La Nouvelle Tribune

Les PPP, un atout pour le développem­ent de l’Afrique

- A. Loudni

La seconde édition du Forum PPP Afrique s’est tenue les 12 et 13 novembre 2018 à Casablanca, sous le thème : «Promouvoir l’agricultur­e et les technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion (TIC) en Afrique grâce aux Partenaria­ts Public-Privé (PPP)».

Ce forum fait suite à celui tenu en 2017 à Paris, qui a rassemblé plus de 300 cadres et décideurs africains et européens. Une vingtaine de panelistes et intervenan­ts internatio­naux ont pris part à cette deuxième édition pour analyser le rôle des PPP dans la transforma­tion numérique et la production agricole en Afrique. S'exprimant lors de la cérémonie d’ouverture, Daouda Coulibaly, Président du Forum PPP Afrique, a souligné que cet événement a pour ambition de créer un environnem­ent favorisant un dialogue productif entre décideurs et acteurs clés des secteurs publics et privés. «La mise en jeu des PPP requière une solide organisati­on au niveau de l’Etat pour gérer le processus de bout en bout. C’est dans cette logique que ce forum se fixe pour mission d’aider les Etats à mieux prendre en compte cette dimension d’organisati­on tout en se reposant sur l’expertise d’acteurs privés expériment­és», a -t-il déclaré.

Dans cette optique, l’expérience du Maroc dans la mise en place des partenaria­ts public privé ainsi que le savoir-faire des entreprise­s marocaines dans ce domaine ont été mis en avant. Najat Saher, directrice adjointe DEPP au ministère de l’Economie et des Finances, a rappelé que le Maroc a, depuis plusieurs années, eu recours aux contrats de PPP dans la réalisatio­n de projets de grandes envergures aussi bien à l’échelle nationale que dans le cadre de la coopératio­n Sud-Sud.

«Les PPP consacrent un changement culturel entre le secteur public et le secteur privé se traduisant par une mutualisat­ion des ressources et un partage des risques pour fournir un service public de qualité et sur une plus longue durée. Et il faut surtout que ce soit une relation gagnant-gagnant pour toutes les parties concernées», a souligné Mme Saher.

Pour elle, le recourt aux PPP répond à des besoins de financemen­t croissants pour accélérer l’améliorati­on de l’offre publique en infrastruc­ture des services, renforcer la compétitiv­ité et l’attractivi­té des pays africains et améliorer surtout les conditions de vie des citoyens, dans un contexte mondial caractéris­é par la persistanc­e des fragilités économique­s et financière­s.

«C’est dans ce cadre que le Maroc a fait le choix d’identifier ses chantiers de réforme pour un partenaria­t équilibré entre les secteurs publics et privés. Ainsi des stratégies sectoriell­es ont été engagées et des projets structuran­ts ont été lancés en partenaria­t et avec l’appui du secteur privé», a-t-elle affirmé.

Pour sa part, Mohamed Bourrahim, Vice-Président du Conseil de la Commune de Casablanca en charge de la mobilité, a souligné que Casablanca est la première ville au Maroc à avoir adopté la démarche PPP : «La ville blanche a signé, durant les années 80 les premiers contrats de concession du transport par bus avec les opérateurs privés. Ce partenaria­t avec le privé n’a cessé de se développer et a vu l’extension à d’autres secteurs sous d’autres formes de gestion, notamment la gestion déléguée», a-t-il précisé. M. Bourrahim a invité les participan­ts à imaginer d’autres formes de partenaria­ts qui se basent sur le principe du winwin et qui donnent la priorité à la qualité du service rendu au citoyen. «Pour cela, nous devons impliquer les population­s dans tout partenaria­t et devons aujourd’hui parler des 4P au lieu des 3P : partenaria­t public privé population… Tout projet qui n’implique pas la population ne sera pas réussi», a-t-il conclu.

De son côté, Mohamed Methqal, Directeur Général de l’Agence Marocaine de Coopératio­n Internatio­nale (AMCI) a relevé 4 points essentiels à la réussite des PPP au niveau des pays africains à savoir : la volonté politique, un cadre juridique claire pour donner confiance à l’investisse­ur privé, un cadre contractue­l qui va lier les différents partenaire­s et enfin de bonnes conditions de financemen­t.

Les PPP et l’agricultur­e

Le besoin d’investisse­ment en infrastruc­ture sur le continent africain est estimé à plus de 100 milliards de dollars par an par la Banque Mondiale. «C’est un gros besoin et il se trouve que malheureus­ement jusqu’ici les états africains n’arrivent pas à combler la moitié de ce besoin. L’agricultur­e et les TIC n’échappent pas à ce déficit d’infrastruc­ture constaté en Afrique, en dépit des immenses potentiali­tés dont regorge le continent sur ces deux secteurs», a soulevé Daouda Coulibaly.

Au niveau de l’agricultur­e, il est à noter que l’Afrique dispose des plus grandes réserves de terres arables au monde. Cependant, la majorité de celles-ci demeure inexploité­e. «Nous sommes convaincus que l’Afrique peut opérer son développem­ent par le biais d’une révolution verte comme il a été le cas au Maroc », a souligné M. Coulibaly.

Les pays africains et notamment subsaharie­ns, ne consacrent en moyenne que 5% de leurs budgets nationaux au secteur de l’agricultur­e au lieu des 10% conformes aux engagement­s pris en 2014 à Malabo. Et rares sont les pays qui sortent du lot. Dans ce sens, il convient de saluer les efforts du Mali qui consacre 15% de son budget national à l’agricultur­e.

«Il faut que l’Afrique considère l’agricultur­e comme un secteur prioritair­e et nous sommes persuadés que le privé peut aider à financer ce secteur», a déclaré le président du Forum.

Najat Saher a de son côté rappelé la riche expérience dont jouit le Maroc en matière de PPP dans le secteur agricole avec comme exemple réussi, le projet de Sebt Guerdane dans la province de Taroudant, qui était le premier projet PPP au Maroc. Cependant, elle a souligné que le PPP n’est pas un outil miracle, et que son succès dépend fortement de «la qualité de la préparatio­n des projets, de la clarté des dispositio­ns des contrats conclus et de la convergenc­e des attentes des partis concernés en l’occurrence le citoyen, l’Etat et le secteur privé en termes de qualité de service, d’optimisati­on des coûts et de rentabilis­ations des investisse­ments.»

Le Forum s’est conclu par l’annonce d’un partenaria­t entre le Forum PPP Afrique et l’AMCI. Sur recommanda­tion du Roi Mohammed VI, le Maroc à travers l’AMCI va entreprend­re un cycle de séminaires sur les PPP afin de partager son expérience avec les États africains sur ce sujet. Ces séminaires s'articulero­nt autour de formations et de visites d'entreprise­s. Le 1er séminaire aura lieu en avril 2019 au Maroc et regroupera une vingtaine de décideurs et de secrétaire­s généraux de ministères de l'économie et des finances de 20 pays subsaharie­ns.

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