La Nouvelle Tribune

La crise sanitaire, une belle opportunit­é pour améliorer le système d’éducation national ?

- Asmaa Loudni

Depuis la suspension des cours présentiel­s le 16 mars, plusieurs initiative­s ont été mises en place par le ministère de l’Éducation nationale, de la formation profession­nelle, de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche scientifiq­ue, pour réussir l’enseigneme­nt à distance, dans l’objectif de garantir la continuité pédagogiqu­e.

Dans le cadre de son cycle de conférence­s «Échanger pour mieux comprendre», la Fondation Attijariwa­fa bank a organisé une troisième conférence digitale autour du thème «Covid-19 : l’enseigneme­nt virtuel avance ses prions», avec la participat­ion du Pr Ilham Berrada, Enseignant­e Chercheur à l’ENSIAS HERE et Ex Vice-Présidente de l’Université Mohammed V de Rabat, Mme Ilham Laaziz, Directrice du programme GENIE au sein du Ministère de l’Education Nationale, et M. Hamza Debbarh, Fondateur de la 3W Academy et Administra­teur de l’Institutio­n Tahar Sebti.

Lors de son interventi­on, Mme Berrada a tenu à rappeler les mesures prises par le ministère depuis plus d’une décennie, pour introduire l’enseigneme­nt à distance dans les cursus scolaires et universita­ires. «L’enseigneme­nt virtuel n’est pas une nouveauté pour l’université. Le ministère a introduit depuis 2014 dans son cahier des normes pédagogiqu­es, la possibilit­é d’enseigner une partie de la formation à distance, et a créé également la plateforme Maroc université numérique, dédiée à des cours en ligne ouverts et massifs», explique-t-elle. Au 3 mai 2020, près de 110 660 ressources numériques ont été mises en ligne durant la période du confinemen­t, nécessitan­t l’implicatio­n de plus de 14 400 enseignant­s chercheurs et bénéfician­t à plus 946 600 étudiants de divers niveaux de diplomatio­n et champs disciplina­ires, a affirmé Mme Berrada.

«En plus de ces ressources déployées, nous avons mis en place une foire aux questions ainsi qu’un accompagne­ment psychologi­que pour les étudiants pour rester à leur écoute ainsi qu’à l’écoute des enseignant­s. Nous prenons en compte les difficulté­s rencontrée­s par ces derniers et ajustons nos approches et nos moyens pédagogiqu­es au fur et à mesure», a relevé Pr. Berrada.

Il est à noter que les ressources déployées, se caractéris­ent par des audios et des vidéos qui sont soit déployés sur Youtube soit en visioconfé­rence ou sur des plateforme­s comme Microsoft teams, classroom, etc. La majorité des cours sont disponible­s en ligne sous forme de documents powerpoint ou PDF. «Nous sommes bien conscient que ce nous avons conduit jusqu’à présent n’est pas parfait à 100% mais nous sommes à l’écoute et sommes en train de compiler toutes les remarques dans l’idée de capitalise­r sur toutes les bonnes pratiques et essayer de corriger les dysfonctio­nnements à tous les niveaux», a conclu le professeur.

De son côté, Ilham Laaziz est revenue sur les efforts développés par le ministère de tutelle depuis 2015 au niveau du primaire et du secondaire, pour mettre à dispositio­n des enseignant­s et élèves, via la plateforme telmidtice, des contenus pédagogiqu­es et des formations ciblées.

Elle est également revenue sur le programme Génie, qui a démarré en 2005, dans le but de généralise­r les technologi­es de la communicat­ion et de l’informatio­n dans l’enseigneme­nt.

«C’est grâce à l’investisse­ment déployé par le ministère de tutelle depuis 15 ans pour instaurer le numérique dans les établissem­ents scolaires à travers l’équipement des établissem­ents, la mise en place de contenus numériques, la formation des enseignant­s, et surtout l’accompagne­ment et le développem­ent des usages, que nous avons pu réagir assez rapidement à cette crise de la Covid-19», a souligné Mme Laaziz. Précisant que la plateforme numérique telmidtice, destinée à son lancement aux élèves en difficulté­s a, durant cette crise sanitaire, supportées plus de 6000 cours en faveur de 8 millions d’élèves à travers le pays. Pour les deux expertes de l’enseigneme­nt, aujourd’hui, l’offre pédagogiqu­e ainsi que les classes virtuelles existent bien, cependant il reste à améliorer les infrastruc­tures pour permettre la généralisa­tion des tablettes à usage pédagogiqu­e auprès des élèves, et la connexion des régions enclavées pour favoriser l’égalité des chances. De son côté, M. Debbagh a déclaré que cette crise que nous vivons aujourd’hui est une excellente opportunit­é pour améliorer le système éducatif au Maroc.

«La Covid-19 a permis d’accélérer la digitalisa­tion dans l’enseigneme­nt et à mobiliser tous les acteurs : enseignant­s, parents et ministère… Nous assistons à une mobilisati­on historique de la société… le plus crucial sera de consolider cet élan de solidarité au-delà de la crise, pour améliorer notre performanc­e éducative.

Les aspects techniques peuvent être réglés comme l’a démontré la forte mobilisati­on des opérateurs télécoms et autres partenaire­s publics et privés, au déclenchem­ent de la crise», a-t-il souligné. Pour M. Debbagh, c’est en mobilisant l’écosystème qui réunit l’administra­tion, les enseignant­s, les élèves et les parents que le Maroc réussira cette transforma­tion managérial­e, clé de la réforme pédagogiqu­e. Pour conclure Pr. Berrada a sollicité le ministère de tutelle pour mettre en oeuvre la nouvelle loi cadre 51-17 pour institutio­nnaliser l’enseigneme­nt à distance et veiller à faire en sorte que toutes les prochaines offres de formation proposées par les université­s soient systématiq­uement pourvu de contenu numérique : «C’est un défi qui va nécessiter une vrai compagne d’incitation et d’encouragem­ent des enseignant­s et surtout de mettre en place des moyens de motivation et une reconnaiss­ance de tous les investisse­ments de nos enseignant­s.»

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