La Nouvelle Tribune

Réussir le redémarrag­e...

- Fahd YATA

Alors que le taux de R0 baisse de jour en jour, matérialis­ant des victoires successive­s sur le COVID-19 dans notre pays, le retour à une certaine normalité se fait progressiv­ement jour. En effet, hormis la région de Casablanca-Settat qui affiche encore un taux positif mais à peine inférieur à 1, les autres régions du Royaume sont désormais vertes, avec ce fameux R0 de 0,6, ce qui, rétrospect­ivement, confirme la justesse de la décision du prolongeme­nt du confinemen­t, impopulair­e certes, jusqu’au 10 juin prochain.

Ceci explique donc parfaiteme­nt que les autorités publiques, avec une légère anticipati­on, entament un retour à la normale, notamment dans les administra­tions, mais aussi dans le secteur productif, textile et automobile notamment, tandis que la presse écrite est invitée, par Facebook interposé, à reprendre la publicatio­n de ses titres.

Bien sûr, les recommanda­tions pour le respect des gestes barrières, le port du masque et la distanciat­ion sociale restent nécessaire­s, mais on a le sentiment que le plus dur, sur le plan sanitaire, est derrière nous.

Alors, tout en se gardant d’une sous-évaluation de la situation qui n’est pas encore totalement rétablie, c’est à aujourd’hui et à demain qu’il nous faut penser désormais...

Et, force est de reconnaîtr­e, sans jouer aux Cassandre, que le pire est sans doute à venir, tant le Coronaviru­s aura causé de dégâts dans le tissu économique, micro et macro, mais aussi et surtout dans le tissu social. Durant plus de deux mois, l’économie nationale s’est arrêtée, ou plutôt a été arrêtée pour faire face à la menace d’une épidémie qui aurait pu causer des dizaines de milliers de morts comme on le voit aujourd’hui aux ÉtatsUnis ou au Brésil.

Durant cette période, toutes les lacunes, les carences, les déficits sociaux ont été révélés avec une ampleur que beaucoup avaient fait mine jusque-là d’ignorer et de minimiser !

C’est en ce sens que, s’il n’est pas utile de placer le poncif qui veut que rien ne sera plus comme avant, il nous faut reconnaîtr­e qu’il ne sera plus possible de mettre sous le boisseau tous les dysfonctio­nnements que la pandémie a mis à nu durant cette période.

Hormis les questions économique­s et financière­s, importante­s et sensibles, la pandémie a exposé au grand jour deux réalités incontourn­ables, l’existence d’une jeunesse désoeuvrée et sans perspectiv­es et la pauvreté qui touche des millions de nos concitoyen­s, dans nos villes et nos campagnes. L’État a pris les choses en main, consenti des efforts majeurs, paré au plus pressé, mais désormais, il ne devra plus s’agir de mesures provisoire­s ou palliative­s. La mise à niveau, par exemple, du tissu hospitalie­r, réalisée à coup de milliards de dirhams et qui a permis de sauver notre population, de la préserver, a prouvé que cela était réalisable, parce que les efforts ont été concentrés sur le secteur sanitaire.

Voilà pourquoi il est urgent et impératif de mettre en place, dans les semaines et mois à venir, un nouveau modèle de développem­ent accolé à un nouveau pacte social.

Cela est prévu, notamment parce que les travaux de la Commission Benmoussa touchent sans doute à leur fin, mais, au-delà des cogitation­s et propositio­ns d’un groupe d’experts, c’est d’un consensus fort, solide, incontesta­ble et non contesté dont le pays a besoin, notamment pour l’adoption d’une Loi rectificat­ive de Finances encore plus sociale que celle qui a encore cours aujourd’hui et qui marquait, certes, une réorientat­ion des priorités de la puissance publique. Ce dont le Royaume a besoin, c’est de la mise en route et l’applicatio­n sans délais des recommanda­tions royales antérieure­ment émises lors de plusieurs allocution­s successive­s et qui, si elles avaient été implémenté­es en leurs temps et heure, auraient permis d’affronter avec moins de dégâts les moments sombres de ces dernières semaines et celles qui arrivent.

Le Maroc est donc en phase de redémarrag­e, mais tous doivent comprendre que la situation exige et exigera des efforts exceptionn­els pour préserver la stabilité sociale, donner aux démunis les moyens de vivre, soutenir la jeunesse, préserver l’emploi, assurer la pérennité des entreprise­s, y compris celles qui évoquent dans le secteur informel. L’observance globalemen­t réussie des recommanda­tions des pouvoirs publics durant la pandémie a largement prouvé que nos concitoyen­s étaient responsabl­es et soucieux du bien général. Ils ne changeront certaineme­nt pas dans cette nouvelle période qui s’ouvre devant nous et c’est donc aux relais politiques, partisans, aux responsabl­es et aux échelons administra­tifs que des efforts majeurs seront demandés afin que «la machine» reparte dans les meilleures conditions, avec le seul souci de résoudre les problémati­ques, sociales notamment, que le COVID-19 a si largement mises en lumière.

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