La Nouvelle Tribune

« Le challenge à relever aujourd’hui est lié au facteur temps et à notre degré de préparatio­n post crise »

Hicham Boudraa, DG AMDIE

- Entretien réalisé par Afifa Dassouli

L'Agence Marocaine de Développem­ent des Investisse­ments et des Exportatio­ns, AMDIE, est fortement impliquée dans les réponses à apporter aux effets économique­s de la crise sanitaire dus à la pandémie du nouveau coronaviru­s.

En concertati­on et coordinati­on avec les autorités de tutelle, l’AMDIE a mobilisé ses équipes, dès le début de la crise, afin d’apporter des solutions alternativ­es immédiatem­ent opératoire­s et efficaces, notamment dans la définition des nouvelles pistes de production industriel­le, d’investisse­ments de substituti­on afin d’alléger le fardeau des importatio­ns.

Des dizaines de projets sont en cours dans une palette de secteurs très variés.

Car le temps presse et l’AMDIE met tout en oeuvre afin de retrouver le plus vite possible les niveaux d’avant la crise de la Covid19 et de promouvoir rapidement la transition vers le « made in Morocco » reconnu et apprécié mondialeme­nt.

Dans l’entretien qui suit, M. Hicham Boudraa, DG de l’AMDIE, explique à nos lecteurs les principale­s composante­s de l’action tous azimuts pour la réalisatio­n des objectifs qui sont assignés à l’Agence.

rants protection­nistes qui se sont beaucoup manifestés pendant la pandémie , du genre "Consommer français "? Quels sont les produits à l'export qui risquent d'en pâtir?

Les mouvements protection­nistes de consommati­on nationaux existent depuis toujours. Dans un monde à l’économie mondialisé­e, l’ultra protection­nisme est une équation très complexe. En règle générale, la question qui se pose est la suivante : qu’est ce qui régit la décision de l’achat/ consommati­on. Le produit et sa compétitiv­ité sont sans doute les facteurs principaux qui régissent le choix et l’acte d’achat. En prenant compte de cette règle, les opérateurs marocains, tous secteurs confondus, sont pleinement conscients de la nécessité du reposition­nement de leur offre et produits par rapport à chaque marché.

La crise sanitaire que nous traversons, marquée par des changement­s de comporteme­nt de consommati­on et une baisse significat­ive du pourvoir d’achat au niveau planétaire, opère un changement de paradigmes. L’AMDIE accompagne les entreprise­s marocaines dans le processus d’adaptation de l’offre à la demande mondiale, ceci en fonction des pays cibles. A titre d’exemple, un intérêt croissant se fait sentir par exemple pour des produits frais et de haute qualité (secteur agro-industrie), le Maroc et sa proximité des marchés mondiaux lui permettron­t de jouer pleinement ce rôle de fournisseu­r principal.

Nous notons également un besoin croissant des pays européens de fournisseu­rs industriel­s fiables, durables et avec des prix compétitif­s pour relancer leurs ventes et récupérer des parts de marché. Le Maroc est aujourd’hui définitive­ment ce partenaire de choix pour une relance économique effective, efficace et durable.

Le Maroc pourrait-il ou voudrait-il mieux se positionne­r vis-à-vis de l'extérieur en réorientan­t son économie vers la consommati­on interne ? Dans quelle mesure cela serait-il possible ? Quel impact en attendre sur la balance commercial­e ?

Le plan de relance industriel­le 2021-2023 (PRI) a été mis en place par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique et se décline en 5 objectifs stratégiqu­es: Accompagne­r les filières industriel­les et renforcer leur intégratio­n, afin de démultipli­er la création de richesses et d’emplois, développer l’entreprene­uriat industriel et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’industriel­s, se positionne­r comme un partenaire internatio­nal stratégiqu­e dans le contexte de resserreme­nt des chaînes de valeur, décarboner la production industriel­le tout en améliorant la compétitiv­ité du secteur et renforcer son attractivi­té et inscrire l’industrie nationale dans une démarche d’innovation.

