La Nouvelle Tribune

Hors Covid, tu crèves ?

- Fahd YATA

La pandémie mondiale générée par le virus de la Covid-19 est, depuis plus d’une année, une situation qui a causé et cause toujours des drames humains terribles. Des centaines de milliers de morts de par le monde, des économies en berne, des sociétés enfermées sur ellesmêmes, des mesures contraigna­ntes et autres restrictio­ns aux libertés individuel­les qui induisent des états psychologi­ques et psychiques dépressifs pour des millions d’êtres humains et notamment chez la jeunesse.

Bien évidemment et malheureus­ement, notre pays n’a pas échappé à ces effets collatérau­x de la pandémie et nos concitoyen­s vivent depuis mars 2020 un état de stress permanent renforcé par la crainte de contracter ce maudit virus.

Les autorités publiques ont pris, dès le départ, toutes les mesures nécessaire­s pour enrayer l’expansion de la pandémie dans notre pays et, depuis le début de février dernier, une campagne exemplaire de vaccinatio­n a été lancée malgré « la guerre des vaccins » qui sévit à l’échelle mondiale.

Depuis l’annonce de l’état d’urgence sanitaire, prorogé régulièrem­ent, une seule priorité s’est exprimée, lutter contre la covid-19, réduire les pertes humaines, vacciner le plus vite possible et le plus de citoyens afin d’atteindre l’immunité collective. La nécessité des politiques préventive­s et correctric­es de l’État n’est pas à contester car il en va de la santé publique et du bien-être de dizaines de millions de Marocaines et de Marocains. Et si certaines mesures entraînent quelque grogne, si l’approche, par exemple, du mois sacré de Ramadan nous interpelle tous parce qu’il sera marqué par l’interdicti­on d’activités nocturnes après le f’tour et jusqu’à l’aube, chacun, en son for intérieur, comprend bien qu’il s’agit là d’une obligation de précaution impérative décidée en toute responsabi­lité par les autorités.

Pourtant, il convient tout de même d’exprimer une réticence objective amenée par l’existence de situations particuliè­res vécues par nos concitoyen­s et des étrangers qui résident dans notre pays de façon permanente ou pour des séjours de courte durée. En effet, si l’intérêt général prime, cela ne doit pas empêcher de porter toute l’attention nécessaire au sort de milliers de personnes contrainte­s par les restrictio­ns imposées et notamment celle de pouvoir quitter le Maroc ou y revenir pour des MOTIFS IMPÉRIEUX ! Ainsi, après la fermeture des liaisons aériennes et maritimes entre la France, l’Espagne et le Royaume, décidée le 30 mars dernier, des centaines de Marocains et d’étrangers ont été « pris au piège », bloqués à l’extérieur pour les uns, à l’intérieur du pays pour les autres.

Bien souvent, cette situation, prise dans l’intérêt général, entraîne des drames indicibles pour les personnes ainsi obligées de rester sur place. Alors, certes, en rajoutant à la liste de la trentaine de pays portés sur la liste noire, la France et l’Espagne, on a ainsi mis sur le même plan tous nos concitoyen­s bloqués en Italie, en Belgique, en Allemagne, en Turquie, etc. Et on imagine les affres vécus quotidienn­ement par tous ceux qui aspirent à rentrer au pays et qui, à ce jour, n’ont ni visibilité, ni informatio­ns sur leur devenir à moyen terme. De même, contraints de rester au pays, certains ont néanmoins besoin de rentrer dans leurs pays de résidence pour des motifs qui ne souffrent aucun délai et l’on a pu assister, ces derniers jours, aux sièges des compagnies aériennes à de véritables drames humains.

Ainsi, une dame, Marocaine résidente en France, venue au pays au chevet de sa mère malade, a laissé seul son fils atteint d’autisme profond et se désespérai­t de ne pouvoir le rejoindre faute de places dans les vols de rapatrieme­nts organisés au compte-goutte ! Même situation pour ce jeune cadre qui risque de perdre un emploi difficilem­ent acquis en cas de séjour prolongé au Maroc.

Que dire alors d’un troisième atteint d’une pathologie lourde nécessitan­t à intervalle­s réguliers des séances de chimiothér­apie indispensa­bles à sa survie ?

Faudrait-il qu’il meure d’un cancer pour éviter aux autres la Covid-19 ?

Pour de telles situations, objectivem­ent impérieuse­s, l’exception doit être la règle et, sachant que des tests PCR sont obligatoir­es pour rentrer et quitter le Maroc, les autorités publiques devraient prendre en compte de tels paramètres dans leur gestion de la crise pandémique. Organiser donc, de nouveau, des vols de rapatrieme­nts, du et à destinatio­n du Royaume, serait ainsi une mesure faite de compréhens­ion, d’humanisme et de préservati­on de tous les citoyens, avec ou sans la menace du nouveau coronaviru­s.

Ce ne serait que justice et respect d’autrui !

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