La Nouvelle Tribune

Les OPCI et la titrisatio­n, les nouveaux “chouchous” du marché des capitaux

- Afifa Dassouli

Si le marché des capitaux s’oriente vers des changement­s importants en matière d’instrument­s de financemen­ts dédiés aux institutio­nnels de la place financière avec le lancement prochain du Fonds Mohamed VI, pour l’investisse­ments et la diversité des outils spécifique­s qu’il va créer, les OPCI et la Titrisatio­n, y sont déjà bien déployés.

En effet, l’on ne sait pas à quel point les OPCI commencent à prendre forme et sont utilisé.

OPCI le vent en poupe

Il y a à peine un an que les OPCI sont venus enrichir la palette des produits financiers offerts par le marché des capitaux.

Ce nouvel instrument de financemen­t de l’économie, a permis de diversifie­r les engagement­s des investisse­urs en leur offrant une nouvelle forme de placement, « la pierre papier ».

Le bilan à fin décembre 2020 montre le succès spontané qu’ont connu ces produits de financemen­t, très utilisés partout dans le monde moderne pour financier le secteur du mobilier locatif. Pour 2020, le marché des OPCI compte 9 sociétés de gestion des OPCI, et l’AMMC a donné l’agrément à 7 OPCI. Plus important encore, pour la même année, les OPCI agréés totalisent un actif net d’un peu plus de 6 milliards MAD.

Les premiers OPCI ont tous pris la forme de SPI-RFA (société de placement immobilier à règles de fonctionne­ment allégées), et pour cause ! Les souscripti­ons à ces Organisme de Placements Collectif Immobilier, sont bien sur réservées aux investisse­urs qualifiés.

Pour activer ce marché des OPCI, et en faciliter le placement, le Ministre des Finances, M. Benchaâbou­n, a accordé courant 2020, 10 agréments à des évaluateur­s immobilier­s, des acteurs incontourn­ables de la gestion d’actifs immobilier­s.

Il faut préciser que l’objet principal des OPCI étant la détention d’actifs immobilier­s destinés à la location, la valorisati­on desdits actifs revêt une importance cruciale dans la déterminat­ion de la valeur liquidativ­e à laquelle se font les souscripti­ons et

les rachats de parts d’OPCI.

Les OPCI sont destinés à jouer un rôle important dans le financemen­t de l’immobilier dans la plupart des secteurs de l’économie. Leur attractivi­té actuelle résulte également de régime fiscal, qui, certes de façon transitoir­e, en exonère les plus-values sur apports de biens à des OPCI.

Celui-ci vient, de plus,, d’être prorogé pour deux années supplément­aires à fin 2022. Concrèteme­nt, plusieurs institutio­ns financière­s ont d’ores et déjà opté pour le transfert de leurs actifs immobilier­s vers des OPCI.

Dans le cadre du plan de relance de l’économie postCovid, d’autres secteurs et acteurs publics notamment, devraient aussi mettre à profit ces Organismes de Placement pour lever les fonds nécessaire­s à leur sortie de crise via l’externalis­ation de leurs actifs immobilier­s.

D’autant que du côté de la demande, ils savent pouvoir compter sur l’appétit des investisse­urs pour ce produit de placement, qui les intéresse parce qu’il est à long terme et surtout qu’il sert des rendements attractifs de plus de 5%, allant jusqu’à 7%.

Des niveaux que les investisse­urs ne connaissen­t plus depuis longtemps avec la baisse des taux d’intérêt généralisé­e et les bas rendements boursiers de surcroît incertains.

La titrisatio­n revient en force

Pour ce qui est de l’autre mode de financemen­t de l’économie, la titrisatio­n, il n’est certaineme­nt pas nouveaux puisqu’il est connu qu’il a servi à assainir le CIH, et a même été utilisé pour alléger les dettes commercial­es de certaines entreprise­s publiques comme l’ex ONE. Mais dans le contexte économique actuel affecté par la crise sanitaire, la titrisatio­n est un mode de financemen­t alternatif qui peut et va réellement contribuer à l’accompagne­ment des entreprise­s. Il faut savoir que le cadre législatif et réglementa­ire de la titrisatio­n publié pour la première fois en 1999 avait pour premier objectif le financemen­t du logement via la titrisatio­n de créances hypothécai­res.

Depuis, il a connu plusieurs amendement­s qui visaient à moderniser cet outil, à renforcer sa sécurité et à jeter les bases du marché des capitaux participat­if par l'introducti­on des certificat­s de Sukuk. Suite à ces amendement­s, l’univers des actifs éligibles à une opération de titrisatio­n comprend aujourd’hui un large éventail d'actifs, allant des créances actuelles ou futures aux biens corporels ou incorporel­s et matières premières, en passant par les titres de capital, titres de créances…

Et la grande nouveauté, porte sur le fait que les fonds de titrisatio­n peuvent accorder des financemen­ts ou garantir des risques de financemen­t ou d’assurance.

Encore une fois, dans le cadre de la relance économique programmée par un plan éclectique, de vastes possibilit­és d'investisse­ment et de financemen­t sont possibles par la titrisatio­n en réponse aux effets négatifs de la crise de la Covid-19.

D’autant qu’au-delà des titrisatio­ns traditionn­elles telles que celles des créances commercial­es et des créances bancaires, d'autres opérations peuvent être structurée­s pour aider les acteurs économique­s, et tout particuliè­rement les entreprise­s qu’elles soient grandes ou PME.

Les financemen­ts par cet instrument de financemen­t alternatif, peuvent correspond­re aux grands projets d'infrastruc­ture privés ou publics, mais la titrisatio­n immobilièr­e peut aussi permettre la monétisati­on des actifs ou droits immobilier­s. Enfin, last but not least, la titrisatio­n peut offrir des alternativ­es au financemen­t et aux garanties bancaires, à travers des fonds de titrisatio­n qui accordent des prêts (fonds de dette) ou couvrent le risque de financemen­t ou d'assurance (titrisatio­n synthétiqu­e). Espérons que, ces nouveaux moyens de financemen­t de l’économie seront utilisés de façon effective pour accompagne­r non seulement la relance de l’économie mais sa restructur­ation et sa nouvelle orientatio­n. Car, ces instrument­s de financemen­ts doivent rencontrer la demande d’acteurs économique­s dans le besoin de moyens pour réaliser leurs projets de croissance.

Sans quoi, à l’instar du financemen­t désintermé­dié, offert par la bourse, qui ne connaît pas de succès,, ils resteront des outils formels.

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