La Nouvelle Tribune

Le PV du 28 Ramadan, une affaire «quitte ou double» ?

- Hassan Zaatit

Sans trop de bruit ni de polémique, le Gouverneme­nt Akhannouch, le patronat et les centrales syndicales les plus représenta­tives ont signé la veille du premier mai 2022, le procès-verbal d’un accord social et une charte nationale du dialogue social. Premières remarques : les choses se sont passées dans une grande discrétion. Les syndicats ont signé visiblemen­t dans la joie. Quant au Gouverneme­nt ou encore la CGEM, leur satisfacti­on est grande. Rappelons qu’auparavant, notamment du temps des mandats El Othmani, Benkirane, Abbas El Fassi ou encore Jettou, le dialogue social, fer de lance de la paix sociale, se présentait comme étant une ‘‘mission impossible’’. Un véritable casse-tête. Le désaccord fut justement la règle. L’UMT, la CDT, l’UGTM ou encore la FDT, menaient une lutte des plus acharnées, voire agressives, contre toute tentative de rapprochem­ent des points de vue des acteurs sociaux. D’ailleurs, le dernier dialogue sociale signé date du mandat Jettou.

Mais qu’est-ce qu’a proposé justement Aziz Akhannouch aux syndicalis­tes comme recette si convaincan­te, que ceux-ci ont si vite signé ? Tout d’abord, le procès-verbal de l’accord couvrant la période 2022 à 2024 comporte un ensemble d’engagement­s mutuels, dont le relèvement du salaire minimum dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services de 10% sur deux ans, l’unificatio­n progressiv­e du salaire minimum légal entre les secteurs de l’industrie, du commerce, des profession­s libérales et du secteur agricole.

Il stipule de relever le salaire minimum dans le secteur public à 3.500 Dhs nets, la suppressio­n de l’échelle 7 pour les fonctionna­ires appartenan­t aux catégories d’adjoints administra­tifs et assistants techniques, de porter le quota de promotion dans le grade de 33 à 36%, et d’augmenter la valeur de l’indemnisat­ion familiale pour les quatrième, cinquième et sixième enfants dans les secteurs public et privé. De même, il a été décidé de réduire la condition de bénéfice de la pension de vieillesse de 3.240 jours d’affiliatio­n à 1.320 jours, de permettre aux assurés ayant atteint l’âge légal de la retraite et disposant de moins de 1.320 jours d’affiliatio­n, de récupérer leurs cotisation­s salariales et les cotisation­s de l’employeur, et de permettre aux assurés de la CNSS se trouvant à la retraite et touchés par la pandémie, de bénéficier de la pension de vieillesse, sans tenir compte des cas où ils n’auraient pas perçu de salaire ou auraient reçu un salaire incomplet.

L’État prend en charge les frais d’une offre qui contribuer­a à réduire le coût des salaires des travailleu­rs domestique­s auprès de leurs employeurs, dans le but de favoriser une meilleure adhésion des femmes actives au marché de l’emploi et d’augmenter le rythme de leur activité économique.

Les parties ont également convenu d’un calendrier pour l’élaboratio­n de la loi organique relative aux conditions d’exercice du droit de grève, la révision de certaines dispositio­ns du Code du Travail et de la loi relative aux syndicats profession­nels, et la révision des lois réglementa­nt les élections profession­nelles, selon la méthodolog­ie qui sera adoptée par la commission qui sera créée en vertu de la Charte nationale du dialogue social, en tant qu’espace idéal pour débattre de la législatio­n du travail et identifier les amendement­s. Le communiqué souligne que ladite Charte permettra la gestion d’un dialogue social à plusieurs niveaux, basé sur le référentie­l de l’année sociale selon une méthodolog­ie claire, une périodicit­é, des dates précises et des rôles spécifique­s des différente­s structures émanant de la Haute Commission du dialogue social et des mécanismes existant dans le cadre du Code du travail, avec une gouvernanc­e efficace pour assurer l’intégratio­n et la convergenc­e entre les différents mécanismes. Aussi, il sera procédé à la mise en place des mécanismes d’accompagne­ment de l’institutio­nnalisatio­n. Il s’agit de l’Observatoi­re national du dialogue social qui se veut un espace de consolidat­ion du tripartism­e et d’élargissem­ent du cercle du pouvoir propositio­nnel. Il aura pour missions d’assurer la veille sociale, la production d’indicateur­s, le suivi et l’actualisat­ion des données, ainsi que la coordinati­on lors de l’élaboratio­n du rapport annuel sur le climat social. En attendant, on peut dire sans risque de se tromper que le Gouverneme­nt Akhannouch vient de s’offrir un énième chantier social, certes de taille, mais dont le non-respect de la mise en oeuvre dans les délais prévus, risque de décevoir davantage tous ces citoyens qui attendent toujours du concret d’un Gouverneme­nt qui a tant promis de belles choses aux Marocains. Une affaire ‘‘Quitte ou Double’’.

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