Le Groupe Al Omrane, véritable branche opérationnelle de l’Etat
Al Omrane s’est récemment illustrée en étant le premier organisme marocain à émettre un emprunt obligataire en Green & Social Bonds, pour un montant d’un milliard de dirhams, dont 500 MDH pour soutenir son plan de développement et 500 MDH pour refinancer à la fois des projets à impacts sociaux et des projets à impacts environnementaux. Dans la foulée du succès de l’opération, qui a été souscrite plus de 8 fois, le top management du groupe, avec à sa tête M. Badre Kanouni, Président du Directoire, a reçu la presse mercredi 21 novembre 2018 pour lui apporter plus de détails sur les objectifs d’Al Omrane à travers cette émission, ainsi que sur le groupe en lui-même, son développement, et ses ambitions à l’horizon 2020.
L’immobilier, mais pas seulement…
Si le Groupe Al Omrane est surtout connu au Maroc pour ses activités immobilières, ce ne sont pas là ses seules missions. En effet, le Groupe compte également parmi ses activités le développement territorial (villes nouvelles, pôles urbains, etc.), le traitement de toute forme d’insalubrité (recasement et relogement des populations bidonvilloises, réhabilitation du menaçant ruine…), et l’aménagement et la valorisation du foncier (mobilisation des réserves foncières publiques), explique M. Kanouni. Avec une urbanisation qui va grandissante – on estime que 5 à 6 millions de Marocains vont devenir urbains dans les prochaines années , Al Omrane réalise ainsi des projets lourds en investissements, dont certains affichent des durées de maturation très importantes (environ 25 ans pour les villes nouvelles, selon M. Kanouni), et se targue ainsi d’être le 1er opérateur public de l’habitat et de l’aménagement urbain. Et nous touchons là à l’une des caractéristiques les moins comprises du Groupe auprès du public marocain. En effet, en 2004, Al Omrane a été créée à travers la fusion des organismes publics Anhi, Attacharouk et Snec, pour prendre la forme d’une société anonyme. Mais le groupe ne pourrait être considéré comme un organisme privé pour autant. En effet, l’ensemble des réalisations d’Al Omrane sont le fruit de l’exécution de la politique de l’Etat. Sur ce point, M. Kanouni regrette les médisances de certains, qui avancent qu’Al Omrane est «favorisé» dans l’obtention des marchés, étant donné que le groupe est effectivement le bras opérationnel de l’appareil étatique dans ses politiques urbaines. D’ailleurs, son conseil de surveillance compte 7 ministères et est présidé par le Chef du Gouvernement !
Et la mission du groupe est d’autant plus complexe qu’elle s’attèle à des projets dont la rentabilité est très faible, voire nulle et même négative, tout en maintenant les équilibres financiers demandés à une entreprise privée. «Toute opération que nous faisons est publique, voulue par l’Etat», insiste M. Kanouni. Par exemple, le Groupe Al Omrane est à l’origine de 85% des réalisations du programme Villes sans bidonvilles. Et c’est là que sa relation fusionnelle avec l’appareil étatique prend tout son sens, car quelle entreprise privée pourrait faire face à la dimension sociale des opérations de relogement, ou encore aux constructions non réglementaires, voire sauvages, quand il s’agit de réhabiliter un quartier ? Seuls l’appui et l’accompagnement de l’Etat, ainsi que de l’appareil judiciaire marocain, permet de mener à bien ce genre de projets.
Un groupe en pleine mutation
L’emprunt obligataire du Groupe Al Omrane rentre dans sa stratégie de développement, appelée CAP 2020, qui a vu, pendant 18 mois, l’ensemble des équipes du groupe associées au projet, une grande satisfaction, selon le Président du directoire. Un travail soutenu a été réalisé en termes efficience managériale, d’harmonisation de la communication, le tout autour de 5 axes : ressources humaines ; régionalisation, positionnement et missions ; organisation et surveillance ; image et perception ; et leviers de développement. M. Kanouni déclare qu’à l’heure actuelle, le groupe affiche un degré de réalisation du Cap 2020 de 87%.
Résultat des efforts du management du Groupe Al Omrane, son chiffre d’affaires n’a baissé en 2017 que de -5% en consolidé alors que le secteur de l’immobilier s’est déprécié en moyenne de -17%. Et M. Youssef El Iraki, Directeur du pôle finances et contrôle de gestion de préciser que l’endettement de ce dernier reste soutenable, à 51% du passif de son bilan. Justement, les normaux et Social & Green Bonds permettront au groupe de renforcer son assise financière et d’accroître ses investissements. Ainsi, le groupe prévoit, pour la période 2019-2021, des investissements cumulés pour un total de 17,8 MMDH (dont 77% pour les travaux publics). Et de ce fait, Al Omrane mise sur une augmentation du chiffre d’affaires et du résultat net d’environ 7% par an sur les prochaines années.
L’emprunt financera tout particulièrement, 4 projets d’efficacité énergétique des bâtiments, dont la réalisation d’un siège social à Chrafate, et 4 projets à vocation sociale de relogement ou recasement des populations des bidonvilles, dont 3 à Casablanca et 1 à Marrakech, qui devront toucher un total de 32800 personnes. Quant au choix d’avoir fait appel au marché financier, le groupe « a la maturité nécessaire pour le faire», selon M. El Iraki, il a été mûrement réfléchi. En effet, M.Kanouni le président du Directoire, explique que «dans le cadre de notre modernisation, nous souhaitons aller un peu plus vers le marché des capitaux plutôt que nos banques». De même que «Nous souhaitons également réussir un rééquilibrage nos emprunts entre devises et dirhams, surtout dans un contexte de flexibilisation du dirham», précise M. El Iraki. C’est dire qu’Al Omarane était aussi endetté en devises ! Le Groupe Al Omrane compte bien sur, sur son développement pour faire face aux besoins en logement, estimés à 1,5 millions d’unités de par le Royaume. Mais le secteur de l’immobilier doit luimême évoluer, selon M. Kanouni, qui appelle au renforcement du locatif, avec un meilleur équilibre locataire/loueur. Et surtout, il espère un meilleur ciblage du FOGARIM, cette garantie de crédits immobiliers de la CCG, en faveur des plus démunis. Et enfin, une accélération de la convergence avec l’Etat et des contrats-programmes dans le cadre des villes nouvelles. Certes, avec le franc succès de l’émission du groupe Al Omarane, bouclée le 23 novembre, celuici conforte sa notoriété, sa volonté de transparence et se confronte aux attentes de ses nouveaux créanciers que sont les institutionnels mais aussi à travers les publications de ses résultats du grand public …