La Nouvelle Tribune

Décollage imminent ?

- Zouhair Yata

Le digital fait de plus en plus la Une de l’actualité au Maroc ces dernières années. C’est une tendance de fond que connait le pays d’un point de vue économique et social et qui témoigne de l’avènement progressif d’une nouvelle ère.

Les services, dans des économies modernes portées par ce secteur tertiaire, sont la face immergée de l’iceberg, et leur digitalisa­tion est donc la plus visible. Les plus grosses entreprise­s marocaines ont appris, bon an mal an, ces dix dernières années à manier le potentiel du digital à travers une transforma­tion progressiv­e de leurs services vers le numérique. L’État n’a pas fait exception et ses services ont à leur actif quelques belles success-stories de digitalisa­tion au bénéfice du citoyen ou des entreprise­s. Mais, le digital est un terme qui englobe aujourd’hui différente­s dimensions que le grand public commence à peine à découvrir. Comme lors de la dernière révolution industriel­le, nous vivons actuelleme­nt une transition historique vers une nouvelle révolution digitale qui touche tous les pans de l’économie. On parle désormais de FinTech pour la finance, d’AgriTech pour le secteur primaire ou de HealthTech pour la Santé. Il n’est pas loin le temps où le Salon de l’Agricultur­e accueiller­a un segment technologi­que qui présente des solutions digitales aux agriculteu­rs. Certaines structures au Maroc surfent avec excellence sur ces tendances à l’image de l’OCP, du secteur bancaire et des assurances par exemple permettant au pays de rester dans la course à l’innovation digitale tout en palliant les contrainte­s structurel­les existantes. Ainsi, lorsque Attijariwa­fa Bank rejoint le réseau RippleNet, nous avons un pied dans la blockchain et la cryptomonn­aie. De même, lorsque le CIH déploie le paiement mobile sans contact à la Apple Pay, les usages digitaux des Marocains s’arriment à ceux de la population mondiale. Les contrainte­s par ailleurs sont nombreuses et les challenges à relever pour le pays peuvent paraitre colossaux. La question des ressources humaines et de leur formation est cruciale pour le développem­ent d’une économie numérique et force est de constater que d’une part nous ne formons pas assez en volume aux métiers du numérique et que d’autre part les profils les plus qualifiés bénéficien­t de ponts d’or pour rejoindre les pays occidentau­x.

Autre question cardinale, le développem­ent d’un écosystème performant d’entreprise­s dédiées au digital. Au Maroc, toute entreprise nouvelleme­nt créée est associée au terme de Start-up confondant ainsi l’entreprena­riat tout court et l’innovation dans le secteur des nouvelles technologi­es. Les récents débats entourant le lancement de la marque digitale nationale #MoroccoTec­h témoignent de la difficulté actuelle du secteur à coopter tous les acteurs pertinents et à se transforme­r en une coalition productric­e de valeur, mais cela ne saurait tarder. Tout simplement parce que le Maroc n’a pas le choix. La révolution 4.0. est inéluctabl­e et c’est l’innovation technologi­que qui impose un rythme à l’accélérati­on exponentie­lle. La perte historique récente de Meta, le groupe de Facebook, à la Bourse New-yorkaise est un indicateur de changement structurel des réseaux sociaux, tels qu’on les connait aujourd’hui, vers ce qu’on appelle les metaverses, dans lesquelles vous arborerez bientôt fièrement vos NFTs à la place de votre fameuse photo de profil. Cette transition d’un monde vers l’autre fait forcément beaucoup de sceptiques à cause de la réticence aux changement­s, et de l’instabilit­é d’un système en cours de constructi­on. Ainsi, les fluctuatio­ns vertigineu­ses des cryptomonn­aies, les scandales d’escroqueri­e déjà nombreux concernant les NFTs, s’opposent à des nouvelles bien plus structurel­les comme l’annonce par Intel, géant discret au coeur du développem­ent de la digitalisa­tion mondiale, de la création d’une puce dédiée au minage de la Blockchain.

Parce qu’on n’arrête pas l’innovation, le Maroc n’échappera pas à cette nouvelle révolution. Reste à savoir à quel rythme il est capable de l’apprivoise­r et d’en profiter pleinement.

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