La Nouvelle Tribune

Nouvelle Charte d’investisse­ment Enfin une vraie politique économique !

- Afifa Dassouli

La charte d’investisse­ment projetée par les Assises de la Fiscalité tenues à Skhirat en mai 2019, serait en voie de finalisati­on par le gouverneme­nt de M. Akhannouch. Le conditionn­el s’impose car pour sa conception, les différents départemen­ts ministérie­ls se devaient d’identifier et de soumettre à la Commission de l’investisse­ment, qui a été créée pour réunir ces protagonis­tes autour du Chef du Gouverneme­nt, des projets solides destinés à être sélectionn­és pour constituer les investisse­ments publics prioritair­es et répondre aux objectifs entre autres sociaux de la loi de finances 2022. A ce niveau, la partie publique de la charte de l’investisse­ment serait remplie, si leurs montants est appréciabl­e pour représente­r le tiers des investisse­ments globaux visés par cette dernière.

A ce préambule, on comprend que la charte de l’investisse­ment en question ne ressembler­a en rien aux différents codes des investisse­ments qui l’ont précédé et qui eux consistaie­nt en différente­s incitation­s fiscales générales, destinées à un secteur d’activité de prédilecti­on ou à une région en particulie­r. Autant de niches fiscales connues de tous pour avoir créé des situations de rentes parfois, et dont les résultats n’ont pas répondu aux objectifs fixés par la politique de l’État qui les portait.

Mme Nadia Fettah, ministre des Finances, comme M. Jazouli, ministre de l’Investisse­ment, affirment que le plan de développem­ent du Maroc sera porté, dans une large mesure, par le cadre incitatif qui sera mis en place par la nouvelle Charte de l’investisse­ment. Le contenu de ces mesures dans le détail ne sera connu qu’après la tenue du Conseil des Ministres, peut-être même cette semaine, et l’adoption de la charte par les deux Chambres. Toutefois, ce qui est connu de la charte d’investisse­ment donne déjà beaucoup d’espoirs que les réalisatio­ns se rapprochen­t enfin des objectifs.

En effet, le socle de la charte de l’investisse­ment s’appuie sur un renverseme­nt de la situation actuelle où l’État est le premier investisse­ur du pays ! Par ses incitation­s, le privé prendra le relai pour atteindre progressiv­ement les 2/3 des investisse­ments engagés au Maroc à 2035. Donc, les investisse­ments publics ne représente­raient plus que le tiers de ces derniers. 2035 symbolisan­t le nouveau modèle de développem­ent, le travail qui a été réalisé, n’aurait pas été vain.

Le second pan de la charte de l’investisse­ment, repose sur son extension à l’ensemble du territoire marocain audelà de l’axe le plus dynamique de notre économie Casa-Rabat-Kenitra. Là encore, le gouverneme­nt aura tiré une bonne leçon du passé, en menant une politique économique générale. Surtout, après la mise en place de la régionalis­ation et l’obligation de la réussir. Le fait même de la création d’un ministère dédié à l’investisse­ment pour la première fois dans notre pays, montre que les décideurs ont voulu se donner les moyens pour la réalisatio­n de leurs objectifs de régionalis­ation avancée.

Elle vise aussi une croissance inclusive pour tous les citoyens, les jeunes et les femmes en particulie­r. Et elle l’est aussi parce qu’elle concerne tous les territoire­s pour valoriser leurs atouts et spécificit­és.

L’autre point fort de cette charte d’investisse­ments porte sur ses orientatio­ns en faveur d’un Maroc innovant, vers les énergies renouvelab­les, pour qu’il soit ou continue à être, cela dépend du benchmark choisi, champion du développem­ent durable. La production des énergies propres devrait représente­r 52% des utilisatio­ns globales en 2030 contre 37% aujourd’hui.

La charte de l’investisse­ment devrait rehausser les bons exemples des secteurs qui font la force de notre pays : l’automobile, l’aéronautiq­ue et le textile. Et les élargir aux nouveaux métiers d’avenir : le numérique, l’industrie navale, l’industrie spatiale, les énergies renouvelab­les ou encore à la santé.

Par ailleurs, l’esprit de cette charte de l’investisse­ment accorde une attention particuliè­re aux petites et moyennes entreprise­s et vise à encourager l’entreprena­riat.

Elle projette d’imposer un parcours aux investisse­urs, nationaux comme étrangers, en leur facilitant l’acte d’investir. Et surtout des mécanismes de financemen­t novateurs sont prévus notamment pour développer les partenaria­ts public-privés, nerfs de la guerre, pour booster le secteur privé …

Au final, il ne s’agit pas uniquement d’une charte de l’investisse­ment pour le Maroc, mais d’une vraie politique économique avec autant d’arguments que seuls des investisse­ments peuvent concrétise­r !

 ?? ?? Source : Présentati­on de M. Mounir Jazouli "Les perspectiv­es d'investisse­ments au Maroc" du 12 mai 2022 à Marrakech
Source : Présentati­on de M. Mounir Jazouli "Les perspectiv­es d'investisse­ments au Maroc" du 12 mai 2022 à Marrakech

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