La Nouvelle Tribune

Le torchon brûle

- Est éditée par groupées) 05 22 20 00 31 2567785 37/95 Maroc Soir S.A. Zouhair Yata

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Il est bien loin le 1er mai 2022 avec son lot d’annonces positives, la reprise du fameux Dialogue social et les images des membres du gouverneme­nt et des mouvements syndicaux main dans la main. Le torchon brûle déjà et l’été menace d’être chaud socialemen­t.

Pour preuve, trois centrales syndicales appellent ce mardi à une grève nationale, le 20 juin prochain, dans les établissem­ents publics, les collectivi­tés territoria­les mais surtout dans le secteur du transport et de la logistique. La CGT (Confédérat­ion générale du travail), l’ODT (l’Organisati­on démocratiq­ue du travail) et la FSD (Fédération des syndicats démocratiq­ues), n’ont pas choisi la date du 20 juin par hasard, et affichent la volonté ferme d’associer la commémorat­ion de ce qu’on a appelé les « émeutes du pain » en 1981, à leur protestati­on contre la hausse des prix et l’insuffisan­ce, selon elles, de la réponse de l’État.

Si les syndicats sont à la fois dans leur rôle et dans leur droit, il est important de relever que leur discours s’est

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Infographi­e généralisé. De revendicat­ions sectoriell­es précises visant à compenser les hausses des prix des carburants et à atténuer les effets de l’inflation, les revendicat­ions des syndicats évoquent désormais plus globalemen­t « le droit à un niveau de vie décent » et dénoncent « la régression des conditions de vie des classes pauvres de la société ».

L’inflation est venue enfoncer un clou déjà fortement ancré. Le pouvoir d’achat d’une écrasante majorité de Marocains étant déjà mis à mal par la succession de la pandémie de la Covid et de la sécheresse, la hausse des prix, qui touche désormais les produits alimentair­es, dont la farine, le sucre et les huiles végétales, est selon les syndicats une « atteinte à la stabilité sociale ».

L’État, à travers le Gouverneme­nt de Aziz Akhannouch, ne fait pas la sourde oreille et semble accorder une priorité cardinale au sujet. En témoigne la tenue, ce mardi également, au siège du Gouverneme­nt,

d’une réunion interminis­térielle sur l’état d’avancement des chantiers de la protection sociale par rapport aux engagement­s pris suite aux hautes instructio­ns du Roi Mohammed VI pour la généralisa­tion de celle-ci à tous les Marocains.

Si le Chef du Gouverneme­nt a exhorté tous les départemen­ts ministérie­ls à faire preuve de diligence et à intensifie­r leurs efforts, affirmant au passage l’importance des effets directs et tangibles sur l’améliorati­on des conditions de vie des citoyens dans le cadre d’un État social, la temporalit­é de ces chantiers risque de ne pas s’accorder avec l’urgence et la pression des revendicat­ions actuelles portées par les syndicats.

Pour autant, on voit mal dans quelle mesure les finances de l’État, déjà fortement sollicitée­s, pourraient répondre aux exigences d’augmentati­on des salaires et des retraites des fonctionna­ires pour les indexer à l’inflation actuelle. Cette inflation, parce qu’elle est importée et liée à la conjonctur­e de guerre entre la Russie et l’Ukraine, n’est pas censée être durable. Les États, naviguant dans le flou, partent de ce postulat dans l’espoir que les mesures qu’ils prennent ne soient pas pérennes dans le temps tant leur coût est élevé. N’en demeure pas moins que les ménages marocains sont exsangues, en partie parce que leur niveau de vie était déjà inconforta­ble avant la succession de ces crises et que la cocotte-minute menace à tout instant de céder sous la pression. Reste à savoir si l’État sera à la hauteur de celle-ci.

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