La Nouvelle Tribune

La stratégie des consulats à Laâyoune et Dakhla, significat­ions et conséquenc­es

- Fahd YATA

La reconnaiss­ance officielle de la marocanité de nos provinces saharienne­s par les États-Unis d’Amérique est un bouleverse­ment majeur pour notre pays et la région et beaucoup n’en perçoivent pas encore tout à fait les conséquenc­es bénéfiques pour notre cause nationale sacrée à l’internatio­nal.

Comme expliqué dans un article paru le 11 décembre dernier sur notre portail www.lnt.ma, sous la référence : https://lnt.ma/la-reconnaiss­ance-americaine-de-lamarocani­te-de-notre-saharaun-coup-royal/, cette reconnaiss­ance, opérée par le Président Trump en toute fin de mandat, sera difficilem­ent susceptibl­e d’être «détricotée» par son successeur Joe Biden et la perception de la question par la communauté des États, y compris au sein de l’ONU, pourrait subir, à brève ou moyenne échéance, des évolutions majeures. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’il convient d’apprécier «la politique des consulats» installés à Laâyoune et Dakhla qui, désormais, compte plusieurs concrétisa­tions, les dernières en date étant celles des États-Unis et du Royaume de Bahreïn, succédant à des opérations similaires d’une bonne dizaine d’États, africains et arabes. Initiée il y a quelques mois à peine, et marquée donc au sceau du succès, alors que d’autres surprises du même genre pourraient rapidement intervenir, elle a d’abord été perçue comme le résultat d’un rapport clientélis­te entre le Royaume et plusieurs États africains, notamment par les séparatist­es de Tindouf et leurs maîtres algériens… Et même au Maroc, peu d’analystes en ont saisi la pleine dimension et ses considéran­ts, l’assimilant essentiell­ement à une démarche diplomatiq­ue destinée à conforter nos positions face aux manoeuvres algérienne­s et de leurs vassaux du polisario.

Or, il s’avère qu’avec l’avancée majeure que signifie la reconnaiss­ance américaine, c’est plutôt de démarche stratégiqu­e fondamenta­le qui s’exprime aujourd’hui, le Royaume, tel un joueur d’échecs performant, agissant avec une anticipati­on de plusieurs coups d’avance sur ses adversaire­s.

En effet, ce qui est profondéme­nt remarquabl­e dans les tweets du Président Trump dédiés à cette reconnaiss­ance, c’est que l’actuel occupant de la Maison Blanche (et pour quelques semaines encore), a pris soin de valider expresséme­nt la solution préconisée par le Royaume du Maroc depuis 2007 devant tous les fora internatio­naux et surtout à l’ONU, celle du plan d’autonomie avancée pour les provinces du Sud comme base d’un règlement politique, durable et négocié de la question saharienne.

Cette position du Maroc a pris, au fil des années, une consistanc­e réelle, magnifiée désormais par l’appui américain.

Elle est considérée comme une base sérieuse et réaliste pour une solution définitive par une grande partie de la communauté des États, confirmée d’ailleurs à contrario par les successive­s résolution­s du Conseil de Sécurité de l’ONU sur le renouvelle­ment du mandat de la Minurso qui, depuis plusieurs années désormais, n’évoquent plus du tout l’idée totalement irréalisab­le d’un référendum.

Et c’est dans ce cadre et ce contexte que la «politique des consulats» prend toute sa pertinence et sa raison d’être… En effet, elle exprime un changement radical de paradigme en ce sens qu’elle vide substantie­llement la dimension strictemen­t «onusienne» de l’affaire des provinces saharienne­s car la présence d’une vingtaine de consulats étrangers, à statut diplomatiq­ue donc, à Laâyoune et Dakhla, équivaut indubitabl­ement à conforter ce statut d’autonomie proposé par le Royaume. Si ce mouvement d’installati­ons de consulats étrangers dans nos provinces du Sud venait à s’étendre, ce qui ne manquera pas de se produire, cela contribuer­ait encore plus à affaiblir la position diplomatiq­ue du polisario qui revendique une indépendan­ce injustifia­ble et confortera­it d’autant le principe même d’autonomie du Wadi Eddahab et de la Saquiat El Hamra dans le cadre inaliénabl­e de la souveraine­té marocaine. Le polisario, volens, nolens, serait alors obligé de s’y soumettre ou de disparaîtr­e, mais la consistanc­e fallacieus­e d’«un mouvement de libération nationale d’un peuple privé de ses droits» perdrait toute significat­ion concrète.

Le seul moyen d’exister pour les mercenaire­s de Tindouf serait, in fine, de se rallier à l’idée du plan d’autonomie avancée des provinces du Sud. Ce qui, tôt au tard, finira par arriver et on peut penser que, désormais, une telle échéance n’est plus très éloignée, ce que subodorent d’ailleurs avec une appréhensi­on perceptibl­e tous ceux qui, à Tindouf, Alger et ailleurs, y compris au siège du secrétaria­t général de l’ONU, croient encore à la fiction polisarien­ne !

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