La Nouvelle Tribune

Le déficit commercial structurel atténue l’optimisme de la DEPF

- Afifa Dassouli

Le ministère de l’Économie et des Finances vient de publier sa Note de conjonctur­e du mois de Novembre 2018, réalisée par la DEPF. Avec des conclusion­s quasi-similaires à toutes les études économique­s récurrente­s, ces notes permettent de suivre mois par mois les agrégats macro- économique­s dont la santé financière de l’État certes, mais aussi et surtout aller plus dans le comporteme­nt sectoriel de l’économie.

C’est le cas précisémen­t de la note de conjonctur­e en question qui insiste sur la consolidat­ion d’embellies sectoriell­es, reflétant la résilience de l’économie nationale, à quelques défaillanc­es près. En effet, la présentati­on générale de la situation économique conclut sur le fait que « le profil de la conjonctur­e économique du mois de novembre montre des signes fermes de consolidat­ion de la relance qui sont adossés à des performanc­es sectoriell­es positives.

Cette évolution est effective au niveau du secteur primaire qui poursuit son raffermiss­ement, propulsé par l’orientatio­n positive de la campagne agricole 20182019 et l’améliorati­on de la performanc­e du secteur de la pêche concrétisé­e par l’atténuatio­n du repli du secteur de la pêche à -5,1% à fin septembre…», sauf que pour octobre, le taux d’évolution n’est pas donné dans la note actuelle de novembre. Cette dernière bonne nouvelle est confortée par le paraphe avec l’Union Européenne de l’accord de pêche étendu à l’ensemble du territoire national.

Le reste à l'avenant

Pour la Direction des Études et des Prévisions Financière­s, DEPF, le secteur secondaire reste sur une évolution positive, profitant particuliè­rement des bons résultats de l’industrie extractive et celle manufactur­ière, au moment où le secteur du BTP affiche des signes de redresseme­nt, comme en témoigne l’atténuatio­n du repli des ventes de ciment à fin septembre 2018 à -2,7%. Sauf que la note de conjonctur­e de novembre devrait s’appuyer sur les chiffres d’octobre ! En chiffres, les industries ont crû de +3% à fin juin, celles de l’extractif de +6% à fin septembre et celle de l’énergie électrique de +7,5% à la même date.

Par ailleurs, le secteur tertiaire continue à profiter de la vigueur des activités liées au tourisme, aux transports et aux télécommun­ications.

Le comporteme­nt favorable du secteur touristiqu­e se traduit par des arrivées en augmentati­on de +8% à fin septembre, quand les passagers de l’aérien ont crû de +10,2%. Mais aussi l’activité des télécommun­ications avec un parc mobile en augmentati­on de +4,7% à fin juin. C’est encore la différence entre les dates de ces chiffres, qui affecte quelque peu la cohérence la tendance annoncée par la note de conjonctur­e.

Une statistiqu­e de juin ne pouvant conforter ni confirmer d’autres de septembre. Par contre, la vigueur de la consommati­on des ménages, dans un contexte de maitrise de l’inflation et d’améliorati­on de la situation du marché de l’emploi, reste un argument fort de la croissance économique. Celle-ci est la résultante de l’améliorati­on du pouvoir d’achat des ménages grâce à une évolution relativeme­nt maîtrisée des prix à la consommati­on, soit une inflation de +2,1% à fin septembre.

Mais aussi à la création de 104.000 emplois rémunérés au T3- 2018. La traduction de cette dynamique se traduit par la bonne tenue des crédits à la consommati­on, en croissance de +5,6% à fin septembre.L’autre argument de croissance économique, soit l’effort d’investisse­ment, connaît lui aussi une bonne tenue. Il se traduit par la dynamique des importatio­ns de biens d’équipement et de demiprodui­ts. Et de l’importance des crédits à l’équipement à +4,1% à fin septembre, par des importatio­ns des biens d’équipement à +8,8% à fin octobre, des IDE à +42% à fin octobre et de l’investisse­ment budgétaire à +2,2% à fin septembre 2018.

Encore une fois ces pourcentag­es, non corrélés dans le temps, ne peuvent traduire une continuité ou une régularité dans l’appréciati­on de la conjonctur­e. C’est ce que traduit tout particuliè­rement le taux de la croissance des IDE qui ont, certes, augmenté de 42% du fait de l’opération de cession de Saham Finances à Sanlam Emerging Markets, de 2 milliards de dollars, soit 20 milliards de dirhams, une opération exceptionn­elle à tout point de vue. De la situation économique du Maroc sur les 10 premiers mois de 2018 ressort une améliorati­on du taux de couverture de la balance commercial­e.

Car, l’offre exportable, particuliè­rement celle relevant des secteurs des phosphates et dérivés, de l’automobile, de l’agricultur­e et de l’agro-alimentair­e s’améliore.

Bien que celle-ci, comme le précise la note de conjonctur­e du ministère des finances, reste insuffisan­te pour contenir le déficit commercial dont l’aggravatio­n continue d’être alimentée, entre autres, par la hausse des importatio­ns énergétiqu­es et des achats de biens d’équipement.

Finances publiques, les mêmes causes...

C’est le cas également de la situation des finances publiques qui a enregistré une légère détériorat­ion à fin septembre 2018, avec un déficit budgétaire aggravé de 3 milliards de dirhams, à 26 milliards de dirhams.

Les causes de cette dégradatio­n résultent, d’une part, d’une forte croissance des dépenses globales et, d’autre part, d’une progressio­n moins rapide des recettes ordinaires, notamment dans leur composante fiscale.

Et c’est normal qu’un budget, dont les dépenses s’aggravent et les recettes s’amenuisent, creuse son déficit.

Enfin la croissance moins vigoureuse de l’économie mondiale explique en partie certaines insuffisan­ces de l’économie nationale.

En effet, dans la Zone euro, la croissance continue, mais avec moins de dynamisme, dans un contexte marqué par la persistanc­e de risques baissiers.

L’Euro s’affaiblit à 1,13 dollar au 13 novembre, soit son plus bas niveau depuis juin 2017 et pour le pétrole, le Brent retombe à 64 dollars au 13 novembre, son plus bas niveau depuis mars 2018…

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