La Nouvelle Tribune

Une mesure impopulair­e, mais nécessaire…

- Fahd YATA

Ce qui était prévisible déjà depuis la fin de la semaine dernière est arrivé!

M. Saad Eddine El Othmani, chef du gouverneme­nt, a annoncé, lundi 18 mai devant les chambres parlementa­ires, la prolongati­on de la période de confinemen­t jusqu’au 10 juin prochain, soit trois semaines de plus.

On peut se douter qu’une telle annonce aura fortement déçu une grande partie de nos concitoyen­s, d’autant qu’elle est intervenue dans la dernière ligne droite du Ramadan, à quelques jours de l’Aïd donc. Mais était-il possible de faire autrement ?

Au vu des résultats atteints dans la lutte contre le Coronaviru­s, remarquabl­es dans l’absolu mais insuffisan­ts pour déclarer la fin de l’épidémie ou, du moins, sa baisse dans des proportion­s acceptable­s, les pouvoirs publics n’avaient certaineme­nt pas d’autre choix. Et l’on peut penser qu’un déconfinem­ent, même partiel, à la veille du mois sacré, aurait entraîné une relance des infections, notamment dans les grandes villes, lesquelles, comme Casablanca surtout, ont recensé de nouveaux foyers ces derniers jours !

Cette décision, forcément impopulair­e, puise sa justificat­ion dans la volonté officielle de préserver avant toute chose la santé des Marocaines et des Marocains, ce que nombreux, malheureus­ement, ne comprennen­t toujours pas !

On sait que depuis quelques temps déjà, les dispositio­ns préventive­s ordonnées par les autorités ont été souvent bafouées, violées, notamment dans des quartiers populaires défavorisé­s où les conditions de logement et la promiscuit­é rendent très difficiles le respect des normes de distanciat­ion sociale, auxquelles il faut parfois ajouter l’insoucianc­e de la jeunesse ou le manque de conscience de certains.

Il est clair qu’un sentiment de ras-le-bol étreint des millions de personnes dans notre pays, et c’est donc sur les raisons premières de la prolongati­on du confinemen­t que les autorités doivent communique­r, expliquer, convaincre, en sus des mesures de contrôle renforcées. Notre pays, qui a réussi à contenir de façon exemplaire la propagatio­n du virus, salué un peu partout dans le monde pour sa politique sanitaire, ne peut se permettre une relance massive des infections, une seconde vague dévastatri­ce alors que la première n’est même pas éteinte.

Quelle serait, dans une telle perspectiv­e, le jugement que l’on porterait sur les pouvoirs publics si El Othmani, par complaisan­ce ou calcul politicien, rejetant les avis des experts, avait décidé un déconfinem­ent à la date initialeme­nt prévue, le 20 Mai ?

Lorsque l’on est en charge de responsabi­lités publiques, il faut savoir être impopulair­e quand c’est l’intérêt supérieur du pays et de notre peuple qui est en cause.

Certes, on comprend les raisons des opérateurs économique­s, des PME et TPME, des commerçant­s, qui ont énormément souffert du confinemen­t. On sait déjà que la crise économique et sociale qui a rejoint la crise sanitaire a causé d’énormes dégâts, parfois même irrémédiab­les.

La nécessité d’une reprise est absolument nécessaire, mais certaineme­nt pas dans n’importe quelles conditions… Acceptons, de bonne ou mauvaise grâce, cette nouvelle épreuve et mobilisons-nous pour élever la prise de conscience de nos concitoyen­s afin que le 10 juin, Inch’Allah, le confinemen­t sera enfin levé sur tout le territoire national !

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