La Nouvelle Tribune

Genève-Sahara-ONU : chronique d’un échec annoncé

- Fahd YATA

Al’approche de la réunion quadripart­ite de Genève, (Maroc, Algérie, Mauritanie et séparatist­es du polisario), prévue pour la première semaine de décembre, et convoquée par l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, M. Horst Köhler, on perçoit aisément que cette «table ronde consultati­ve» va droit au mur, tant les positions de certains des protagonis­tes sont figées et rigides, exprimant clairement leur refus obstiné d’une solution politique et négociée de la question du Sahara occidental marocain.

L’Algérie dans le déni

En effet, parce que la dernière résolution du Conseil de Sécurité fait obligation à l’Algérie (et à la Mauritanie) de participer à ces consultati­ons exploratoi­res, les dirigeants algériens ne peuvent cacher leur gêne d’être ainsi directemen­t désignés comme partie prenante au règlement de ce conflit.

Cela est tellement vrai que la presse algérienne, aboyeuse en diable, n’a de cesse d’écrire que l’Algérie se rendra à la réunion sur les bords du lac Léman en tant qu’«observateu­r» alors que la résolution onusienne d’avril 2018, puis celle d’octobre de la même année, exigent explicitem­ent l’implicatio­n de l’Algérie (et de la Mauritanie) dans la recherche d’une solution acceptable par toutes les parties !

Et c’est à travers le prisme de cette position bornée, qui veut cacher l’ingérence directe du pouvoir algérien depuis plus de quarantetr­ois ans pour empêcher l’accompliss­ement définitif du processus de recouvreme­nt de l’intégrité territoria­le du Royaume, qu’il faut apprécier l’attitude d’Alger envers l’offre généreuse et ouverte d’un dialogue bilatéral, présentée par le Roi Mohammed VI lors du discours du 6 novembre 2018. Cette «main tendue», proposée ouvertemen­t devant le peuple marocain et l’opinion internatio­nale, n’a, à ce jour, reçu aucune réponse officielle de l’Algérie.

Motus et bouche cousue

Bien au contraire, elle a été qualifiée de « non-événement » par une source diplomatiq­ue anonyme d’Alger, position complaisam­ment étalée dans tous les titres de presse de ce pays et dont les commentair­es anti-marocains furent particuliè­rement virulents en cette occasion. Et, pour montrer que « la bergère méritait quand même une réponse du berger », le régime du Président Bouteflika proposa une réunion des ministres des AE des cinq États composant l’Union du Maghreb Arabe.

Une façon évidente de « botter en touche », sachant que l’UMA est en situation de coma avéré depuis des lustres et que trente-trois précédente­s sessions ministérie­lles n’ont point permis aux États membres d’avancer d’un centimètre dans la concrétisa­tion de l’idéal maghrébin commun.

Car, au demeurant, comment songer à relancer l’UMA alors que ses deux principaux membres vivent une période de glaciation bilatérale depuis plusieurs années ? Nonobstant cette triste évidence, le Royaume du Maroc a néanmoins marqué son accord de principe d’une telle réunion…

À l’opposé, l’offre du Maroc d’instaurer un dialogue ouvert et franc entre Alger et Rabat se voulait et se veut toujours comme un moyen concret d’aborder les divergence­s, de discuter des problèmes de fond, sans tabou, sans restrictio­n, sans impasse, sur tous les dossiers en suspens.

Belote et rebelote

Et c’est justement pour marquer cette volonté de dialogue que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopératio­n, M. Nacer Bourita a convoqué tout récemment l’ambassadeu­r d’Algérie à Rabat pour lui réitérer l’offre royale.

Mais, n’allons pas croire pour autant que le Royaume, qui sait parfaiteme­nt à quoi s’en tenir sur l’entêtement buté de l’Algérie dans son appréhensi­on de nos relations bilatérale­s, s’attend encore à une réponse positive de son voisin de l’Est !

La diplomatie marocaine, comme notre opinion publique et tous les observateu­rs pertinents n ‘ignorent pas qu’en l’absence d’évolution ou de changement au sein même des cercles dirigeants algériens, rien de nouveau ou de positif ne viendra annoncer une avancée ou une améliorati­on entre les deux pays.

Ces constats, regrettabl­es au demeurant parce qu’affectant deux peuples voisins et frères, donnent donc pour conséquenc­es une prévision et une certitude. La prévision énonce que la rencontre de Genève des 5 et 6 décembre prochains risque fort d’être purement formelle et protocolai­re, et ce quel que sera le niveau de la représenta­tion marocaine. La certitude, malheureus­ement, veut qu’il n’y ait pas de progrès sur cette question pendante à l’ONU depuis 1975 (et même avant !), tant que l’Algérie campera sur sa position d’obstructio­n systématiq­ue.

Alors, sommes-nous partis pour une «guerre de Cent ans» ?

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