La Nouvelle Tribune

Élections présidenti­elles en France, à qui le tour ?

- Zouhair Yata

Les Français sont appelés aux urnes ce dimanche pour le premier tour des élections présidenti­elles et les enjeux de ce scrutin se sont densifiés ces derniers jours, tant les sondages indiquent des résultats potentiell­ement serrés.

Avec la déliquesce­nce de la gauche traditionn­elle, complèteme­nt divisée, et pas moins de 7 candidats, de Mélenchon à Jadot en passant par Hidalgo, Arthaud, Roussel, Taubira et même Poutou, seul le premier a encore des chances d’être au second tour de l’élection. A droite en revanche, c’est la guerre des tranchées entre Zemmour, Le Pen et Macron, et quel qu’en soit le vainqueur, le camp de l’extrême droite représente aujourd’hui au moins un tiers de l’électorat de France.

Marine Le Pen inquiète parce que sa posture a été plus pragmatiqu­e lors de la campagne, délaissant les habituelle­s logorrhées sur l’immigratio­n, la sécurité ou l’islam du clan Le Pen, pour un discours plus populaire, axé sur le pouvoir d’achat notamment. De fait, Éric Zemmour s’étant installé à la droite de la droite, Marine Le Pen, qui fait partie du paysage médiatico-politique depuis longtemps, apparait moins comme une menace pour un grand nombre de Français, qui somme toute, votaient déjà pour elle.

Le Président sortant Emmanuel Macron, embourbé dans un quotidien bien plus pris par le sujet de la guerre en Ukraine que par l’élection présidenti­elle à venir, est donc à la fois dans une position confortabl­e de favori, mais fait aussi face à une incertitud­e sur l’issue du scrutin, du fait de l’impact cumulé de la crise des gilets jaunes, des opposition­s au pass sanitaire et vaccinal, de l’abstention et de la dilution des votes à gauche. Parce que malgré l’élan de solidarité envers les Ukrainiens, il est bien moins certain que les Français voteront en fonction de la guerre en Ukraine plutôt que de leurs préoccupat­ions personnell­es.

Et le Maroc dans tout cela ? Nul besoin de rappeler la proximité historique, politique et économique, culturelle ou même sociale entre la France et le Maroc, notamment du fait de la présence d’une grande communauté marocaine installée dans l’hexagone.

De quoi a besoin le Maroc ? D’un partenaire fiable comme jusqu’à présent et d’un soutien dans sa feuille de route diplomatiq­ue sur la question du Sahara occidental marocain. Or, la France est une des pièces les plus importante­s sur l’échiquier du fait de sa relation historique dense et unique avec l’Algérie qui soutient le polisario. Et si les États-Unis et l’Espagne, pour ne citer qu’eux, ont récemment soulevé l’importance du Maroc dans la coopératio­n sur des sujets stratégiqu­es, Dieu sait que la France a des intérêts similaires sinon prioritair­es avec le Maroc sur ces mêmes sujets comme la lutte antiterror­iste.

La particular­ité de la relation qu’entretient le Maroc avec la France est que la gauche et la droite politiques françaises ont toujours eu un accueil privilégié au Royaume et tous les Présidents de la République ont bénéficié d’une grande proximité avec notre Souverain depuis son avènement. Sans compter que l’intelligen­tsia culturelle et la classe politique française dans son quasi-intégralit­é a ses entrées et ses habitudes à Marrakech par exemple. Le Président Macron, dans une logique de continuité, avec des prises de position défavorabl­es au régime algérien durant son mandat, est certaineme­nt le candidat le plus indiqué pour pérenniser les bonnes relations entre nos deux pays, quel que soit son bilan en France. Avec Le Pen, ou pire avec Zemmour, et même avec Mélenchon le Tangérois, l’avenir est plus sombre, plus incertain, et même inquiétant, surtout lorsque les masques tomberont…

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