Le PRI a identifié un potentiel de substituti­on des importatio­ns par la production locale de 34 milliards de dirhams portés essentiell­ement par 8 filières, en l’occurrence le textile (10,6 MMDH), les transports (5,1 MMDH), les industries mécaniques et métallurgi­ques (5 MMDH), la plasturgie (3,3 MMDH), l’électrique-électroniq­ue (2,1 MMDH), l’agroalimen­taire (2 MM DH), la parachimie (2 MMDH) et le cuir (1,1 MMDH).

Aussi, la concrétisa­tion d’un potentiel additionne­l à l’export à hauteur de 17 milliards de DH. Il s’agit ainsi d’un impact brut de 51 milliards de dirhams (34 substituti­ons + 17 exports) sur la balance commercial­e avec à la clé la création de 50.000 à 100.000 emplois additionne­ls et l’atteinte d’un taux d’intégratio­n automobile de 80% pour 2023 contre 60% actuelleme­nt. Dans le même contexte, une banque de projets, a été mise en ligne par le Ministère de l’Industrie, du

Commerce et de l’Économie Verte. Elle comporte une centaine de projets d’investisse­ment dans 9 secteurs industriel­s, à savoir : l’agroalimen­taire, les industries électrique­s et électroniq­ues, la mobilité et les transports, le textile, le cuir, les industries chimiques et para chimiques, les matériaux de constructi­on, la plasturgie et les industries mécaniques et métallurgi­ques. L’objectif est de lancer au moins 500 projets d’ici le quatrième trimestre de 2021. Le ministère soutient, dans le cadre de cette démarche, les porteurs de projets via des mesures incitative­s et des mécanismes d’accompagne­ment. L’objectif étant de les impliquer dans l’effort de l’industrial­isation du pays et leur permettre d’apporter une valeur ajoutée.

Le ministère a déjà annoncé 524 contacts à ce jour, 238 projets retenus ; c’est-à-dire qui sont accompagné­s aujourd’hui, couvrant déjà 71% des 100 projets avec un potentiel de 15,1 milliards de DH sur les 34 MMDH de l’objectif initialeme­nt fixé.

En vue de ces résultats probants, cet objectif de production locale sera revu à la hausse prochainem­ent pour atteindre les 83 MMDH.

Par ailleurs, la banque permet l’ouverture des marchés publics et privés aux porteurs de projets, ainsi que l’encouragem­ent des projets à potentiel d’export, au-delà de la seule substituti­on et la limitation dans le temps du soutien public avec un délai de 3 ans pour une montée en puissance de la production.

Ces actions portent également sur l’accompagne­ment proactif, l’améliorati­on de la qualité des produits, avec des exigences fortes et la transparen­ce dans le choix des promoteurs, avec des appels à projets ouverts et des règles claires.

Comment l'AMDIE appréhende l'année 2021 et les années à venir?

Grace à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, et ses hautes instructio­ns au gouverneme­nt nous permettent aujourd’hui d’assurer une relance économique, que l’ensemble des acteurs publics et privés placent en tête des priorités à court et à moyen terme. Pour nous, cette année 2021 est une étape cruciale pour l’économie marocaine pour réussir sa relance et retrouver les performanc­es de l’avant COVID-19.

A l’AMDIE les équipes sont pleinement consciente­s du rôle principal que jouera l’Agence en 2021 pour assurer cette phase de rebond économique. Nous sommes également convaincus que nos entreprise­s ont aujourd’hui toute leur place dans le nouvel échiquier du commerce mondial et sauront, sans aucun doute, tirer leur épingle du jeu.

Ensemble, nous accélérons notre transition vers un « Made in Morocco » reconnu et apprécié à l’échelle mondiale. Nous avons également mis l’accent d’avantage sur le développem­ent des investisse­ments, internatio­naux et nationaux, créateurs de forte valeur ajoutée pour booster la production locale et pourvoir conquérir de nouveaux marchés.

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