Hommage à trois artistes marocaines d’exception
La Fondation Nationale des Musées du Maroc (FNMM) organise une exposition croisée intitulée «Chaïbia Talal, Fatima Hassan El Farrouj, Radia Bent Lhoucine : voyage aux sources de l'art» où pour la première fois, trois grandes artistes autodidactes sont réunies.
Liées par une même appartenance identitaire, les oeuvres de ces artistes pionnières de l’expression artistique spontanée au Maroc sont exposées au Musée Mohammed VI d’art Moderne et Contemporain jusqu’au 23 janvier 2019.
«Après avoir exposé des noms comme Picasso, Dali, Matisse ou d’autres, le plus grand musée du Maroc et d’Afrique a décidé d’exposé 3 artistes femmes marocaines d’exception qui ont plusieurs points en commun… Les oeuvres exposées ont été réunies grâce au concours de collectionneurs privés amis du musée et des artistes marocains qui ont foi dans ce que nous faisons», a tenu à préciser Mehdi Qotbi, Président du FNMM, lors d’une conférence de presse organisée lundi 22 octobre au musée.
Liées par une même appartenance identitaire, ces artistes sont toutes trois d’une origine rurale imprégnée de la tradition orale, et des savoir-faire traditionnels liés à l’artisanat et aux arts populaires.
«Si nous exposons aujourd’hui ces trois artistes des années 60, c’est pour rendre hommage à des femmes artistes issues d’un milieu rurale, et qui, arrivées à Casablanca et à Rabat ont été confrontées à un autre Maroc, plus moderne, etc. Et comment ces femmes vont dépasser la narration, la tradition orale pour travailler sur un support artistique et comment elles vont s’inspirer de leur culture et la présenter au public international», explique Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain, également commissaire de l’exposition. Ces artistes ont par ailleurs toutes exercé une certaine forme de lutte pour l’émancipation des femmes à travers l’art, bien que leur initiation à la couleur et à la matière se soit faite grâce au contact avec des artistes académiques, que ce soit le fils pour le cas de Chaïbia et Radia Bent Lhoucine, ou de l’époux artiste peintre pour le cas de Fatima Hassan, explique M. El Idrissi. Ainsi, n’ayant accédé à la formation artistique que de manière discontinue et empirique, leur autodidaxie leur a permis, avec intelligence et finesse, de donner naissance à un art non académique. «Ce qui nous intéresse aussi dans le travail de ces trois femmes, c’est le parcours qui va se développer différemment, l’une s’arrêtera dans les années 70, l’autre continuera jusqu’aux années 2000 et une autre vivra jusqu’en 2011… C’était intéressant pour nous d’évoquer cette problématique des artistes spontanés apparue durant les années 70 et qui a donné naissance à une expression artistique forte qui a permis aux Marocains d’exposer à l’échelle planétaire», précise le commissaire de l’exposition.