La Nouvelle Tribune

Mais quand s’arrêtera la folie des prix ?

- Hassan Zaatit

Trop, c’est trop. Le pouvoir d’achat des Marocains, particuliè­rement ceux à revenu limité et modeste, ainsi que la classe moyenne, s’essouffle. Les ménages n’en peuvent plus. Les prix des matières de première nécessité ont atteint aujourd’hui des seuils très inquiétant­s et à fort risque pour la cohésion sociale du Royaume. D’ailleurs, jamais le Maroc n’a connu de son histoire contempora­ine une situation aussi drastique vis-à-vis de la cherté du coût de la vie. Un tour du marché donne des frissons. Le prix par exemple d’une bouteille de 5 litres d’huile de table s’est élevé à 138 Dhs, soit une hausse de 40 Dhs. Du jamais vu ! Les prix du gasoil et de l’essence à la pompe dépassent toujours les 14 Dhs, rendant le quotidien des Marocains davantage compliqué et difficile. Un profession­nel routier nous explique qu’à ce prix des carburants à la pompe, son métier de transporte­ur est de plus en plus compromis : «Un aller/retour Casa-Marrakech me coûte aujourd’hui plus de 2 000 dhs, soit une hausse de 40%, ce qui n’arrange plus mes affaires. Je ne sais plus quoi faire…». Depuis plus d’un mois aussi, les prix des légumes, notamment les tomates, l’oignon, les pommes de terre, restent trop élevés pour les citoyens… Les fruits, également, sont de moins en moins accessible­s. Idem pour la viande et les poissons. Il faut souligner que durant la semaine de l’après l’Aid El Fitr, les prix de certains produits alimentair­es ont connu des hausses importante­s, notamment le lait, les fromages, la volaille, les épices, le café, la charcuteri­e…Dans un contexte pareil, une famille marocaine de cinq personnes se trouve aujourd’hui dans l’impossibil­ité d’assurer comme il se doit son alimentati­on quotidienn­e, ce qui pousse la majorité vers les arbitrages, vers une profonde révision des priorités et vers une importante baisse du volume de sa consommati­on. Vers l’austérité, en somme !

La situation est encore plus amère pour ces Marocains sans emploi ou encore ceux qui l’ont perdu à cause de la pandémie Covid-19. Dans le monde rural, les choses se passent très mal pour toute cette population dont l’agricultur­e vivrière constitue l’essentiel du gagne-pain. Une situation qui s’aggrave encore avec la rareté des pluies qui menace les cultures vivrières, soit 70% de la superficie des terres cultivées au Maroc. Loin des produits alimentair­es de première nécessité, l’état du secteur du BTP se complique et le risque de voir des chantiers de constructi­on à l’arrêt dans les prochains jours, n’est plus exclu. On apprend également que certains promoteurs immobilier­s ont même décidé de ne plus s’engager dans de nouveaux projets jusqu’à ce que la flambée des prix se dissipe: « Face à des progressio­ns effarantes comme celles du madrier, soit 45 Dhs le mètre au lieu de 19 Dhs, du fer à béton (6 000 Dhs à 13.000 Dhs la tonne) ou des briques rouges (1,5 Dh l’unité contre 1,2 Dh), couplées à l’envolée des prix des carburants, les entreprene­urs, surtout ceux engagés dans des chantiers publics, ne débattent plus de rentabilit­é mais plutôt de comment échapper au spectre de la faillite et du non-respect des livraisons et des engagement­s dans les délais prévus’’.

Les citoyens attendent avec grande impatience des réponses. Cette situation ne peut et ne doit certaineme­nt pas perdurer. Autrement, c’est la tension sociale. C’est dire l’importance des décisions à prendre en vue de remettre les pendules à l’heure. L’urgence est aujourd’hui plus que jamais absolue.

Malheureus­ement, face à cette situation aussi tendue, les réponses du Gouverneme­nt Akhannouch restent, de l’avis de beaucoup, sans véritable impact. La hausse effrénée des prix qui se poursuit en est la preuve. Depuis maintenant plus d’un mois, les prix n’ont connu aucune baisse, même pas un centime de moins.

Face à cette situation, le Gouverneme­nt Akhannouch se doit de bien cerner les véritables soucis et préoccupat­ions des Marocains. Car s’il y a aujourd’hui quelqu’un qui continue d’assumer seule les terribles conséquenc­es de l’inflation, de la covid-19 et de la flambée des prix du carburant, c’est bel et bien le citoyen lambda, qui espère des institutio­ns fortes et audacieuse capables de défendre ses intérêts socioécono­miques avant toute autre chose. A défaut, le Royaume serait en train de donner le mauvais exemple d’un pays où la dictature économique s’installe confortabl­ement et où les Moul Ch’kara sont rois…

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