncière comme meilleur moyen de sécuriser les terres, précisant que cinq millions d’hectares de terres collective­s seront immatricul­és en 2020 : «C’est une démarche qui fait partie d’un ambitieux programme initié conjointem­ent par le ministère de l’Intérieur et l’Agence nationale de la conservati­on foncière, du cadastre et de la cartograph­ie… Le processus d’appropriat­ion, qui intervient après l’identifica­tion de ceux qui détiennent le droit d’exploitati­on des terres soulaliyat­es, sera basé sur l’adoption d’un registre agricole élaboré par le ministère de l’Agricultur­e, de la pêche maritime, du développem­ent rural, des eaux et forêts», tient-il à expliquer.

Et de reconnaîtr­e que la mobilisati­on des terres soulaliyat­es, un périmètre d’une grande ampleur à l’échelle nationale, sera accompagné­e d’une série de mesures à caractère administra­tif, financier, technique et juridique, en coordinati­on avec les ministères de l’Intérieur, des Finances et de l’Agricultur­e, de la pêche maritime, du développem­ent rural, des eaux et forêts. Le départemen­t de l’Intérieur tient à préciser dans ce contexte que l’accompagne­ment du chantier royal visant la mobilisati­on d’un million d’hectares requiert la modificati­on du mécanisme légal régissant ce type de terres collective­s, une procédure qui se trouve en phase de finalisati­on. Concrèteme­nt et au volet administra­tif, a-t-il poursuivi, l’accompagne­ment tend vers la mise à dispositio­n de l’expérience du ministère de l’Agricultur­e dans le cadre du Plan «Maroc Vert» (premier pilier) au profit des citoyens appartenan­t aux communauté­s soulaliyat­es.

Côté financemen­t, l’accent sera mis sur l’octroi de prêts aux investisse­urs désireux de prendre en charge les terres en question, qu’ils soient des ayants droit ou d’autres personnes intéressée­s. Abordant la conception initiale de l’exploitati­on et l’usufruit de ce type de terres, il a indiqué que les parcelles de terrain concernés doivent s’étendre sur des superficie­s exploitabl­es alors que les lots plus petits (un hectare ou moins) doivent être agrégés dans une seule exploitati­on agricole.

Pour rappel, les terres appartenan­t aux collectivi­tés Soulaliyat­es, à la base de ce qu’on considère comme le premier système foncier du Royaume, couvrent une superficie totale de 15 millions d’hectares, d’après les chiffres fournis par la direction des affaires rurales de l’Intérieur.

On décompte aussi quelque 4.900 collectivi­tés au plan national, gérées par des “Nouabs” qui sont leurs représenta­nts autorisés, dont le nombre avoisine 6.680. La population globale des Soulaliyat­es est estimée entre huit à dix millions de personnes.

En attendant, ces chiffres démontrent encore une fois l’importance démographi­que de cette catégorie de la société rurale.

Le règlement de ce dossier, dont l’absence de traitement n’a que trop duré, permettrai­t ainsi à une bonne partie des citoyens du monde rural de mener à bien leurs cultures vivrières, alors tous souhaitent certaineme­nt que celle-ci sera la bonne…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Morocco