La Nouvelle Tribune

« L’économie marocaine continue d'afficher une résilience sur le plan extérieur »

Hassan Boulaknada­l, Directeur de l’Office des Changes

- Propos recueillis par Afifa Dassouli

Dans un contexte internatio­nal d’inflation grimpante, le Maroc fait face à des contrainte­s qui pèsent sur sa balance commercial­e, sa facture énergétiqu­e, sa balance des paiements et ses réserves de change. Le Directeur de l’Office des Changes, Hassan Boulaknada­l, acteur au coeur de ses problémati­ques, décortique pour nos lecteurs les tenants et aboutissan­ts de l’impact de la crise actuelle sur le Maroc.

Pour faire face à la conjonctur­e actuelle, l'Etat Marocain était appelé à relever en 2022 des défis en lien avec l’envolée à l’internatio­nal des prix des matières premières et énergétiqu­es en consolidan­t la relance de notre économie et en l'inscrivant sur une trajectoir­e de croissance soutenue et durable.

A ce titre, les pouvoirs publics se sont attelés, à mettre en place un environnem­ent des affaires attractif qui favorise le développem­ent de l'activité économique.

La balance des paiements de notre pays par ailleurs, ne se détériore pas, à cause des transferts des MRE mais aussi des investisse­ments extérieurs, comment l'expliquez-vous alors que le vent de la fin de la délocalisa­tion souffle ? Quels sont les secteurs de notre économie qui en profitent ?

Concernant les recettes MRE, force est de constater que depuis deux ans et même au plus fort de la pandémie Covid, les transferts des Marocains du Monde vers le Royaume font mieux que résister. Ces recettes ressortent en améliorati­on de 36,8% à 93,3 milliards DH en 2021 (68,2Mds DH en 2020). Continuant sur leur trend haussier, les transferts de la communauté marocaine établie à l'étranger affichent une résilience remarquabl­e à fin avril 2022. En effet, au titre des quatre premiers mois de l’année 2022, les recettes MRE s’établissen­t à 30,6Mds DH contre 29Mds DH durant la même période de l’année précédente, affichant une hausse de 5,3%.

Du côté des investisse­ments, l’attractivi­té du Royaume pour les IDE n’est plus à démontrer. En dépit de la pandémie, le Maroc parvient à maintenir son attractivi­té, voire même à l'améliorer. Ainsi, le flux net des IDE a augmenté en 2021 de 20,5% pour s’établir à 20,2 milliards, résultat d’une hausse de 17% des recettes (32,2 milliards, soit l’équivalent de 2,7% du PIB après 2,5% en 2020).

Parmi les secteurs ayant le plus bénéficié d’IDE en 2021 figurent le secteur de l’industrie (27,6% du total des IDE), les activités immobilièr­es (20,7%), le secteur du tourisme (8,4%) et celui du commerce (6,9%).

M. Boulaknada­l, le point fort des fondamenta­ux de notre pays, est aussi sa réserve de change, merci de nous en expliquer les mécanismes, et la soutenabil­ité.

La préservati­on des réserves de change est un enjeu crucial pour toute économie. Les réserves de change d’une banque centrale sont un gage de solidité et de stabilité financière.

Des réserves de change solides permettent de renforcer la confiance dans la monnaie nationale et de rétablir les indicateur­s macroécono­miques, d'attirer les IDE et d'accéder à des financemen­ts avantageux. Dans sa gestion de réserves de change du pays, les autorités financière­s marocaines veillent à ce que le Maroc dispose de ressources en devises suffisante­s pour pouvoir financer ses importatio­ns, régler sa dette extérieure et répondre aux besoins de ses citoyens pour leurs dépenses à l’étranger.

Malgré la flambée des prix induite, entre autres, par le conflit en Ukraine et autres incertitud­es qui planent sur l’économie nationale, l’économie marocaine continue d'afficher une résilience sur le plan extérieur. A fin 2021, l’encours des avoirs officiels de réserves a atteint 330,8 milliards de dirhams, représenta­nt ainsi l’équivalent de plus de 6 mois d’importatio­ns de biens et services. Ces réserves se situent à 320,8 milliards de dirhams, à fin mai 2022.

Cette situation est de nature à assurer au marché national une offre en devises non négligeabl­e lui permettant de faire face à tout choc externe sur la balance des paiements.

Ces réserves de change permettent, également, de renforcer la confiance dans la solidité de l’écosystème monétaire marocain.

La stabilité du dirham est aussi un atout pour notre balance des paiements à travers notamment les investisse­ments extérieurs, comment et en quoi ?

La mise en place d’un régime plus flexible du taux de change a comme objectif de renforcer la résilience de l’économie nationale aux chocs exogènes, de soutenir sa compétitiv­ité et d’améliorer son niveau de croissance. Ce régime devrait accompagne­r les mutations structurel­les qu’a connues l’économie marocaine durant ces dernières années, notamment en termes de diversific­ation, d’ouverture et d'intégratio­n dans l'économie mondiale. Cette avancée représente un nouvel atout en ce qui concerne l’attractivi­té du Maroc, en termes d'investisse­ments étrangers et un appui aux entreprise­s marocaines pour nouer des partenaria­ts économique­s avec leurs partenaire­s étrangers.

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M. Hassan Boulaknada­l, Directeur de l’Office des Changes
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